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 Une valse à trois chutes

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MessageSujet: Une valse à trois chutes   Une valse à trois chutes Icon_minitimeMar 22 Juil - 15:03

17h58. Personne en vue. Pas de rendez-vous prévu pour la fin de la journée. Parfait. Elle referma son carnet , jeta le stylo qu'elle avait en main dans le pot prévu à cet effet et alla couper l'électricité. Si elle restait encore pour rien jusqu'à la fermeture pendant une période aussi creuse, elle allait encore râler auprès de sa sœur quand elle l'appellerait, et comme le répétait Soledad, ruminer ce n'est pas bon pour le moral. Si c'était pour passer encore une heure et quelques à siroter un café assise sur les marches de son perron, de toute façon, mieux valait qu'elle le fasse assise sur son balcon. Ce ne serait pas plus productif, mais déjà plus confortable. Elle fit son tour rituel pour vérifier que tout était bien à sa place, qu'il ne restait pas de mèches coupées sur le sol malgré son coup d'aspirateur après sa dernière cliente. Non, tout était nickel. A force d'habitude, on finit par travailler de façon trop efficace pour remplir sa journée, mais l'avantage d'être son propre patron, c'est que l'on peut de temps en temps s'accorder une heure de récupération pour les heures supplémentaires que l'on fait sans rechigner les autres jours. Elle récupéra son sac, passa les hanses sur son épaule, prit les clés de la boutique et sortit non sans soulagement. Autant elle adorait son métier, il fallait le reconnaître, ces derniers temps elle n'avait pas grand chose à faire pour s'occuper la journée, et si lire avait d'abord semblé être une bonne solution, le manque cruel de mouvements que demandait cette activité l'avait vite plus électrisée que si elle avait eu un gros coup de bourre. Jamais contente, comme dirait l'autre. Mais le quotidien des commerces n'était pas vraiment ce que les gens imaginaient. On pouvait passer des heures à faire des choses qui ne se voyaient pas comme un inventaire et se faire traiter de feignants, ou n'avoir que passé le balai et au contraire entendre que l'on ne s'arrête jamais. L'opinion publique ne connaissait de toute façon ni logique ni pitié.

Avec toujours cette légère résistance dans celui du haut -elle se demandait souvent si c'était à cause de sa taille ou si c'était uniquement une question de coup de main qu'elle n'avait toujours pas-, elle bloqua les trois verrous de la vieille porte en bois typique du vieux quartier français et jeta le trousseau au fond de son sac. Elle ne le récupérerait que le lendemain, la journée était finie. Tout en marchant vers la supérette la plus proche, elle se faisait une liste de courses mentale, essayant de se rappeler ce qu'il lui manquait et ce qui risquait de lui manquer sous peu. En réalité, pas grand chose, mais à pied, ce n'était pas plus mal. Elle aurait pu porter de gros paquets seule, là n'était pas la question. Après avoir passé une partie de la journée les bras à demi en l'air, elle n'était en revanche pas vraiment sûre de vouloir se charger, ne serait-ce que par confort. Elle était déjà soulagée de pouvoir enfin allonger les jambes dans de vrais pas et ne plus avoir à piétiner dans un espace restreint.

La belle saison commençait bien. Le fond de l'air se réchauffait sensiblement, le ciel était dégagé et un petit vent frais venait agrémenter le tout selon les rues par lesquelles on passait. Selon Brume, c'était parfait. Elle profitait déjà de passer ses pauses-déjeuner au soleil, mais s'il commençait à faire chaud, ce serait parfait. Elle avait quitté Chicago pour d'autres raisons, certes, mais revivre dans cet enfer gris en hiver, elle s'en passait volontiers. Malgré un climat qui n'était pas toujours clément, elle avait quand même vécu longtemps dans une région où les saisons n'étaient qu'un concept inventé par des occidentaux, un découpage bien pratique pour le calendrier, mais qui climatiquement se découpait en deux : la saison où il pleut beaucoup, la saison où il pleut moins souvent. L'hiver à Chicago ? L'invention du Diable, oui ! La Nouvelle Orléans avait au moins l'avantage d'avoir des températures plus clémentes, et, après plusieurs années elle pouvait le dire, agréables. De manière générale, la vie dans cette ville était un agréable compromis entre son pays d'origine et la civilisation américaine. Il y faisait bon vivre, les gens étaient plutôt décontractés, mais il y avait depuis longtemps l'eau courante et l'électricité. Ça pouvait paraître un détail trivial, mais oui, c'est un argument.

La métamorphe passa la porte de la supérette après plusieurs minutes de marche rapide. Il n'y avait pas trop de monde, une bonne nouvelle. Pour ce qu'elle avait à prendre, il aurait été dommage de passer deux plombes à la caisse. Même si après mûre réflexion ce ne serait pas non plus la fin du monde, elle avait pu fermer une heure plus tôt. Se faufilant dans les rayons d'un pas léger, elle cherchait des yeux le produit que son frère lui demandait d'utiliser pour son parquet remis à neuf, quand tout d'un coup un mur fit son apparition. Elle leva les yeux, un peu surprise. Rectification, c'était une armoire à glace. Et pas des plus avenantes. Remarquez, dans la définition il n'a jamais été question qu'une armoire à glace soit douce et sautillante de partout. Les critères de recensement des armoires à glace anonymes étaient surtout basées sur une question de taille et largeur d'épaules. La musculature était l'option pour commencer à vous faire avoir des sueurs froides quand vous avez été suffisamment bigleux ou sourd pour leur rentrer impunément dedans. Mais heureusement pour Brume -"heureusement", en était-elle bien sûre?- elle n'avait pas vraiment pu le faire bouger. C'aurait été le comble, tout de même. Esquissant un début de sourire poli, déjà à moitié amusée par le ridicule de sa corpulence face à cette grande carcasse, elle prit la peine de toute de même lui montrer le minimum de civilités pour ne surtout pas s'attarder plus longtemps face à cet inconnu. "Excusez-moi. Je vais vous paraître bien idiote mais je ne vous avais pas vu."

Il valait mieux qu'elle bouge la première. Ce qu'elle fit sans tarder, lui adressant un autre sourire poli puis le contournant la tête plus basse, essayant de ne pas s'embroncher dans ses pieds. Mais prendre en compte sa largeur d'épaules et par conséquent la place qu'occupaient ses bras, ça aurait été pas mal non plus... Son épaule qui n'était pourtant pas bien grande s'agrippa au coude du géant et la surprise de ce nouveau contact la fit se décaler plus vite qu'elle ne l'aurait voulu et son sac glissa de son épaule. La péruvienne soupira, puis se résolut à rire d'elle-même, avant de s'agenouiller pour remettre ses clés en place et récupérer le tout. "Décidément. Je crois que j'ai bien fait de m'arrêter, je n'ai pas la main heureuse, ce soir. Désolée que vous en fassiez les frais." Cette fois-ci, elle ne bougea pas et releva les yeux vers lui, un sourire plus avenant et presque hilare aux lèvres. "Je vous laisse y aller en premier, il y aura moins de risques que je fasse encore une bêtise."
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MessageSujet: Re: Une valse à trois chutes   Une valse à trois chutes Icon_minitimeMar 22 Juil - 15:13

L’après-midi était presque fini et allait laisser place au début de la soirée. Aaron s’était réveillé quelques heures plus tôt, peu après la mi-journée, comme le plus souvent lorsqu’il se remettait d’une soirée de service au Wild Bar. Il y travaillerait encore ce soir et, pour être en forme, il fallait bien entendu passer par la case « déjeuner ». Dans ce domaine, c’était Luka qui excellait et l’Alpha avait toujours apprécié les performances culinaires de son meilleur ami. De son côté, le métamorphe était capable de faire des choses très simples, mais, dans le partage des tâches, mieux valait les répartir en fonction des capacités de chacun et, en cuisine, c’était Luka qui gagnait haut la main. Sans oublier qu’il appréciait cela et qu'il ne semblait pas dérangé pas de la faire, au contraire, cela lui faisait apparemment du bien. Mais, aujourd'hui, un problème était venu se glisser dans les rouages de la fin de soirée typique entre les deux métamorphes. En réalité, c’était même le branle-bas de combat en cuisine à en croire les injures russes qui fusaient de la petite pièce. Dans le salon, où Aaron s’était installé pour attendre la fin de la préparation, on pouvait réellement se demander quel malheur s’était abattu sur l'Oméga des Werewolves. Se redressant, l’Alpha s’était rendu sur place pour voir Luka qui continuait de s’énerver à tort et à travers en ouvrant et fermant des placards qui, probablement, n’avaient rien demandé pour être traités aussi violemment. « On peut savoir ce qui te met dans cet état ? » Son ami s’arrêta dans son élan et se retourna vers lui en maudissant sa bêtise. Il fut difficile de comprendre réellement ce qui pouvait le mettre dans un émoi pareil, mais, après quelques minutes, entre plusieurs mots de russe, Aaron comprit qu’il manquait en fait quelque chose pour le diner.

« Et tu te mets dans cet état pour ça ? » Apparemment, oui. Sans chercher à vouloir trop discuter sur le pourquoi du comment, le Werewolf avait proposé de faire un tour à la superette du coin pour lui ramener ce dont il avait besoin le temps qu’il surveille la préparation qu’il avait entamé jusqu’à maintenant. Une fois le plan de route établi, l’Alpha attrapa une poignée de dollars de son portefeuille qui trainait sur le meuble à l’entrée de l’appartement et prit des clefs. « Tant que j’y suis, tu veux que je ramène autre chose ? » Sa voix avait porté suffisamment fort pour être certain qu’elle avait atteint la cuisine où Luka maugréait encore avant de lui répondre. Bien, ce serait donc quelques emplettes avant de prendre un diner et de retourner travailler. Ce n’était pas vraiment un problème. Tranquillement, le métamorphe descendit les escaliers et se retrouva dans la rue avant de remonter tranquillement en direction de la superette. Ouverte quasiment vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept, ce magasin était une bénédiction pour les personnes qui habitaient dans le quartier et qui se retrouvaient en panne de quelque chose, ou tout simplement pour ceux qui travaillaient avec un rythme différent de la plupart des autres personnes. Le fond de l’air était encore chaud mais, heureusement, les grandes chaleurs n’étaient pas encore pour tout de suite. L’été serait lourd, comme toujours, mais ils avaient le temps de voir venir d’ici là. Il passa le seuil de la supérette et frissonna légèrement en passant sous les climatiseurs qui turbinaient déjà dans la plupart des magasins et des habitations de la ville. Il n’avait jamais compris cette manie de refroidir autant, mais, hélas, il ne pouvait pas y faire grand-chose.

Il n’y avait pas beaucoup de monde apparemment, une bonne chose. Aaron commença donc son expédition à la recherche du rayon où se trouverait le précieux ingrédient qu’il était venu chercher pour Luka. Déambulant parmi les rayons, il trouva finalement ce qu’il cherchait et allait s’en emparer quand quelque chose, ou plutôt quelqu’un, le percuta de plein fouet. Le choc ne le perturba pas énormément, du moins beaucoup moins que la personne qui venait de lui rentrer dedans. Il du baisser un peu les yeux pour remarquer une jeune femme qui s’excusa immédiatement. « Y’a pas de mal. » Le ton n’était pas contrarié, ni franchement engageant. Il était peut-être simplement banal. Après tout, il n’allait pas s’énerver pour si peu. Il observa la fautive quelques instants tandis qu’elle s’écartait dans un sourire. Malheureusement pour elle, elle ne le fit pas assez, heurtant son bras de son épaule, faisant tomber son sac qui déballa son contenu sur le carrelage du rayon. Surpris de la…maladresse de cette personne, Aaron ne s’en formalisa cependant pas plus que cela. « Encore une fois, il n’y a pas mort d’homme. Mais essayez peut-être de faire un peu plus attention, vous pourriez vous faire mal. » Car, certainement, ce n’était pas lui qui allait souffrir d’un quelconque choc, compte-tenu de son gabarit à elle. Il haussa un peu les épaules quand elle lui offrit de bouger en premier pour éviter un nouveau choc, avant de s’exécuter et de continuer sa route dans les rayonnages pour aller récupérer le reste de ce qu’il était venu chercher ici. De toute façon, il ne comptait pas vraiment s’attarder trop longtemps. Il devait encore manger puis prendre son service. D’ailleurs, à penser à ce qu’il allait devoir encore faire ce soir, l’épisode « auto-tamponneuse » était déjà presque complètement oublié.
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MessageSujet: Re: Une valse à trois chutes   Une valse à trois chutes Icon_minitimeMar 22 Juil - 15:26

Essayer de faire plus attention. C'était certes une bonne idée, mais serait-elle pour autant facile à mettre à exécution ?L'évidence était presque un non catégorique, entre la fatigue de la fin de journée qui commençait à se faire sentir et son habitude de ne pas faire ce que le bon sens voudrait dans une situation sans danger, il y avait de fortes chances pour qu'un nouvel incident mineur n'arrive avant qu'elle n'aille se coucher. Ce qui la surprenait surtout c'était ce manque cruel d'adresse qui trahissait un manque tout aussi cruel d'attention, voire, qui savait ? de sommeil. Chose en laquelle elle doutait fortement, il n'y avait donc que la solution de la journée qu'elle avait dans les pattes. L'iceberg à la voix de contrebasse haussa vaguement les épaules à sa proposition, mais ne se fit pas prier pour s'éloigner. En même temps, elle se doutait que se faire heurter par une demi-portion ne devait pas être un événement très marquant dans la vie d'un homme qui avait la tête du videur pas commode d'un club un peu louche. Ou tout du moins s'il ne l'était pas, il pourrait toujours envisager une reconversion. Pas commode, mais poli, cela dit. Ce ne devait pas être le genre à tourner autour du pot, mais ça ne la concernait pas vraiment. Ils étaient là tous les deux pour la même raison, et sans doute avec la même idée de ne pas trop traîner. Faire les courses n'était une passion pour personne. Du moins pas ce genre de courses. Elle jeta alors un coup d’œil rapide tandis qu'elle ramassait ses affaires peu nombreuses sur le sol et fit la réflexion qu'il n'avait pas tort. Elle avait eu de la chance qu'il se soit arrêté dès qu'il l'avait sentie, un bout de sa semelle sur ses chaussures ouvertes et ses orteils auraient hurlé à l'aide. Elle ne s'était pas heurtée à la personne la plus inoffensive, évidemment...

A nouveau sur ses pieds et son sac vérifié, elle se remit en quête de ce qu'elle était venue chercher dans ce rayon, s'assurant de temps à autres qu'aucun autre obstacle ne se dresserait sur son chemin. Une image des plus perturbantes et pourtant hilarantes s'immisça dans son esprit, et lui arracha un sourire des plus amusés. Si sa sœur avait été là, elle n'aurait en aucun cas hésité à faire du gringue à cet inconnu, profitant d'un prétexte en or servi sur un plateau d'argent. Et elle se serait sans doute faite rembarrer sans attendre, ce qui n'aurait été que plus drôle. Soledad ne ratait jamais une occasion, quelle qu'elle soit. "On sait toujours ce qu'on laisse de côté, jamais ce que l'on rate." Une maxime personnelle qu'elle mettait en pratique un peu trop souvent au goût de chacun, mais elle avait passé -hélas !- l'âge d'être surveillée et sermonnée. Et ce fut sur ce profond regret qui n'en était pas vraiment un qu'elle attrapa la bouteille tant convoitée pour la faire glisser dans son sac le temps de faire le tour des autres rayons. Pour la cuisine, il ne lui manquait rien de particuliers, ses placards toujours prêts au cas d'une envie soudaine de cuisiner toute la soirée. Car oui, ce genre de choses arrivent, même quand il n'y a personne à la maison pour partager le fruit d'un long travail. Tant pis, ça lui en faisait plus pour elle !

Tandis qu'elle faisait tranquillement le tour, elle retrouva l'armoire à glace, continuant lui aussi de faire ce qu'il avait à faire. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres alors qu'elle se rapprochait pour prendre elle aussi quelque chose en rayon. L'odeur particulière qui émanait de cette personne au plus elle se rapprochait lui disait clairement qu'il était lui aussi un métamorphe, mais à la Nouvelle Orléans, elle ne s'étonnait plus d'en croiser par dizaines. De toute façon, ça ne changeait rien. Sans faire vraiment attention à sa présence, elle repéra ce qu'il lui manquait, à moins d'un mètre de lui, et se dit que malgré une légère appréhension -il ne valait mieux pas qu'il pense qu'elle le suivait, même si l'idée la faisait déjà intérieurement rire- il valait mieux ne pas faire la cruche en ayant l'air d'attendre qu'il ne s'en aille, la situation risquait de devenir louche. Mauvais timing. Elle allait se pencher au moment-même où il avait lever le bras, et si elle n'avait pas coupé son geste, il y aurait sans doute eu quelques dégâts collatéraux. Mais il avait la guigne, ou bien ? Elle prit, comme toujours, le parti d'en plaisanter. "Mais... Je sais bien que c'est tentant mais tout de même, attendez que j'aie le dos tourné pour vous venger ! Ce serait certes lâche mais plus élégant." Lui adressant cette fois-ci un sourire plus large et surtout plus hilare, elle attrapa d'un geste vif ce qu'elle était venue chercher et le glissa dans son sac avant de le contourner cette fois-ci en veillant bien à ne pas le heurter même si la taquinerie était tentante. Elle remonta le rayon de quelques pas puis retourna le visage vers lui, un air toujours amusé aux lèvres. "¡Ojo! Je vous ai à l’œil !" Puis elle reprit son chemin, toujours de bonne humeur. Comme quoi, même faire ses courses peut cacher quelques situations surprenantes.
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MessageSujet: Re: Une valse à trois chutes   Une valse à trois chutes Icon_minitimeMar 22 Juil - 15:38

Aaron marchait lentement dans les travées de la supérette regardant autour de lui, vérifiant que chacun des rayons ne contenait pas une partie de ce qu’il cherchait. Il n’avait pas besoin de grand-chose mais il ne connaissait pas cet endroit comme sa poche et donc, comme un touriste qui chercherait un endroit particulier dans la Nouvelle-Orléans sans demander son chemin, il était obligé de tourner un peu en rond pour récupérer l’ensemble des denrées qu’avait demandé Luka. Le cuisinier slave s’occupait généralement des courses et n’oubliait rien, la plupart du temps, à croire qu’il ait pu être détourné de sa « sainte mission » par quelque chose. A vrai dire, l’Oméga lui avait confié qu’il s’inquiétait pour lui depuis que Sarah avait quitté la Nouvelle-Orléans presque sans crier gare. Il était vrai que le départ de la jeune femme n’avait pas été quelque chose de facile à accepter pour l’Alpha. Il n’avait rien compris pour ainsi dire. Il y avait eu un mot, très court, où elle lui demandait de lui pardonner mais n’avait pas le choix et ne pouvait faire autrement. Il avait essayé de la retrouver, d’abord, mais personne ne l’avait vu, ni à la gare routière, ni à la gare, ni à l’aéroport. Elle s’était volatilisée du jour au lendemain. Après plusieurs jours de recherche, il n’avait rien trouvé et elle pouvait être, théoriquement, à n’importe quel endroit du globe. Il avait espéré recevoir un message, des nouvelles, un petit quelque chose de sa part qui au moins lui permettrait de comprendre ou simplement de savoir qu’elle allait bien. Mais rien n’était venu. Il avait attendu, jours après jours, cloîtré dans un silence que l’Oméga avait essayé de rompre en vain. Aaron n’était pas du genre à parler beaucoup, et encore moins lorsque ça « n’allait pas ».

Cette séparation avait été très mal vécue par l’Alpha. Non pas parce qu’il était du genre « romantique », ou peut-être que si finalement. Il ne s’était jamais vu comme une personne cherchant désespérément à trouver une partenaire mais, avec Sarah, il pensait avoir trouvé une certaine complémentarité. A croire qu’il s’était trompé. De toute façon, cela ne servait à rien de ressasser le passé encore et encore. Encore une fois, il se retrouvait seul, enfin, façon de parler. Il restait Luka, bien entendu et la Meute. Il y avait encore quelques « problèmes » dans celle-ci mais les voix ne s’élevaient pas trop fortement. Depuis sa prise de pouvoir, Aaron avait été contesté, heureusement sa politique avait permis aux Werewolves de s’établir durablement dans la ville et ce, pacifiquement. La plupart des loups « âgés » s’étaient établis avec leur famille et vivaient tranquillement, sans la peur d’une guerre de gang, avec également tout ce dont leurs enfants pouvaient avoir besoin et qu’ils n’auraient pas nécessairement eu s’ils avaient continués à voyager encore et encore. Les plus jeunes ne voyaient pas les choses du même œil et reprochaient surtout à Aaron sa prise de pouvoir. Mais, à l’époque, le Delta qui se proposait de remplacer Sam les aurait mené directement vers un bain de sang. Il ne leur en voulait pas, mais devait faire attention, les tensions étaient parfois mères de conflits. Officiellement, les Werewolves tenaient un garage un peu à l’extérieur de la ville, un vieil entrepôt qu’ils avaient transformés en quelques semaines principalement pour leurs propres motos mais, avec le temps, également pour celles de clients passionnés, qui venaient ici sachant que leurs « bébés » seraient traitées avec le plus grand soin. Il y avait aussi un petit bar à côté, principalement pour la Meute, mais d’autres motards étaient les bienvenus, enfin tant qu’ils n’étaient pas Vampires ou Wiccans…

Enfin, ce n’était pas forcément le moment de penser à ce genre de choses. Faire les courses et ensuite se poser des questions, voilà l’ordre naturel des choses. Si Luka voulait encore mettre ses questions sur le tapis, il était libre de le faire, comme Aaron était libre de les éluder, comme le plus souvent. Après tout, il n’y avait rien à dire ou faire, le passé était désormais le passé, ou presque. Alors qu’il avait trouvé ce dont il avait besoin, le métamorphe observait les différents produits qui étaient proposés. L’Oméga avait demandé quelque chose de très spécifique, probablement pour des raisons culinaires qui échappaient complètement au Werewolf. Alors qu’il allait lever la main pour s’emparer du fameux graal, il arrêta son mouvement in-extremis alors qu’une tête était entrée dans son champ de vision. Il baissa le regard avant de recroiser ces mêmes yeux bleus qui l’avaient percutés quelques minutes plus tôt. Encore ? Vraiment ? C’était… Surréaliste. Et la façon dont elle aborda la chose le fut encore plus. Il avait décelé la pointe d’humour dans le ton de sa voix mais n’en n’était pas moins surpris, ou voire plus en réalité. Alors qu’elle prenait ce qu’elle était venue chercher avant d’être interrompue. « Disons que frapper dans le dos, et qui plus est une femme, ce n’est pas vraiment dans mes habitudes… » Il esquissa un très (mais alors vraiment très) léger sourire et attrapa à son tour ce qu’il était venu chercher tandis que la jeune femme le contournait à nouveau. Il avait senti qu’elle était également une métamorphe. Mais cela ne l’étonnait guère et ne changeait pas grand-chose à la donne. Il tourna la tête quand il l’entendit à nouveau alors qu’elle lui disait qu’elle le tenait à l’œil. Il la regarda surprise quelques instants, jusqu’à ce qu’elle bifurque derrière un rayon. Quelque chose lui échappait apparemment, mais il préfèra continuer son épopée commerciale. Luka attendait et son estomac commençait à grogner.
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MessageSujet: Re: Une valse à trois chutes   Une valse à trois chutes Icon_minitimeMar 22 Juil - 16:16

Pas dans tes habitudes ? Pourtant avec un tel gabarit de criquet, on aurait pu croire. C'aurait pu être ce que Brume lui aurait lancé s'il n'avait pas été un parfait inconnu. Elle retint un "Mais qui vous dit que je suis une femme ?" qui lui démangeait cependant les lèvres mais qui aurait pu être mal venu. Ses clients étaient habitués à son humour et riaient de bon cœur avec elle, parfois levaient les yeux au ciel en lui disant qu'elle était unique, et plus rarement mais non sans plaisir renchérissaient. Les hommes et les femmes mûres plus particulièrement s'amusaient volontiers pour faire passer plus vite un moment qui sans être désagréable n'était pas la tasse de thé de tout le monde. Mais l'avantage d'un client qui rit un bon coup, c'est qu'on est sûr qu'il reviendra. Sans parler de l'attrait indéniable que cela rajoute dans une journée passée à piétiner et refaire en boucle les mêmes choses. Un bon contact avec le public était de toute façon de mise dans ce métier, et elle en avait toujours eu conscience. Ce n'était pas pour la déranger, voir un sourire sur le visage des gens en partant était une des récompenses humaines qu'elle préférait dans son quotidien.

Ce qui ne devait pas arriver souvent au jeune homme à l'air si avenant et à la communication distante qui avait manqué de lui décrocher d'une façon aussi innocente que magistrale la mâchoire, mais heureusement pour elle, ils avaient été deux à avoir de bons réflexes. Et dire que certaines femmes s'arracheraient une telle masse de muscles. Cependant cette absence quasi complète de sourire n'était pas à son avantage. Même si ce n'était pas ça qui devait arrêter les hordes de femmes qui devaient lui courir après. Une chose bien étrange que ce genre de comportements. Pendant les années qu'elle avait passées au sein de la compagnie de Lima, elle s'était rendu compte à plusieurs reprises que ses collègues -malgré la réputation que pouvaient avoir les danseurs sur leurs orientations- attiraient énormément les regards des jeunes femmes quand ils sortaient, et c'était presque pire quand il y avait de nouvelles recrues. Quand on est grand, bien bâti et propre sur soi, on partait visiblement en tant que mâle avec quelques longueurs d'avance. Mais s'y mettre à vingt pour les courtiser et se soutenir pour le faire... Mieux valait avoir un sacré sens du partage en cas de victoire. Ce qui était, il fallait bien le dire, rarement le cas. Comme quoi, il y avait des avantages à être un homme, parfois. Il était assez rare de voir un groupe de mâles en rut s'attrouper autour de la même femme pour s'attirer ses faveurs en ne faisant rien d'autre que lui jeter des regards plein d'espoir. C'était certes beaucoup moins subtil et ça se jouait souvent au premier qui lançait une invitation avant de se faire rembarrer ou non, mais ça avait le mérite d'être cohérent. Ce n'était pas pour autant que la péruvienne soutenait les actions des hommes, qui pour la plupart s'avéraient lourds passés un moment, mais ils étaient francs et directs. Et parfois meilleurs perdants. Mais parfois, seulement.

Le reste de ce qu'elle avait à prendre ne fut pas très long à trouver, et le contraire aurait été étonnant vu le peu de choses qu'il manquait dans ses placards. C'était l'un des avantages de vivre seul : ne pas avoir de gros besoins. Même si elle ne tarderait sans doute pas à organiser quelque chose avec ses quelques amis de la Nouvelle Orléans autour d'un bon repas. Cuisiner pour plusieurs personnes commençait à lui manquer sérieusement, et avec l'été qui arrivait il serait sans doute plus difficile d'attraper tout le monde pour se réunir. Elle verrait bien. Ce fut une nouvelle apparition de l'inconnu au regard de glace qui la sortit de ces considérations pour étirer à nouveau ses lèvres en un sourire. "Mais vous me suivez, en fait ! Je vais faire attention en sortant, vous avez l'air de courir vite." Elle riait presque en imaginant la scène, se doutant bien qu'il allait finir par se dire qu'il avait rencontré la folle du coin. Et il n'aurait peut-être pas tort. L'idée un instant de le percuter de façon volontaire traversa un instant son esprit joueur de félin, mais elle se dit qu'il valait mieux ne pas trop jouer avec le feu. On ne sait jamais comment réagissent les gens, surtout quand ceux-ci ont l'air plus perplexes que coopératifs. Pourtant, le geste était tentant. Trop tentant... Ce fut de justesse qu'elle y résista, une pointe de malice dans le regard tandis qu'elle essayait de se concentrer plutôt sur attraper sans éclater de rire ce qu'elle était venue chercher. Évidemment, c'était sur la dernière étagère. Lui demander de l'aide aurait été une solution envisageable, mais ce n'était pas vraiment dans ses habitudes. Quand elle était seule, elle faisait bien sans un géant pour faire miraculeusement descendre des objets. Elle ne parvint pas à se mordre la langue tandis qu'elle se disait qu'elle n'était pas obligée d'en rajouter une couche. "Heureusement que vous croyez que je suis une femme, j'aurais du souci à me faire, sinon." Un sourire toujours taquin aux lèvres, elle posa son sac sur le sol, puis posa un pied sur la deuxième étagère en partant du bas, s'assurant d'abord qu'elle tiendrait pour une seconde, puis se hissa légèrement pour attraper ce foutu truc. Pourquoi faisait-on des rayons aussi hauts sans penser aux rase-mottes comme elle ?
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MessageSujet: Re: Une valse à trois chutes   Une valse à trois chutes Icon_minitimeMar 22 Juil - 16:29

Depuis cette deuxième rencontre avec cette « inconnue de la supérette », Aaron commençait à se demander si elle ne le faisait pas exprès ou si elle profitait simplement des aléas de ce petit magasin pour le taquiner, ayant trouvé une cible de « choix » pour un peu de plaisir verbal. A vue de nez, elle ne semblait pas le faire exprès, mais ce n’était pas nécessairement évident à détecter. Après tout, elle pouvait très bien faire semblant de s’occuper réellement de ses courses pendant quelques minutes pour ensuite revenir à la charge. Ce ne serait pas la première fois qu’une fille lui tournait au tour mais, assez étonnamment celle-ci semblait simplement s’amuser de sa malchance ou de celle du métamorphe et prenait le parti d’en rire, ce qui, au fond, était peut-être la meilleure des choses à faire. Ce n’était pas vraiment le cas du Werewolf qui n’avait jamais eu beaucoup d’humour, ou, plus précisément, qui n’avait jamais fait d’effort pour en avoir ou le montrer. Il savait sourire, même rire dans une certaine limite pleine de sobriété et également s’amuser, mais il n’était pas réellement du genre extraverti, préférant garder les choses pour lui, ne montrant que le minimum. D’ailleurs, la jeune femme s’en était surement rendue compte mais cela ne semblait pas la déranger plus que ça. Pire encore, elle avait semblé prête à renchérir sur la simple remarque de l’Alpha. La répartie verbale n’était pas sa meilleure alliée et, heureusement, elle n’avait pas poursuivi la discussion plus loin, se contentant de le contourner une nouvelle fois, sans le percuter, pour son plus grand plaisir. Il restait maintenant à espérer qu’Aaron pourrait achever ses courses sans avoir à lui faire face une nouvelle fois. Pourquoi ? Parce qu’il se demandait ce qu’elle bien pouvoir dire s’ils percutaient ou risquaient de se télescoper une nouvelle fois.

Il avait mis la main sur tout ce que l’Oméga voulait pour sa préparation quelle qu’elle fut. Pour le métamorphe, vu l’odeur qui régnait dans la cuisine, il s’agissait surement encore d’une spécialité slave dont il avait le secret. Quoiqu’il en fut, Aaron savait qu’il se régalerait, comme toujours. Luka le cordon-bleu était capable de faire des merveilles avec trois fois rien, une surprenante habilité culinaire qui les avait sauvé parfois non pas de la famine, mais probablement de vulgaires conserves infectes au coin d’un feu en plein désert américain. Alors qu’il se dirigeait désormais vers la caisse, il bifurqua dans un rayon où, étonnamment, il croisa à nouveau la fameuse inconnue qui ne manqua pas de l’alpaguer une nouvelle fois assurant qu’il la suivait. Il se demandait bien comment elle pouvait se faire des idées pareilles. Il haussa les épaules, un bras chargé de différentes denrées alimentaires qu’il avait « récoltées » jusque là. « Je me demande bien ce qui vous fait dire ça. » Cela valait surement autant pour l’idée qu’il puisse vouloir la suivre ou celle qu’il court vite. Certes, il n’était pas mauvais à la course à pieds, mais nettement plus efficace en course à pattes. Enfin, ça, ça ne le regardait que lui et uniquement lui. Elle n’avait pas besoin de le savoir. Il l’observa tandis qu’elle se rapprochait, préférant rester immobile, histoire d’éviter une éventuelle potentielle catastrophe. Après tout, on disait bien « jamais deux sans trois ». Elle s’arrêta néanmoins non loin de lui avant de lui lancer une nouvelle remarque. Heureusement qu’il croyait qu’elle était une femme ? Il haussa un sourcil de surprise mais il ne répondit rien tandis qu’il la voyait poser son sac au sol, pour attraper quelque chose qui semblait hors de portée autrement.

Alors qu’il allait passer son chemin, il vit la métamorphe vaciller sur son maigre escabeau. Dans un geste réflexe, il se tourna dans sa direction et posa sa main libre dans son dos pour éviter qu’elle ne tombe en arrière. Elle ne risquait pas forcément de tomber de haut, ni même de tomber du tout, mais mieux valait ne pas tenter le diable. « Un peu de mal à tenir sur vos pieds ce soir ? » Il la maintint suffisamment en équilibre le temps qu’elle puisse attraper ce qu’elle désirait puis la laissa descendre de son piédestal improvisé. Il esquissa encore un très léger sourire, maintenant que le danger était écarté, il pouvait continuer son chemin vers les caisses pour achever ce périple commercial. Il se tourna et commença à se diriger vers la caisse qui se trouvait en bout de rayon. Quand il allait raconter ce périple à Luka, ce dernier n’en reviendrait surement pas et n’hésiterait probablement pas à lui lâcher deux ou trois commentaires bien sentis à ce sujet. Il n’était pas du genre à laisser passer une occasion comme celle-ci pour le taquiner. Comment ? Le grand méchant loup avait sauvé une demoiselle en détresse ? Oh il l’imaginait déjà lui dire les mêmes mots avec cette expression faussement surprise. Quel tombeur celui-là ! Tout pour le faire sourire ou essayer de lui changer les idées après ce qu’il s’était passé avec Sarah. Ce n’était pas gagné mais l’Oméga avait le don d’être patient et de savoir exactement sur quelles cordes jouer pour titiller l’Alpha comme il le fallait. Peut-être valait-il mieux ne rien dire sur ce qui venait de se passer pour éviter les problèmes à venir. Oui, il ferait peut-être comme ça. Ce que Luka ne savait pas ne pouvait pas lui servir pour embêter son meilleur ami…
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MessageSujet: Re: Une valse à trois chutes   Une valse à trois chutes Icon_minitimeMar 22 Juil - 16:38

Visiblement, pour l'humour, il manquait un peu d’entraînement, mais comme beaucoup de monde, en fait. C'était sans doute elle qui était bizarre a sans cesse rire de tout ou du moins essayer de le faire, quoiqu'il arrive. C'était cependant le seul moyen qu'elle avait trouvé pour ne pas se plaindre, puis plus tard pour ne pas sombrer dans la dépression, même si sa condition outre-humaine l'immunisait en partie contre ce type de faiblesses. Son caractère avait fait le reste du travail, et s'il était facile à vivre, il ne faisait pas toujours l'unanimité. Faire des blagues dans son commerce pour être sympathique, c'est une chose. Rire de choses plus graves, surtout quand on les a vécues, ce n'est pas convenable. Même sa famille lui reprochait parfois cette joie de vivre constante malgré les mauvaises voire très mauvaises nouvelles qui tombaient depuis peu, mais c'était comme ça. Rire ou pleurer. L'avantage du rire, c'est qu'il a moins de cercles vicieux. Et ça empêche les gens de venir s'intéresser à vous pour qu'ils viennent ensuite pleurer un coup sur votre pauvre petit sort, histoire d'être compatissants et de dire qu'ils connaissent quelqu'un qui a telle ou telle histoire au prochain repas qu'ils feront avec des amis ou des collègues. C'était triste. Et c'était bien comme ça qu'elle voyait les choses, et c'était pour cette raison que Brume avait choisi de se souvenir des choses amusantes et réjouissantes, et laisser les autres s'envoler avec le temps.

Et en parlant de s'envoler, elle avait manqué de se prendre un vol. Oh, pas grand chose, un appui simplement moins solide que prévu, mais rien de bien méchant, et encore moins d’irrattrapable, surtout pour un félin. La chose qu'elle n'avait pas prévue, c'est qu'il allait l'aider. Et par il, elle entendait bien l'armoire à glace au regard non moins accueillant. C'aurait pu être un coup à la faire sursauter. En tous les cas, il avait d'excellents réflexes. Et un sens de l'observation redoutable ? C'était bien le fait que le mot redoutable lui vienne en premier à l'esprit qui la dérangeait, mais il n'avait pas l'air bien méchant. Sans se faire prier pour ne pas abuser, elle attrapa ce dont elle avait besoin, la grande paume toujours dans son dos, avant de redescendre de son perchoir de façon toujours aussi sécurisée. "On dirait. Merci, en tous les cas." Le taquiner plus ? Non, il fallait le dire, il l'avait bien trop surprise pour ça. Elle avait sans doute dû paraître plus froide qu'elle ne l'aurait voulu, un sourire un peu tardif aux lèvres. Question d'amour-propre ? Pas le moins du monde. Brume ne se gênait pas pour demander un coup de main quand elle en avait besoin et savait qu'on ne pouvait éternellement tout faire soi-même. En revanche, elle se posait de sérieuses questions sur ce geste, même si cela ne semblait pourtant pas d'une importance si capitale. Il avait empêché quelqu'un de tomber et peut-être de se faire mal. Rien de plus. Elle en venait presque à regretter de ne pas avoir trouvé quoi lui dire pour lancer une pique, mais peut-être que c'était mieux comme ça ? Il aurait pu se faire des idées. Des vraies. Et ce n'était pas vraiment souhaité, il ne manquerait plus qu'elle se fasse une réputation dans le quartier et qu'elle ne se retrouve avec des soucis autrement plus drôles mais non moins gênants que cette histoire de visite plus si surprise d'un certain Vampire dont elle se serait bien passée. Et au Diable cette blague qu'elle aurait pu faire !

Sans même prendre la peine d'y glisser ce pour quoi elle avait grimpé, elle ramassa son sac et le remit à son épaule. Pour faire les quelques mètres jusqu'à la caisse. Bien entendu, il y était, sinon ce n'était pas drôle. Décidément, s'ils avaient voulu faire exprès, ils n'auraient pas mieux fait ! Quand elle arriva à la dite caisse, la commerçante lui adressa un sourire aimable qu'elle lui rendit avec cette fois plus de naturel. Après un échange de courtoisie, elle lui fit remarquer qu'elle n'avait pas été très prudente. Sans blague ? "C'est rare que j'ai un mauvais équilibre, mais heureusement que Monsieur était là. La fatigue, sans doute." Celle-là, de blague... Après une heure en fin de journée à ne rien faire, être fatiguée était bien la dernière excuse qu'elle pouvait se trouver. "Vous avez beaucoup de monde, ces temps-ci ?" Elle leva la tête vers la caissière, peu sûre que ça lui soit vraiment adressé avant de se rendre compte que oui, en effet. Autant éviter d'ignorer une commerçante du coin qui pourrait devenir une cliente un jour. Avec un sourire poli quoique avenant, elle répondit espérant qu'elle ne lui tiendrait pas la jambe : "Oh non ! C'est mort, ces temps-ci. Mais c'est la période creuse. Le mois prochain je vais sans doute devoir ouvrir douze heures d'affilées comme l'an dernier." Le paiement, un échange d'encouragements et dehors, vite ! Les conversations de quartier, quand elle était payée mais pas quand elle n'avait qu'une hâte : rentrer chez elle.

La chaleur de l'extérieur lui parut presque étouffante, et pourtant, il ne faisait pas si chaud pour la saison. Cette sale manie de mettre la clim dès que le thermomètre dépassait les vingt degrés... Brume n'aimait pas spécialement le froid, elle était plutôt contente de retrouver ce brin de soleil qui en fin de journée se faisait radieux et bienvenu. Et tandis qu'elle prenait le chemin du retour, elle vit une silhouette maintenant à peine familière quelques grands pas devant elle. C'était une blague ? Y avait-il quelque chose là-dessous ? Un léger sourire sur les lèvres, elle rattrapa la distance, et se plaça à côté de lui avant de lancer un joyeux : "Vous allez finir par croire que je vous harcèle ! Mais heureusement pour vous je ne vais plus vous embêter pour trop longtemps." La péruvienne jeta un regard amusé au géant, un léger sourire en coin logé sur ses lèvres. Puis son regard se porta à nouveau devant elle, les deux mains dans les poches de son pantalon large.
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MessageSujet: Re: Une valse à trois chutes   Une valse à trois chutes Icon_minitimeMar 22 Juil - 16:41

Pour un peu, Aaron aurait pu croire qu’elle appréciait moins le fait de se retrouver dans une position de « faiblesse ». Pourtant, c’était loin d’être le cas. Elle avait risqué de trébucher, de potentiellement se tordre la cheville, et encore, mais on était loin de la catastrophe mondiale, à moins, bien entendu, qu’elle gagne sa vie grâce à ses chevilles ce qui, somme toute, restait plausible. Il n’était pas physionomiste pour un sou, mais elle aurait très bien pu être sportive professionnelle ou bien tout autre métier qui aurait peut-être nécessité l’usage intégral de deux chevilles en bon état. Quoiqu’il en soit, elle était métamorphe et ça, il y aurait mis son bras à couper les yeux fermés. Alors une petite entorse aurait été rapidement guérie. En tout cas, si elle l’avait remercié, il avait cependant noté, non sans surprise maintenant qu’il avait pu la croiser à trois reprises dans ce magasin, qu’elle ne s’était pas laissée aller à un petit mot d’esprit. Peut-être n’aimait-elle pas être touchée par des inconnus, c’était plausible et parfaitement compréhensible. Enfin, ce n’était pas un drame, en tout cas pas pour Aaron, qui, pour le coup s’était contenté du minimum syndical, visuellement parlant, en guise de sourire. « Y’a pas de quoi. » Le ton était neutre, closant l’incident aussi vite qu’il ne s’était déclenché. On n’allait pas en faire un fromage non plus. Il aurait été inconvenant de la laisser trébucher alors qu’il était juste à côté alors il avait fait le minimum syndical, même si, il le savait, certains, voire certaines, ne se seraient pas privés pour laisser les choses se faire. Mais si Aaron n’était pas du genre très « avenant », il n’était pas un sadique et tendre le bras pour soutenir une personne de son gabarit ne lui demandait pas énormément d’efforts, pour ne pas dire aucun.

Quittant les lieux du « crime », il s’était dirigé vers la seule caisse d’ouverte à cette heure-ci et compte-tenu du peu de monde présent dans le magasin, sa tenancière devait même s’ennuyer. Il déposa ses quelques affaires sur le tapis roulant et passa les petits portiques avant de commencer à ranger les produits dans un des fameux sachets de papier brun. « C’est gentil ce que vous avez fait pour la demoiselle. » Il leva les yeux vers la femme qui continuait de passer les articles un à un. Il haussa les épaules avec son sempiternel léger sourire. « Ma B.A. du jour. » Alors qu’il terminait de ranger ses affaires, il aperçut la jeune femme qu’il venait de « sauver » arriver à la caisse à son tour. Cette fois-ci, elle ne trouva rien à dire ou se contenta de ne pas le partager avec lui. Il reposa son regard sur la caissière alors qu’elle lui indiquait le montant à payer, ce dont il s’acquitta prestement. Elle lui rendit la monnaie et lui souhaita la bonne soirée qu’il lui retourna avant de se diriger vers la sortie. Décidément, même la plus banale des sorties pouvait se transformer en un incroyable voyage… A la sortie du magasin, il aperçut un distributeur de journaux et profita de sa monnaie pour acheter un exemplaire avant de prendre la direction de l’appartement. Le barman n’était pas un maniaque des informations mais les regarder de temps en temps ne pouvait pas faire de mal. Mieux valait se tenir au courant lorsque plusieurs demi-douzaines de personnes dépendaient de vous. Les nouvelles étaient généralement gratinées, principalement pour les Outres, mais s’il y avait surtout des récits de faits-divers peu objectifs, il y avait parfois quelques nouvelles intéressantes concernant la ville.

Alors qu’il remontait la rue en sens inverse, épousant à nouveau la chaleur de fin de soirée qui, pour le coup, s’imposait à lui avec plus de force après avoir passé une bonne trentaine de minutes dans la supérette, il entendit une voix bien connue à ses côtés. Ou, plus exactement, il entendit des bruits de pas rapides se rapprocher puis ralentir avant de confirmer, à l’oreille, ses craintes. Il tourna la tête et posa ses yeux ambrés sur deux prunelles bleues qui s’amusaient de la situation. Son sourire le désarçonna un peu. Elle ne doutait de rien. Enfin, il ne pouvait surement pas l’empêcher de marcher sur le trottoir. Il regarda à nouveau devant lui. « Je me demande si ce n’est pas déjà le cas… » Il aurait pu le dire de manière plus réaliste, mais il n’avait pas pu. Sa voix s’était légèrement colorée d’un amusement perceptible. Après tout, il n’avait pas l’impression de craindre réellement quoique ce soit de la part de la jeune inconnue, même si, évidemment, il fallait se méfier des apparences. Aaron avait cependant l’avantage d’avoir une carrure imposante en Humain et un animal qui savait se défendre comme totem, deux raisons de ne pas trop craindre une personne comme elle et de plutôt prendre à l’humour le fait qu’elle puisse le harceler. « En tout cas, vous n’avez pas peur. Je pourrais très bien être un dangereux psychopathe… » Après tout, pourquoi pas ? Et s’il ne semblait pas avoir quelque chose à craindre de sa part, l’inverse n’était, pour le coup, pas vraiment vrai. Il la surclassait surement en beaucoup de domaine et s’il avait voulu l’immobiliser, il y serait parvenu sans trop d’efforts. Du moins le pensait-il. Après, peut-être cachait-elle très bien son jeu...
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MessageSujet: Re: Une valse à trois chutes   Une valse à trois chutes Icon_minitimeMar 22 Juil - 16:45

Elle aurait pu penser qu'il serait plus agacé, mais elle fut surprise d'entendre un ton teinté d'amusement franchir le barrage de ces lèvres qui connaissaient visiblement l'option sourire. Cette statue de cire était donc bien vivante, et sa répartie pointait enfin le bout de son nez. Si elle s'était lancé le pari personnel de faire bouger ses traits, elle aurait réussi. La vérité était qu'elle s'en fichait un peu, mais voir une réaction positive chez une personne à qui elle avait presque envoyé le feu d'artifice destiné à ses bons clients sans la connaître, il fallait bien l'avouer, c'était tout à fait appréciable. Elle aurait pu tomber sur le ronchon de service, il aurait pu lui dire de le laisser tranquille voire d'être nettement moins poli. Brume avait cependant détecté par ce geste pourtant troublant qu'il n'avait pas mauvais fond. Brut de décoffrage, oui, mais pas foncièrement méchant. C'était en partie pour cette raison qu'elle s'était laissée aller à cette ultime taquinerie, qu'elle pensait bien la dernière. Elle ne se serait pas avancée à dire "à mauvais caractère, bon cœur" car ne le connaissant pas le moins du monde, et peut-être cette froideur extérieure n'était qu'une réserve. Ou peut-être bien qu'il se moquait bien de l'image qu'il renvoyait aux autres, tout simplement. Il y avait tellement de solutions possibles et surtout tellement qu'elle n'envisageait pas qu'elle ne préférait même pas y penser, ni se poser de questions. De toute façon, se faire des idées ne servait à rien, si ce n'était foncer dans un mur. Et pour l'instant, elle comptait surtout rentrer chez elle, mais n'avait pas envisagé qu'il ne râlerait pas à l'idée qu'elle marche à côté de lui. Finalement une bonne surprise.

Le regard toujours au loin devant elle, un peu songeuse mais ce sourire amusé aux lèvres, elle se permit une plaisanterie supplémentaire, puisqu'il avait l'air de ne pas trop mal prendre sa présence. "Oh, si j'avais voulu vous harceler, croyez-moi vous ne vous en seriez pas remis !" Elle s'attendait sans doute à ce qu'il lui réponde quelque chose de drôle. Rectification. De vraiment drôle. Quelque chose qui ne mettrait pas directement les pieds dans le plat sans le savoir. Et elle ne voulait pas faire de paranoïa en imaginant une seconde qu'elle soit tombée sur quelqu'un qui connaissait éventuellement une certaine personne, et qui ne soit pas tombée sur son chemin par hasard. Car jusqu'à maintenant, on ne savait pas trop comment il retrouvait ses anciennes victimes. L'annuaire avait longtemps été la piste, mais parmi ses anciennes amours, certaines avaient changé de nom pour diverses raisons, conjugales ou de sécurité. Alors peut-être qu'il utilisait quelqu'un dans la ville de résidence ? Mais ça n'avait pas de sens, car s'il avait trouvé la ville de résidence, c'était qu'il avait déjà l'adresse, autrement dit plus besoin de personne sur les lieux. Ce n'était pas le genre à avoir des amis, de toute façon. Plus sombre et pourtant essayant de se contenir pour ne pas changer de couleur, elle tenta de reprendre un sourire qui avait disparu à l'apparition-même du mot "psychopathe" dans la conversation. Mieux valait trouver quelque chose à dire pour ne pas éveiller de curiosité mal placée. Même le plus silencieux des garde-chiourmes pouvait devenir une vraie machine à questions si le sujet l'intéressait. "Oh, j'adore les psychopathes, si vous saviez ! Quand c'était encore légal j'en faisais un très bon hachis parmentier mais les prisons n'ont plus le droit de revendre la marchandise. Haché avec un petit peu de basilic ou en steak tartare avec des câpres, c'est divin !" Elle lui jeta un coup d’œil, ayant à peine récupéré le peu de couleurs qu'elle avait perdu quelques secondes plus tôt. Faisant mine de le jauger du regard, elle parut réfléchir puis finalement haussa les épaules en faisant un signe négatif de la tête. "Vous êtes trop grand pour rentrer dans mon congélateur, de toute façon."

Ils continuaient leur périple, la rue de résidence de Brume se rapprochant relativement doucement, et elle ne doutait pas que s'il habitait dans le quartier, il y avait de fortes chances pour qu'il ne bifurque à n'importe quel embranchement, ne serait-ce que pour se débarrasser d'elle. La métamorphe croisa les bras sous sa poitrine, ses yeux à nouveau sur la rue devant eux. Le Vieux Quartier Français à cette heure-ci était un joli coin, surtout avec cette lumière pour jouer sur les façades de bois des maisons de type colonial. Elle apercevait à peine son propre embranchement, et avec lui, la promesse d'un bon petit café allongée sur la banquette de son balcon. Autant faire part de cette information avant qu'il ne se dise qu'elle avait vraiment décidé de le coller et de lui pourrir sa soirée. Depuis un séjour à titre gratuit, logée et nourrie au Canada, elle se méfiait des personnes de sexe masculin, surtout à l'approche de lieux clos. A fortiori s'il était aussi costaud. De plus, elle se doutait bien qu'il y avait une Madame Monsieur-de-Cire quelque part, et ce n'était que tant mieux pour lui ! "Ceci dit, ne vous inquiétez pas. Je ne bifurque dans pas trop longtemps, vous serez bientôt tranquille... Ou découpé, je n'ai pas encore choisi." Encore une petite pointe d'humour, certes un peu  morbide, mais c'était bien lui qui avait commencé, n'est-ce pas ? Il ne pourrait s'en prendre qu'à lui-même.
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MessageSujet: Re: Une valse à trois chutes   Une valse à trois chutes Icon_minitimeMar 22 Juil - 16:49

Ce n’était pas spécialement dans ses habitudes de faire la discussion avec des inconnus, voire même des inconnues, mais, d’une certaine manière, le contact, dans ce cas présent, c’était un peu établi de force. Non pas que cette présence lui était imposée, mais presque. Après tout, il aurait pu difficilement lui échapper, à moins de se mettre à courir ou à lui faire comprendre, plutôt méchamment, ce qui, au fond, aurait été peut-être une réaction un peu disproportionnée par rapport à ce qu’elle lui faisait subir et qui, finalement, n’était qu’une simple tentative de socialisation pas bien méchante. Il pouvait convenir que ce n’était pas son genre de faire cela, mais essayer d’y couper aurait été probablement bien plus gourmand en termes d’énergie pour réellement en valoir la peine. Le trajet n’était plus très long jusqu’à son appartement et même si elle se faisait un point d’honneur à vouloir le suivre jusqu’à chez lui, là, il n’hésiterait pas à refermer plus ou moins sèchement la porte sur elle – peut-être en essayant de ne pas la blesser – parce que, quand même, il y avait des limites pour tout. Le plus dur était de savoir quand ne pas les franchir et si elle jouait plus ou moins avec celle d’Aaron, pour l’instant, elle n’était pas passé de l’autre côté, un bon point pour elle même si, au fond, elle se serait rapidement rendue compte du contraire. « Je me demande si je veux réellement savoir, tout compte fait… » Elle avait beau avoir l’air de plaisanter, quelque chose au fond de lui, l’avertissait qu’elle en était parfaitement capable et que, finalement, ce qu’il avait vu jusqu’à maintenant n’était peut-être qu’un simple petit jeu comparé à ce qu’il pouvait y avoir si elle avait réellement envie de s’y mettre. Loin de lui cette idée.

Changer de sujet ou plutôt changer le sujet de la conversation en passant d’elle à lui semblait être une bonne idée. Même s’il n’aimait pas parler de sa propre personne, inventer des mensonges à son sujet ne l’exposerait pas et éviterait peut-être de réveiller un peu trop la « bête harceleuse » potentielle qui pouvait sommeiller au plus profond de la métamorphe qui l’accompagnait depuis quelques mètres maintenant. Il ne vit pas spécialement qu’il avait pu être assez « bon » pour tomber sur le sujet à ne pas mentionner. Continuant de regarder devant lui, comme d’habitude, il ne s’était pas penché sur le fait qu’elle avait soudainement perdu tout sourire et certaines couleurs. Sans quoi, il se serait probablement posé quelques questions, mais, au fond, il n’aurait pas spécialement cherché plus loin. Ce n’était pas son genre de fouiller dans le passé des gens, principalement lorsqu’ils étaient des inconnus qu’il venait à peine de rencontrer. Il ne connaissait même pas son nom pour ainsi dire. Même si cela ne signifiait pas pour autant qu’il avait besoin de le connaître. La probabilité pour qu’ils se revoient était, pour ainsi dire, très faible. Aussi, la seule réaction qu’il entendit à sa phrase fut sa réponse. Qui fut, il fallait l’admettre, des plus surprenantes. En même temps, qui se serait attendu à ce que quelqu’un vous réponde au fait que vous soyez potentiellement un psychopathe en rétorquant qu’il avait pour habitude de les découper en morceaux et de les déguster en tartare ou en hachis Parmentier. Pour l’occasion, la surprise était suffisante pour lui faire tourner la tête et le faire dévisager la jeune femme. Suffisamment tôt pour la voir entrain de le jauger de haut en bas avant de finalement conclure qu’il était trop grand pour son congélateur. Un soulagement ? Peut-être, il n’en était pas vraiment certain.

Un peu sceptique sur la marche à suivre, il se demandait finalement si la psychopathe, ce n’était pas elle, et pour de bon. « J’hésite entre être complètement rassuré et me demander si je ne devrais pas appeler une ambulance, ou la police. » Le choix n’était pas nécessairement des plus évidents, il fallait l’admettre, mais, d’une certaine façon, il ne pensait pas réellement ce qu’il disait. Si elle avait joué la carte de l’humour jusqu’à maintenant, elle pouvait très bien continuer sur cette lancée, même si, finalement, cela pouvait être tout bonnement une stratégie et elle pouvait très bien dire la simple vérité. « Sachez cependant que j’ai un goût assez horrible, je ne suis pas sûr que je ferais un bon tartare ou un bon hachis. » Il n’en savait pas grand-chose, car il n’avait jamais vraiment goûté sa propre chair. Encore heureux ! Puis, un gars comme lui, ça ne devait pas donner une viande bien tendre… Quand elle rajouta que de toute façon, elle le quitterait bientôt, entier ou… en morceaux, il ne sut vraiment pas trop quoi en penser. Le ton de la plaisanterie semblait de rigueur mais l’humour noir ou morbide, ce n’était pas trop son truc, quoiqu’on en dise ou quoiqu’on en fasse. « Ce serait dommage de me quitter sans avoir fait votre choix. Mais pour vous convaincre de me laisser entier, je suis du genre mordant quand on essaie de me découper. » Menace ? Seulement si elle planifiait réellement de le découper en petits morceaux pour le cuisiner ou quoique ce soit d’autres. Si elle continuait dans l’humour, il n’y avait aucune raison de voir ça autrement que par un humour similaire, ou presque. Dans le genre, le loup était un peu rouillé il fallait l’admettre. Décidément cette rencontre était réellement étrange.
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MessageSujet: Re: Une valse à trois chutes   Une valse à trois chutes Icon_minitimeMar 22 Juil - 16:58

Brume savait qu'elle avait plus ou moins appuyé sur les touches qu'il ne fallait pas avec un public non-averti, mais c'était un grand garçon et elle se disait qu'il n'avait pas encore l'air ni trop jeune ni trop benêt pour prendre peur à de simples phrases jetées en l'air par une femme qui ne lui arrivait pas à l'épaule et pesait sans doute la moitié de son poids. Elle savait aussi parfaitement quel était le poids de quelques mots dans l'esprit humain, et combien cela pouvait être dangereusement interprété mais il y avait en général prescription quand on connaissait un minimum la personne, même si dans ce cas précis, il ne la connaissait absolument pas. Et tant pis, elle ne reverrait sans doute jamais cet homme, que ça soit dommage ou non -et elle s'en fichait un peu d'ailleurs, car quand bien même elle n'aurait jamais voulu l'avouer, elle était bien plus préoccupée par le fait de ne plus revoir sa famille après le passage d'un fou en ville que recroiser la route d'un inconnu qui avait manqué en moins d'une demie-heure de la faire tomber et de lui dégommer la mâchoire-, alors si elle ne devait en effet jamais le recroiser, autant ne pas se priver pour rire un bon coup. Cependant, il n'avait pas l'air de rire beaucoup. Il y avait peu de gens qui acceptaient l'humour noir et le cynisme loin d'une scène, de projecteur et d'un visage parfaitement maquillé pour les caméras, il fallait bien le dire. Sans doute la raison numéro un pour laquelle la plupart des hommes qui lui avaient tourné autour jusque là s'en étaient tenus à rester amis : on ne sait jamais ce qu'une personne capable de prendre un fou rire en parlant de faire des lasagnes de chat -surtout sachant qu'elle était elle-même un félin à ses heures perdues- pour gagner sa vie, et pourquoi pas se sacrifier en beauté si elle faisait un burn-out ; bref, on ne sait jamais ce qu'une personne capable d'une telle joie de vivre cache vraiment, et cela peut fort ressembler de loin à de la maladie mentale. En y réfléchissant à froid, le souvenir-même de cette conversation avait quelque chose de dérangeant, mais dans le contexte, elle avait vraiment beaucoup ri. Comme quoi, certaines expériences vous font voir le monde autrement et ça ne plaît pas à tout le monde en question. Tant mieux pour les autres s'ils ne voyaient pas encore la réalité de l'autre côté de son miroir, elle vivait parfaitement bien de son propre côté et s'en accommodait mieux qu'ils n'auraient pu le penser.

Et il fallait bien le dire, avec son histoire de cuisiner du psychopathe, il y en avait un qui avait l'air de commencer à se faire du souci. C'en était presque mignon, mais se moquer de lui, même gentiment, aurait franchement été mal vu. Elle n'oubliait pas qu'il pouvait parfaitement l'envoyer aux urgences d'un seul revers, et puis, ça ne se fait pas de tacler une personne surprise, elle ne peut pas se défendre. D'autant que l'injustice dans l'humour ressemble beaucoup à de l'acharnement voire du lynchage en règles si elle prend trop ses aises et ne trouve pas de fin, ni de réciprocité qui se transformerait en juste retour des choses. Elle se contenta de l'écouter lui répondre qu'il appellerait les autorités concernées, toujours un léger sourire aux lèvres, amusée de le voir se prendre au jeu avec facilité même si elle ne doutait pas qu'il devait y avoir un fond de vérité quelque part tout au fond de sa pensée. Après tout, qui n'y aurait pas pensé ? Mais son autodérision défensive la fit franchement et sincèrement rire. En voilà un qui n'avait pas peur de se lancer à corps perdu dans la discussion pourvu qu'on le laisse tranquille ! Et c'était tout à son honneur.  "C'est pour cette raison qu'on utilise les épices dans les plats à base de viande. Mais je reste tout de même dubitative sur le fait que vous soyez aussi sûr du goût que vous avez, cependant je vous fais confiance." Oui, il devait vraiment se dire que cette espèce de crevette qui l'avait abordé à son grand regret avait un grain. Elle devait l'avouer, ça lui plaisait pas mal, comme idée. La vie d'un métamorphe est bien assez longue pour jouer plusieurs rôles auprès des gens qui nous entourent. Elle avait bien commencé comme ballerine, petite chose aux airs fragiles sur scène qui devait exprimer par le biais d'un corps à la limite trop maigre des émotions que des tortionnaires légalisés lui demandaient de faire contre un salaire des plus corrects. Elle était actuellement une commerçante d'un quartier tranquille, petite chose aux airs moins fragiles mais trop dynamiques qui faisait rire toute les mamies du coin maintenant qu'elle avait le droit de se dérider.  Alors pour un inconnu du même quartier, elle pouvait bien être une échappée de l'asile. Juste pour une fois.

La rue où elle allait tourner pour regagner son domicile se faisait de plus en plus proche, et il avait raison, il aurait été dommage de ne pas s'être décidée avant, même si la réponse coulait de source. Non, elle n'avait rien sur elle pour le découper, qu'allez-vous penser ! Et puis, sortir une arme face à un tel morceau relevait plus du suicide -même plus de la tentative, notez-bien, la réussite était quasiment assurée pour ne pas dire un euphémisme à l'humour mal choisi mais indéniablement et délicieusement ironique-, plus du suicide, donc que de la réelle blague qu'auraient pu se faire deux amies du lycée. Le Diable avait certes des apparences bien tentantes, mieux valait ne pas trop lui faire des appels de phares. Parait-il qu'il court très vite. "Mordant, donc ? Vous savez, il y a des arguments que l'on croit repoussants mais qui pour certaines folles peuvent devenir des raisons valables de scenarii des plus dérangeants." Et quelle idée ! Se faire mordre, il n'y avait bien que des midinettes amourachées à des vampires pour avoir cette chose comme fantasme. Certes, elle se doutait que les légendes sur le plaisir de la morsure était loin de la douleur que l'on pouvait se représenter, mais un authentique puma l'avait vaccinée à vie contre les morsures pendant son adolescence. Et les dents d'un puma, ça fait mal. Ne se débarrassant pas de son sourire, elle vit cependant l'embranchement l'appeler presque, et son café sur la terrasse lui hurlait tout autant de se dépêcher. Même avec un inconnu gaulé comme un chippendale, il y a des priorités auxquelles on ne saurait faire la sourde oreille. "Eh bien à votre plus grand soulagement, je vais maintenant vous laisser à votre vie. Je crains que l'électrochoc n'ait été un peu violent, désolée, j'ai toujours la main un peu lourde sur le voltage." Il était peut-être temps d'être un peu moins mordante, justement, s'il y avait bien une chose dont il ne se fichait pas, c'était qu'elle débarrasse le tapis, elle le savait. Elle aurait pris un malin plaisir à faire durer, dans d'autres circonstances. Mais pas avec quelqu'un qu'elle ne connaissait pas du tout. "Je vous souhaite une excellente soirée, Monsieur. Et souriez un peu plus, vous verrez, la vie est quand même plus jolie quand on sourit." Dixit la personne qui avait quand même réussi à se faire enlever et séquestrée dans une cave par un morveux de vingt-deux ans complètement déglingué à qui elle avait tout de même passé deux mois à sourire poliment. Ironie, quand tu nous tiens.

Sans attendre, elle s'arrêta sur le bord du trottoir, vérifia la circulation peu abondante à cette heure avant de traverser en direction de la perpendiculaire à la rue principale ainsi qu'à sa rue de résidence. Mais ça, mieux valait que l'inconnu ne le sache pas.
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Une valse à trois chutes Vide
MessageSujet: Re: Une valse à trois chutes   Une valse à trois chutes Icon_minitimeMar 22 Juil - 17:02

[justify]La considérer comme une folle ? Oui, c’était une possibilité qu’il ne fallait pas oublier. Pourquoi ? Simplement parce que certains fous pouvaient passer pour des gens tout à fait normaux lorsqu’ils y mettaient un peu du leur, ou jouaient simplement sur l’humour pour faire passer des choses plus ou moins « loufoques » pour de simples plaisanteries. Il était difficile de faire la part des choses sans approfondir les choses, mais, cela, Aaron n’en n’avait apparemment ni le temps, ni, et surtout en réalité, pas l’envie. Se faire rentrer dedans par une inconnue ou discuter avec elle, un peu, sur le chemin du retour passait encore, mais commencer à faire une étude approfondie du sujet pour savoir si elle était saine d’esprit ou non, voilà quelque chose qu’il laissait volontiers à quelqu’un d’autres et puis ils avaient probablement tous les deux leur propre vie qu’ils allaient regagner calmement après cette interlude particulièrement… troublant. Cette histoire de steak tartare et de hachis Parmentier l’avait encore laissé quelque peu perplexe. Ceci dit, c’était probablement une bonne façon de se servir des psychopathes. Une fois mangés, ils n’étaient plus un danger pour la société, une bonne chose tout de même. Alors qu’il réalisait qu’il venait d’avoir cette idée, il préféra la chasser immédiatement de son esprit. S’il se mettait en tête que manger de la viande « humaine » était une bonne idée, cela pourrait finir mal. Il avait déjà croqué dans de la chair et si le goût du sang avait été apprécié par l’animal en lui, il se passerait volontiers de devoir à nouveau tuer une personne de cette façon. Ce n’était pas spécialement réjouissant, du moins pour un Homme, que ce soit visuellement ou gustativement. Enfin, c’était peut-être pour cette raison que l’on utilisait, comme elle le fit remarquer, des épices.

D’ailleurs il était reconnaissant envers elle de lui accorder sa confiance sur sa qualité gustative. Non pas qu’il était assuré qu’il était bon ou mauvais, mais l’idée de ne pas finir broyé ou préparé en il ne savait quel plat gastronomique. Non, il préférait vraiment finir autrement. Comment, il ne savait pas vraiment. A une époque, il avait certainement plus de chance de finir avec une balle en argent dans le crâne ou mortellement blessé durant l’une de ses escapades de Stigma ou simplement durant un duel en règle, ou non, lors d’une guerre de gangs. Les Vypers n’avaient pas été des plus tendres avec les Werewolves ici à la Nouvelle-Orléans. D’ailleurs, leur précédent Alpha en était mort. Heureusement tout s’était réglé, en quelque sorte, et ces derniers étaient désormais partis depuis plusieurs mois, laissant le gang de motards lupins à la « tête » de la ville. Ils ne contrôlaient rien, bien entendu, mais ils vivaient maintenant paisiblement, sans avoir à se prendre la tête avec quiconque. C’était l’essentiel, un calme attendu après la tempête, dont il profitait avec beaucoup de plaisir. Peut-être repartiraient-ils un jour, pour le moment, ce n’était pas dans les perspectives d’avenir. Il revint un peu plus à la réalité lorsqu’elle lui fit remarquer que le fait qu’il « morde » n’était pas spécialement un argument de poids, du moins pas pour certaines folles qui pourraient y trouver, bien au contraire, quelque chose d’intéressant. Etait-ce son cas ? L’idée était plausible mais elle aurait sans doute réagi autrement plutôt qu’en pointant cette évidence non ? « Si j’avais été un Vampire, je ne dis pas. Pour ma part, j’ai peur que ce ne soit pas aussi agréable, folie ou non. » Il savait que les morsures de ces suceurs de sang étaient réputées pour procurer des sensations proches de l’extase, mais il ne préférait pas avoir à y goûter.

Alors qu’ils arrivaient à un croisement, elle annonça qu’elle l’abandonnait. Il aurait pu penser « enfin », mais, finalement, il n’éprouvait aucun soulagement. Peut-être parce qu’il n’avait pas spécialement éprouvé quoique ce soit jusqu’à maintenant. Il esquissa un bref sourire quand elle évoqua son côté « brutal » par la métaphore électrique et hocha la tête, plus par politesse qu’autre chose, pas sincèrement convaincu par ce qu’elle venait de dire. Le sourire ne changeait surement pas grand-chose à la vision que l’on pouvait avoir sur la vie. « Bonne soirée, Mademoiselle. » Ca n’écorchait pas les lèvres d’être un minimum poli, n’est-ce pas ? Il l’observa traverser la rue, immobile, quelques instants, avant de finalement reprendre son chemin, prenant une autre rue qu’elle. Cette rencontre était… Spéciale. Il n’y avait probablement pas de meilleur mot pour la décrire. Alors qu’il remontait la rue en direction de l’immeuble dans lequel Luka attendait encore ses ingrédients. Il restait à espérer qu’avec les quelques minutes qu’il avait passé dehors l’Oméga avait réussi à se calmer un peu. Ils auraient alors le temps de manger un morceau et le métamorphe devrait se rendre au Wild Bar où il faisait l’ouverture ce soir. Restait à savoir s’il allait devoir confier à son meilleur ami l’aventure qu’il venait de vivre. Pour dire la vérité, il n’en n’était pas certain. Quelque chose lui disait que ce dernier n’hésiterait pas à s’en servir d’une manière ou d’une autre pour lui faire encore un laïus sur sa façon de vivre les choses depuis que Sarah était partie. Il passa la porte du bas de l’immeuble avant de monter les escaliers. Une fois arrivée, il poussa la porte d’entrée. Luka s’était calmé. Mieux valait maintenant faire comme si de rien n’était.
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