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 Comme à Vegas, mais sur l'eau.

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Esteban Luz-Descalzo
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Comme à Vegas, mais sur l'eau. Vote_lcap14/30Comme à Vegas, mais sur l'eau. 160125120054759347  (14/30)

Comme à Vegas, mais sur l'eau. Vide
MessageSujet: Comme à Vegas, mais sur l'eau.   Comme à Vegas, mais sur l'eau. Icon_minitimeDim 14 Mai - 11:48

"Tia c'est absolument... Non. Je... NON. MAIS ARRÊTE. Je DE-TES-TE ces mélanges de teintes pastels et tu le sais très bien. Tu ne peux pas mettre du taupe avec de l'oranger, ou pas du moins si tu ne les coupes par une teinte plus foncée. Tu es en train d'essayer de me faire marcher, c'est ça ? NON. Sors tou... Arrête de parler et écoute moi un peu. Sors tout de suite de chez moi ! Je n'aurais jamais dû te laisser un double des clés... ¡Por el amor de Dios! Renvoie juste ces ouvriers et dis leur de revenir plus tard ! Et n'essaie pas de m'entourlouper. Si quand je reviens cette pièce a été défigurée je... Prend garde à ton propre appartement, je pourrais faire venir cet artiste peintre que tu ne supportes pas tandis que tu es absente ! ......... Comment ça tu n'y crois pas une seconde ? OH EH BIEN, flûte. Renvoie ces gens, ne joue pas à l'idiote et laisse moi raccrocher ! Mama est en train d'arriver, tu vas la fatiguer avec tes bêtises. Oui, à distance. Ne sous-estime pas tes capacités à ennuyer ton monde. OUI JE SAIS QUE C'EST MOI QUI HURLE MAIS C'EST TA FAUTE."

Planté comme un piquet au bord de l'eau, et donnant l'impression d'être sur le point d'imploser, un jeune homme très bien habillé hurlait au téléphone depuis d'interminables minutes et attirait sur lui le regard de tous les passants. A force de s'égosiller de la sorte, il aurait dû postillonner et son visage, se congestionner jusqu'à l'amener au bord du malaise. Il n'en était pourtant rien.

L'air dramatique, il gesticulait en tous sens et tapait du pied par terre avec humeur, à l'instar d'un enfant capricieux. Il sembla subitement remarquer qu'on était en train de le fixer de toute part. Il eut un soubresaut contenu. Son attitude mua, ses yeux grand ouverts et ses épaules tassées rappelant la réaction instinctive d'un animal acculé. Il fit un pas en arrière. Le bas de son dos frappa dans la rambarde qui séparait la promenade du fleuve. Il était chanceux qu'elle fut là, sans quoi le garçon comme son costume bleu nuit à trois ou quatre chiffres, le veston crémeux qu'on trouvait au dessous, sa rollex d'aspect steampunk et tout le reste de l'indécente fortune qu'il portait sur son dos auraient pris l'eau en gigotant plus énergiquement encore, entre deux cris de souris et trois jurons dans sa langue maternelle.

Esteban ne paraissait pas avoir pris conscience de la catastrophe à laquelle il avait de peu échappé. C'était probablement mieux ainsi. Si il avait dû être conscient de toutes les sottises qu'il faisait, aux conséquences desquelles le destin lui permettait d'échapper à longueur de temps, il ne serait probablement plus sorti de chez lui.

"Je vais raccrocher tia. A cause de toi j'ai l'air idiot et tout le monde me regarde ! Quoi ? Mais non enfin vérifie par toi-même, pas de scandale cette fois, je le saurais, tout de même ! Si il y a une esclandre ce soir ça sera à cause de toi, alors je vais RACCROCHER avant que cela ait la moindre chance d'arriver. De toute façon comme je te l'ai déjà dit, MAMA ARRIVE."

Ce n'était ni poli ni très convenable, mais Luisa avait encore dépassé les bornes. Il n'eut donc aucun scrupule à décrocher le smartphone de son oreille et à glisser son doigt sur l'écran pour couper court à l'appel, malgré le fait qu'un filet de voix électronique fut encore en train d'échapper à l'appareil. Il entendait très bien ce qu'elle disait faute à cette fichue ouïe vampirique, mais il fit tout comme si il n'avait pas compris. Lorsqu'on cessait d'écouter un appel, on était après tout censé ne plus l'entendre, et il ne voyait pas pourquoi cela aurait dû être différent sous prétexte qu'il n'était plus humain. Tant pis si il fallait faire semblant.

Il rangea le téléphone avec humeur dans la poche de son pantalon droit, coupé sur mesure. En ébullition, le jeune homme marmonnait très vite en espagnol des insanités qui devaient faire siffler les oreilles de Luisa à distance. Ce faisant, mu par un très vieux réflexe il chercha à attacher ses cheveux, avant de se rappeler qu'il n'avait pas amené d'élastique. Depuis qu'il avait changé de coupe, il ne pouvait plus opter pour son traditionnel catogan lâche. Les courtes mèches qui lui entouraient le visage ne pouvant pas être attachées, il jugeait cette coiffure trop étrange, et moins encore adaptée aux sorties en société que ne l'était sa tignasse laissée libre. Olivia et Luisa le préféraient ainsi, cependant, si bien qu'il en tirait une certaine consolation.

C'était lui qui avait choisi d'entretenir cette coupe, mais ça ne l'empêchait pas de s'en plaindre à tout va dès qu'il était agacé.

A défaut de pouvoir se défouler sur le fameux élastique inexistant, il passa deux doigts délicats contre son front, comme pour en repousser les royales micro-mèches qui lui chatouillaient le visage. Il n'avait pas menti : sa mère était effectivement en train d'arriver. Il choisit d'avancer vers elle afin d'annuler plus rapidement la distance qui les séparait. Devant elle, il lui décocha un sourire radieux.

"Bonsoir mam...AAAAAAAAAH !"

Le bateau à l'autre bout du quai venait d'émettre une plainte lourde, qui avait empli l'air de vibrations épaisses, écrasantes, qui durant un bref instant lui avaient donné l'impression de n'avoir plus assez de place pour exister. Les yeux écarquillés, les mains contre la tête, Esteban observait le Paddle Steamer se détacher sur la ligne d'horizon encore crépusculaire. Ce bateau avait-il jamais hurlé de la sorte auparavant ?

"C'est indécent. Ne peuvent-ils pas mettre une sourdine à cet engin du diable ? Je suis persuadé que ce son n'était à aucunes normes. Même si je ne sais vraiment pas quelles normes régissent les cornes de bateaux. Mais n'est-ce pas plutôt le son que ferait un ferry ? Si c'est une bêtise de wiccans, alors ce n'est vraiment pas drôle... As-tu jamais entendu quelque chose de similaire dans l'une des marina où il nous est arrivé d..."

Sa voix s'éteignit progressivement, comme un doute alarmant s'emparait de lui et allumait dans ses yeux une flammèche paniquée. Il pointa du doigt le grand bateau à roue.

"Tu crois qu'il va partir ? Oh ! Nous devrions nous dépêcher. Viens donc !"

Aussi délicatement qu'il en était capable alors qu'il se pressait, effrayé à l'idée de rater le départ, Esteban prit le bras de sa mère afin de l'escorter jusqu'au Paddle Steamer. Le tout, sans remarquer de la moindre façon le grand navire de croisière qui à quelques centaines de mètres était en train d'entrer dans le port.

N'étaient-ils pas en avance ? Il regarda sa montre et constata que le départ du Paddle Steamer n'aurait dû avoir lieu que dans une trentaine de minutes. N'avaient-ils donc pas honte de les forcer à courir, ou du moins à marcher vite ? Il n'était décidément pas facile d'avoir l'ouïe d'un vampire quand on n'avait pas l'habitude de prendre le temps de réfléchir.
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MessageSujet: Re: Comme à Vegas, mais sur l'eau.   Comme à Vegas, mais sur l'eau. Icon_minitimeDim 14 Mai - 13:10

Alice n’était vraiment pas quelqu’un du soir. Alors qu’elle s’apprêtait à aller se coucher après un dîner délicieux chez Mythra, sa tante, celle-ci lui lança un regard noir.

- Encore ?! Si tu veux sortir un peu de ta zone de confort et expérimenter la ville, il va falloir que tu sortes un peu le soir ! Après tout, tu as 18 ans, tu es assez grande pour aller te balader toute seule.
- Mais…
- Il n’y a pas de mais qui tienne. Je veux que tu profites pleinement de ton expérience ici, et pour ça, il faut que tu ailles te promener à l’extérieur. Je sais bien que ma maison est confortable, mais bon, au bout d’un moment… C’est bien curieux d’ailleurs, d’habitude, les jeunes, c’est plutôt la situation inverse, non ? Il faut leur donner un couvre-feu. Enfin, c’est ce que je m’étais imaginé. Bref. Je ne veux pas te voir ici, ce soir.
- Je voulais continuer mon livre… Mais après tout, pourquoi pas. Je vais aller me préparer.


Alice grimpa les escaliers, ouvrit la porte de sa chambre et se dirigea vers son armoire. Elle n’avait emporté que le strict minimum, aussi il lui allait être difficile de trouver une tenue adaptée pour aller en ville. Elle se saisit de la robe à fleurs, la seule qu’elle ait prise avec elle, coupée rétro, noire et blanche, qui mettait ses formes, encore naissantes, en valeur. Pour les chaussures, elle choisit ses talons qui faisaient clac-clac. Assez hautes, elles galbaient bien ses jambes. Pas de maquillage, c’était sa marque de fabrique. Ses traits asiatiques étaient fins, et elle estimait être assez mignonne pour avoir besoin d’en mettre. Pour sûr, au niveau de son physique, elle n’avait jamais eu à se poser de questions, et dieu merci, n’avait jamais eu de troubles alimentaires.

Fatiguée, elle redescendit pour demander conseil à sa tante sur le lieu où elle pourrait aller. Elle se rappela alors avoir vu, lors de son arrivée en voiture, un bateau sur la rivière. Elle se rappela également cette envie ardente, qui l’avait prise, d’aller voir ce bateau. C’était décidé ; elle irait là-bas. Elle demanda à sa tante si elle pouvait la déposer. Celle-ci, ravie de voir sa nièce partie pour sortir, accepta sans aucune hésitation.

Arrivée sur le quai, elle aperçut au loin le bateau. Elle ne le voyait pas encore très bien, par contre elle l’entendait. On ne pouvait pas faire plus bruyant. Inquiète, elle se demanda s’il s’apprêtait à partir. Elle vit un jeune homme, avec une autre personne qui était probablement sa mère.

- Excusez-moi… Le bateau va partir ?
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MessageSujet: Re: Comme à Vegas, mais sur l'eau.   Comme à Vegas, mais sur l'eau. Icon_minitimeLun 15 Mai - 22:31

C'était une douce soirée de printemps, et Olivia se sentait d'humeur joyeuse, comme cela n'arrive plus aussi souvent que par le passé. La raison, cependant, n'avait pas changé : elle avait rendez-vous avec son fils. A l'extérieur, qui plus est.

C'était quelque chose qui n'arrivait plus aussi fréquemment qu'avant. Depuis qu'il ne pouvait plus profiter de la lumière du soleil, Esteban était devenu une cible de choix pour la plupart des adhérents TPH, et plus particulièrement sa propre famille. Darian, bien entendu, qui n'avait jamais rien fait d'autre que de gâcher la vie de son fils dans des proportions effarantes, mais aussi Juan, qui semblait considérer que le vampirisme était un blasphème bien plus important que la pédophilie. A ce niveau, Olivia restait incertaine, mais la -trop longue- période où elle avait vécu sans son fils lui avait appris que s'il y avait un choix à faire, il serait toujours celui-ci.

Dans cette situation, il leur était donc compliqué de sortir. Et pourtant, aujourd'hui, ils avaient décidé de se rendre sur le Paddle Streamer, ce qui rendait la soirée d'autant plus joyeuse. D'autant qu'Olivia avait toujours voulu tester l'endroit, afin de savoir s'il était assez convenable pour y tenir une réception de collecte de fonds pour son association. Voilà qu'on lui donnait l'occasion parfaite, en plus de la possibilité de passer du temps avec son fils chéri. Hors de question qu'elle refuse, ou qu'elle fasse les choses à moitié.

Elle avait enfilé une robe couleur crème, qui mettait le hâle foncé de sa peau en valeur, au-dessous d'un cache-cœur bleu nuit qui, elle se savait, se marierait parfaitement avec l'ensemble que son enfant portait très certainement sur le dos : elle le connaissait trop bien. Ses longs cheveux noirs tombaient le long de ses épaules, retenus sur le côté gauche par une pince en or qui devait dater de l'époque où ses ancêtres espagnols avaient mis les pieds sur le continent. Une légère touche de maquillage sans laquelle elle n'aurait pas convenu aux critères de la convenabilité familiale, sans oublier la croix en or blanc -qui avait depuis longtemps remplacé le modèle en argent- offerte par son fils, et elle montait dans la voiture pour rejoindre Esteban, discutant agréablement avec Gael le long du chemin.

Il ne leur fallut pas longtemps pour rejoindre les Quais, où le garder du corps la déposa le temps de trouver une place pour se garer. Il ne doutait pas qu'Octavio, l'employé d'Esteban, pourrait assurer la protection de la mère et du fils pendant ce laps de temps. Olivia, quant à elle, avait déjà repéré son enfant et s'avançait vers lui avec un immense sourire, une étincelle amusée dans les yeux en le voyant gesticuler au téléphone.

Certes, ce n'était pas très convenable. Mais la mexicaine savait parfaitement qu'il n'y avait qu'une seule personne qui pouvait faire tourner ainsi son fils en bourrique, pour la simple et bonne raison que Luisa était la seule capable de faire cela avec elle aussi.

Le jeune homme venait à sa rencontre, et le sourire qu'il lui décrocha était le miroir de celui qui devait éclairer son propre visage. Elle était tellement heureuse de le voir ! Sourire qui se crispa quelque peu en l'entendant crier : il était près, tout de même.

Aux oreilles d'Olivia, le bruit émis par le bateau n'avait pas été si fort que cela. Et pourtant, elle était aussi prompte à l'exagération que lui ! Evidemment, la raison derrière cette différence de réaction était évidente, mais l'un comme l'autre étaient particulièrement doués pour éviter ce sujet. C'est ainsi qu'elle ne fit pas la moindre réflexion, se contentant plutôt de lui rendre son salut.

"Bonsoir Niñito. Je ne suis pas certaine qu'il s'agisse de ce bateau, tu sais..."

Plus ou moins forcée, elle lui emboîta le pas avec amabilité, et un léger amusement. Cependant, ses yeux regardèrent autour d'eux avec une petite pointe d'inquiétude : il n'était vraiment pas prudent pour Esteban de se balader au grand jour (...soir) à présent, et elle craignait souvent qu'il s'attire des ennuis.

"Octavio n'est pas là ?"

Alors qu'ils approchaient de l'embarcadère, une jeune fille leur adressa la parole, cherchant apparemment à se rendre au même endroit qu'eux. Olivia se tourna vers elle avec un sourire aimable, son bras toujours accroché à celui de son fils.

"Bonsoir Mademoiselle. En effet, il y a un spectacle musical sur le fleuve ce soir, croisière comprise. Mais il ne part pas tout de suite, il me semble que le son provenait plutôt de ce bateau-ci..."

La main qui n'entourait pas le bras d'Esteban se leva délicatement pour montrer la direction de l'immense Croisier qui amorçait des manœuvres pour rentrer dans le port. Son sourire se fit un peu plus amusé.

"C'était précisément ce que je tentais de dire à mon fils avant que celui-ci ne s'affole de peur que nous soyons en retard."

...Il fallait dire qu'Esteban était très à cheval sur les horaires. C'était là l'un de leur rares sujets de discorde éventuelle.
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Esteban Luz-Descalzo
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MessageSujet: Re: Comme à Vegas, mais sur l'eau.   Comme à Vegas, mais sur l'eau. Icon_minitimeMer 17 Mai - 15:11

Esteban inattentif ? Mais non. C'était une vue de l'esprit.

La première chose qu'il aurait dû faire dans ces circonstances était de prendre Olivia fort dans ses bras après lui avoir dit combien ces sorties en famille lui avaient manqué, et combien il la trouvait radieuse, ce soir. Car il allait sans dire qu'elle était toujours aussi Parfaite et Merveilleuse, comme elle le lui en avait donné l'habitude, sauf lorsqu'elle le contrariait en entrant en désaccord avec lui. Sa tenue, notamment, était sensationnelle. Et cela n'avait rien à voir avec le fait qu'elle avait choisi les mêmes alliances de couleurs que lui sans qu'ils se soient consultés. Voyons. Comme si cela avait été son genre.

Mais donc, leurs effusions rituelles n'avaient pas eu l'occasion de se réaliser, car le son puissant d'un bateau avait fait sauter en l'air Esteban, puis l'avait englué dans l'angoisse persistante de voir le navire partir sans eux. Il ne serait tranquille que lorsqu'il aurait empêché cette ennuyeuse éventualité d'arriver.

Pour cette raison, il oublia d'écouter sa mère lui expliquant qu'il avait mal interprété les sons, et que le bâtiment qui avait émis ce coup de corne n'était pas le Paddle Steamer, mais le grand ferry qui arrivait dans le port. Il lui coupa étourdiment la parole et tira sur son bras afin qu'elle presse le pas, et qu'il rejoignent au plus vite l'embarcadère. Une idée naquit qu'il essaya de partager. A la recherche nerveuse d'un guichet, ou d'un poste de surveillance, il avait commencé à marmonner pour lui-même, si bien que ses propos ne devinrent que tardivement compréhensibles :

"... doivent bien avoir un téléphone. Nous pourrions les appeler pour qu'ils retardent le départ ou qu'ils ramènent le bateau à quai si nous n'arrivons pas à temps. Oh mais quel idiot suis-je... Moins parler, marcher plus. C'est encore la meilleure solution pour arriver à l'heure."

Le jour était à marquer d'une pierre blanche comme étant celui où Esteban se serait enfin rendu compte qu'il lui arrivait d'être un peu trop bavard. Un pépiement exaspérant lui arriva dans l'oreille. Il afficha une petite moue d'agacement, avant de se rendre compte que le son lui était destiné et que c'était Olivia, qui lui posait une question. Il regretta immédiatement son comportement et se tourna tout entier vers elle. Sa mère ne pépiait pas, et elle n'était jamais exaspérante. Penser le contraire aurait été blasphématoire.

"Pardonne moi, je ne sais plus où j'ai la tête. Octavio est resté sur le parking avec la voiture, ne t'inquiète pas. j'ai jugé préférable qu'on ne me voie pas avec lui, étant donné qu'il est souvent à visage découvert à proximité de l'immeuble. Il devrait bientôt partir. Je lui ai dit de m'attendre à destination."

Une voix proche les interpella. Entre le coup de fil de Luisa et la peur de rater le départ, l'angoisse que les foules lui avaient depuis toujours inspirées, et le manque d'habitude de sortir de chez lui, Esteban était sur les nerfs. Il n'était donc pas à l'abri des réactions excessives qui étaient sa marque de fabrique. Ce qui n'était au début qu'une légère crispation se mua en peur panique lorsqu'il tourna la tête et tomba nez à nez avec ce qu'il prit tout d'abord pour une longue chevelure blanche.

La dernière fois qu'il avait vu pareille crinière briller à la lumière diaphane du clair de lune, cela ne lui avait pas porté chance. La jeune femme qui en était propriétaire était celle qui l'avait agressé et accidentellement transformé en vampire avant de le laisser pour mort sur le trottoir. Trois longues années avaient passé, durant lesquelles il avait été très mal, puis avait fini par remonter vaguement la pente avec la persévérance forcenée de ses proches, mais lorsqu'il s'agissait de cette nuit d'enfer et des souvenirs qui y étaient associés, la plaie restait aussi vive qu'au premier soir. Chaque chevelure claire qui passait dans son champ de vision rappelait à son bon souvenir que sa meurtrière courait encore les rues. La terreur sourde ne le quittait plus avant qu'il soit bien certain qu'elle n'était pas ici, et qu'elle n'allait pas fondre sur lui pour le soumettre au même traitement qu'avant.

Il sursauta donc avec une violence qui n'avait rien de convenable, ses yeux ronds posés à la sauvette sur la demoiselle qui les avait abordés. Plusieurs pensées fusèrent en même temps dans sa tête : d'abord, elle était humaine. Il le sentait et l'entendait d'ici, grâce à son odorat et à son ouïe sur-développés. Ensuite, il ne reconnaissait pas son visage. Enfin, elle n'avait pas les cheveux blancs. La peur retomba comme un soufflé, rapidement remplacée par une perplexité curieuse. Pas blanc, c'était certain... Est-ce que c'était du gris ? Était-ce naturel ? Était-ce juste les lueurs nocturnes qui lui donnaient la berlue ? En attendant c'était très original. Pas tout à fait correct selon les critères de sa famille, mais joli, lisse et bien fait. Sauf si c'était naturel. Auquel cas il aurait l'air bien bête à lui dire qu'elle était originale, bien faite, mais incorrecte. Ce qu'il n'allait de toute façon pas dire car il se rendait compte qu'on pouvait vraiment mal l’interpréter, et qu'il aurait surtout été très incorrect de sa part de faire la moindre réflexion de ce genre à quelqu'un qu'il ne connaissait pas.

... Était-il réellement en train de fixer le haut de son crâne depuis d'innombrables secondes, le regard vide, la bouche ouverte, les crocs à l'air et l'air stupide ? Heureusement qu'Olivia était là pour relever le niveau, et qu'elle avait pris l'initiative de répondre à la question posée.

Cherchant à sauver les meubles, Esteban se redressa bien droit et chercha à se donner l'air digne, aussi discrètement qu'il en était capable (c'est à dire pas du tout).

"Oui ! Bien sûr, ce bateau-ci, dont j'étais d'ailleurs en train de critiquer la sonorité nauséab..."

A retardement, il se rendit compte que quelque chose clochait dans son raisonnement. On ne parlait pas du même bateau. Il y avait deux bateaux ?

"Euh. Ah bon ?"

Le jeune homme se tourna en direction du port. Une lueur d'intelligence (non.) illumina ses yeux lorsqu'il comprit l'origine du quiproquo.

"Aaaaaaaah.... Oh."

... Avant qu'il ne se ratatine encore, penaud. Il frotta le coin d'un des fautifs, soit son canal auditif gauche. Puis il se rendit compte qu'il n'avait pas été le seul à se tromper. Elle était humaine, et elle s'était autant fourvoyée que lui. Il observa la jeune femme, puis sa mère. Puis la jeune femme, puis...

"... Tu vois ! Il était très facile de se tromper. Ça n'a rien à voir avec mes oreilles."

Bah voyons.
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MessageSujet: Re: Comme à Vegas, mais sur l'eau.   Comme à Vegas, mais sur l'eau. Icon_minitimeMer 17 Mai - 15:36

Subjuguée par l’élégance des deux personnes qui lui avaient répondu, Alice resta sans voix, ou plutôt balbutia un vague « merci ». Trop occupée à remarquer le regard du jeune homme sur ses cheveux, elle ne vit même pas ses crocs qui s’étaient dévoilés. Elle avait beau avoir l’habitude de sortir du lot capillairement parlant, c’était la première fois que quelqu’un semblait aussi interloqué à leur vue. La jeune fille sembla presque désolée pour lui, aussi elle entreprit de lui raconter, sans que cela ne lui paraisse étrange, l’histoire derrière ses cheveux.

- Euh, oui, en fait… Vous voyez… Je sais que cela peut sembler contradictoire car je suis jeune, mais, la vérité… C’est que j’ai toujours eu des cheveux gris. Ils poussent, ils poussent, je ne sais pas quoi en faire. J’ai longtemps pensé les teindre, mais finalement, je me dis que ça me donne un côté original, et comme je n’ai pas grand-chose d’autre d’original à présenter… Bref, désolée de vous importuner avec mes histoires. Merci en tout cas. Euh...

Comme une girouette et morte de honte d’avoir ainsi déballé sa vie devant des inconnus, Alice s’éloigna rapidement et commença à se perdre dans sa tête, le vent lui caressant les jambes et la faisant frissonner.

Incroyable. Comment avait-elle pu oser s’exposer ainsi ? Voilà ce qui arrivait quand Alice sortait : des choses bizarres. Elle ne pouvait simplement pas s’en empêcher. Et puis, il était tard. Il fallait bien noter l’effort que cela lui demandait de rester debout à une heure aussi tardive (selon ses critères, bien entendu ; d’autres auraient argué que ce n’était que le début de la soirée). La fatigue l’envahissait, la recouvrait toute entière. Elle maugréa intérieurement contre sa tante, sans qui elle serait enfouie sous ses couvertures avec un bon livre entre les mains. C’était inhumain, et franchement pas sympathique de sa part de l’avoir forcée à sortir de sa zone de confort. La soirée était bien mal partie pour la pauvre Alice.

Perdue dans ses pensées, Alice n’avait pas remarqué qu’elle s’était dangereusement rapprochée du bord. Elle essaya de reprendre contact avec la réalité et de s’en écarter, mais c’était trop tard, la chute était imminente. La jeune fille s’écrasa contre l’eau avec un bruit spectaculaire ; fort heureusement, elle avait appris à nager, aussi elle remonta comme elle pu sur le quai.

C’était une idée vraiment incroyable, songea Alice. Il faisait nuit, pas spécialement chaud, elle n’allait jamais sécher. Elle n’avait pas non plus son téléphone et sa tante ne revenait pas la chercher avant plusieurs heures. Toutes les affaires à l’intérieur de son sac étaient trempées. Elle se mit à pleurer en plein public, trop prise par l’anxiété pour trouver l’énergie de regarder autour d’elle. Elle savait bien qu’on devait probablement la regarder, mais elle était pour l’instant tétanisée et ne pouvait plus bouger.
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MessageSujet: Re: Comme à Vegas, mais sur l'eau.   Comme à Vegas, mais sur l'eau. Icon_minitimeMer 17 Mai - 18:01

La riche héritière remarqua aussitôt que son fils ne lui accordait pas toute son attention. Avec d'autres, cela aurait pu l'agacer (notamment Luisa, parce qu'elle savait parfaitement que cette dernière l'aurait fait exprès pour l'ennuyer), mais elle se doutait bien qu'Esteban ne l'ignorait pas sciemment : son fils chéri, adoré et vénéré ne ferait jamais une chose pareille. Il était probablement bien trop perturbé par cette histoire de corne de bateau, bien qu'il se serait trouvé aussitôt soulagé s'il avait daigné lui prêter attention... Enfin.

Elle ne cherchait pas à répondre à ses tentatives de "récupération" de leur moyen de transport, puisqu'elles étaient inutiles. Cependant, elle le connaissait bien assez pour savoir qu'il ne valait mieux pas l'empêcher de parler : son esprit libre faisait qu'il appréciait très peu qu'on lui interdise de s'exprimer autant qu'il en avait envie, elle l'avait parfois appris à ses dépends. Elle le laissa donc tranquille, son regard sombre parcourant les alentours. Quelque chose l'inquiétait, et elle en fit part à son enfant : où était cet homme chargé de son transport, sa sécurité et sa protection au moment où il sortait dehors, opération vivement déconseillée sans surveillance au vu de ses conditions délicates ?

Le jeune vampire avait de la chance que sa mère soit trop préoccupée par la possible présence de personnes malintentionnées aux alentours pour remarquer la moue qu'il fit à sa question. Sans quoi, il aurait probablement eu droit à une leçon concernant le respect qu'il devait à certains de ses aînés, et plus encore à celle qui lui avait donné la vie et qui n'avait pas l'air de lui demander quelque chose d'improbable. Par ailleurs, sa question était tout à fait justifiée : que feraient-ils si le pire devait arriver, sans Octavio ou Gael à portée de main ?

Elle ne fut pas tout à fait convaincue par la réponse que son fils lui offrit. Certes, le visage de l'homme de main était probablement connu, mais quel était alors l'intérêt de l'avoir engager pour veiller à sa sécurité s'il n'était pas là dans les moments les plus importants ?! La moue contrariée de la mexicaine aurait pu laisser place à sa désapprobation inquiète s'ils n'avaient pas été abordés par une jeune femme qui leur demanda si le bateau était sur le point de partir.

La première chose que l'on notait chez elle, outre ses traits qui témoignaient d'une ascendance éloignée, tout comme les leurs (bien que la provenance ne soit pas la même), était sa chevelure, d'une couleur peu conventionnelle mais qui lui allait plutôt bien. Evidemment, cela faisait partie des choses qu'Olivia était capable d'apprécier chez les autres, mais qu'elle ne songerait jamais à mettre en place sur elle-même. Elle cachait d'ailleurs très bien ses cheveux blancs naissants grâce aux bons soins de Maria, sa coiffeuse personnelle qu'elle avait fait venir du Mexique dès son mariage et qui l'avait toujours suivie depuis.

Bien plus prompte que son fils à reprendre ses esprits et à entretenir des mondanités, elle répondit agréablement à la question posée, avant de pencher légèrement la tête sur le côté pour écouter les explication de son fils avec un sourire qui ne cachait rien de son amusement. Son regard noir pétillait de tendresse : qu'elle aimait le voir ainsi, si proche de l'enfant qu'il avait été... les dernières années l'avaient changé, et elle se savait y être pour quelque chose. Avoir la preuve que, parfois, son bébé était toujours l'être innocent, maladroit et étourdi qu'elle avait élevé avait quelque chose de rassurant.

Elle pouffa élégamment, cachant ses lèvres de sa main libre, les yeux possédant toujours cette lueur aimante.

"Je n'ai jamais dit le contraire, mon chéri."

L'idée de souligner son appartenance à la race vampirique ne lui était même pas venue à l'esprit. Après tout, ce n'était pas le bruit qui lui avait permis d'en capter l'origine, mais plutôt sa recherche du garde du corps, qui l'avait amenée à regarder partout et à remarquer les manœuvres du ferry un peu plus loin.

La jeune fille les remercia, et Olivia tourna à nouveau son regard vers elle avec un sourire.

"Mais je vous en prie, Mademoiselle."

L'inconnue enchaîna presque aussitôt sur une explication concernant ses cheveux, à laquelle Olivia ne prêta que peu d'attention. Pour être honnête, elle était plus passionnée par la forme que par le fond, trouvant presque immédiatement une amusante similitude entre la façon dont la jeune femme discourait et le bagout dont son propre fils faisait preuve quatre-vingt-dix pour cent du temps. Elle éprouvait par là-même une certaine tendresse à l'adresse de cette nouvelle rencontre, et s'était décidée à poursuivre la conversation (après tout, n'était-il pas prévu qu'ils se rendent au même endroit ?) quand la jeune fille s'éloigna après un dernier remerciement. Olivia la suivit quelques instants des yeux, une petite moue déçue s'esquissant sur ses lèvres.

"Quel dommage... Cette jeune fille paraissait parfaitement aimable et d'agréable compagnie."

Il ne fallut pas longtemps pour que la déception sur le visage d'Olivia ne se change en horreur quand elle aperçut la figure tomber dans l'eau du fleuve. La multimilliardaire porta ses deux mains à sa bouche dans une aspiration affolée, se détachant par là-même d'Esteban. Quelques secondes plus tard, elle s'était assez remise pour prendre son téléphone personnelle dans son sac à main et le porter à son oreille, après avoir composé le raccourci correspondant au numéro de Gael.

Elle était en train de s'approcher de l'endroit où la jeune fille était tombée, traînant son fils avec elle si ce dernier ne s'était pas déjà précipité à la rencontre de la pauvre enfant. Son garde du corps décrocha et elle s'adressa à lui dans un espagnol rapide.

"Oui, Gael, pourrais-tu passer chez Luisa et lui emprunter une de ses robes, s'il te plaît ? Et une serviette, il y a une jeune fille qui est tombé à l'eau sur les Quais, et elle risquerait d'attraper grand froid... Précise-lui bien un modèle convenable ! Fais au plus vite."

Elle attendit à peine la réponse de son employé (qui ne pouvait qu'être positive) avant de raccrocher et de s'approcher de la jeune fille qui s'était mise à pleurer. Se mordant la lèvre, Olivia chercha à lui poser une main qui se voulait rassurante sur l'épaule, à l'instar de sa voix douce qu'elle adopta et dans laquelle transperçait son inquiétude.

"...Mademoiselle ? Mademoiselle, vous allez bien ? Ne vous inquiétez pas, je viens de parler à l'un de mes employés et il devrait nous apporter de quoi vous sécher et vous changer très rapidement. Il est particulièrement efficace."

Entre temps, elle ne doutait pas qu'Esteban aurait les réflexes de jeune homme charmant qui lui permettrait de se réchauffer un minimum.
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MessageSujet: Re: Comme à Vegas, mais sur l'eau.   Comme à Vegas, mais sur l'eau. Icon_minitimeJeu 18 Mai - 21:27

Olivia cherchait à le rassurer. Le regard qu'ils échangèrent ne dura qu'une microseconde, mais parut se cristalliser dans le temps et l'espace par son intensité, et par le lourd sens qu'il portait.

Esteban paraissait un peu sceptique. Il avait cherché à décharger son ouïe de la responsabilité de l'incident sans penser qu'Olivia croirait vraiment à son excuse. Il ne s'était en tous les cas pas convaincu lui-même. Parfois, il était d'humeur cynique. Dans ces moments, il assumait pleinement sa condition, voire mettait un point d'honneur à la rappeler à ceux qui préféraient l'oublier par simplicité. Cela dit la plupart du temps lorsqu'il était avec sa mère, Ils étaient tous les deux très doués pour faire l'autruche. Mais ce n'était pas parce qu'une chose restait non formulée qu'elle n'était pas dûment cogitée. Il était au contraire plus difficile pour chacun des penseurs concernés de savoir à quel point elle pouvait contrarier l'autre.

Esteban était dans un de ces moments où il régressait légèrement, moins capable d'accepter son vampirisme qu'il ne pouvait l'être la plupart du temps. C'était souvent le cas dans ces situations d'oisiveté heureuse qui lui rappelaient la vie qu'il avait mené avant que tout ce calvaire ne commence. Cette situation où il donnait en spectacle ses perceptions surnaturelles le contrariait donc un peu. Mais ce qui l'embêtait le plus, c'était de l'avoir fait en face de sa mère, qui détestait lorsqu'il ne paraissait pas suffisamment humain. Il éprouvait encore un complexe cuisant à ce rapport.

Non seulement il venait de se ridiculiser en public, mais en plus, la façon dont il avait bloqué sur les cheveux de cette jeune étrangère s'était remarquée. Esteban en serait bien mort de honte si telle chose avait encore été possible. Malheureusement, cela faisait déjà plusieurs années qu'il était techniquement trépassé, ce qui lui permettait notamment de garder très bonne mine alors qu'il aurait dû rougir comme une tomate, en se rendant compte que la jeune fille s'était sentie obligée de justifier ses choix capillaires.

Le désagrément passa vite lorsqu'il se rendit compte qu'elle n'avait pas l'air embêté par son indiscrétion et qu'elle se montrait même très ouverte à l'idée de contenter sa curiosité. Sans qu'il sache exactement dire en quoi, la façon dont elle s'exprimait lui plaisait énormément. Il n'était pas suffisamment lucide quant à son propre comportement pour se rendre compte qu'elle se perdait en détails et en anecdotes comme il lui arrivait si souvent de le faire quand il prenait la parole. Il se prit à se passionner pour ses explications. Les yeux brillants, le sourire satisfait, il était prêt à rétorquer des choses gentilles pour la rassurer quant à sa très engageante individualité, mais il n'en eut pas le temps, car elle sembla prendre peur et se détourna rapidement.

Il la regarda s'éloigner avec une moue de déception, sa bouche formant un petit "o" discret. Voilà une jeune femme qui paraissait être de très agréable compagnie, et qu'il aurait volontiers invité à les suivre sur le Paddle Steamer afin qu'ils profitent ensemble d'un bout de la soirée. Quelques instants plus tard, Olivia faisait une remarque si proche de ses pensées qu'il avait l'impression de les lui avoir transmis télépathiquement. Il pouffa élégamment, et lui décocha une œillade chaleureuse. Il aimait beaucoup ce genre d'instants. Leur relation fusionnelle avait été lourdement endommagée dans les temps chaotiques qui avaient suivi sa transformation. Il était rassurant de voir qu'ils étaient encore capables d'atteindre un tel degré de complicité malgré les déchirures, toujours douloureuses.

"J'approuve entièrement ton avis."

Puis, il y eut un énorme plouf. Esteban pensa qu'il devait s'agir d'un chien qui avait eu trop chaud, ou bien à qui on avait envoyé une balle dans l'eau. Ou peut-être d'un poisson qui aurait bondi par dessus la surface, quoique cela l'aurait tout de même étonné que ce genre d'animal peuple les rives urbaines du Mississippi, car il n'en avait jamais vu avant, et n'en avait jamais entendu parler non plus.

Quand Olivia s'arracha à son bras et qu'une sirène s'éleva si fort à proximité qu'il eut l'impression que ses tympans allaient se fendre, il dut pourtant se rendre à l'évidence : la situation n'avait rien d'aussi banal. Son visage tomba en déconfiture lorsqu'il vit la jeune fille de tout à l'heure reposer accroupie sur la rive, en pleurs et complètement trempée. Il commença par se dire qu'ainsi, ses cheveux paraissaient déjà nettement plus foncés. Puis il se rendit compte du caractère saugrenu que pouvait avoir cette idée, germée dans un moment pareil, et il bondit en avant sans même y avoir réfléchi.

La pauvre. Elle devait se trouver affreusement mal. Si il avait été à sa place, il aurait déjà hurlé au scandale et appelé le premier responsable portuaire venu afin de se plaindre des mauvais aménagements qui rendaient ce genre d'accidents possibles. D'ailleurs, il faudrait peut-être qu'il le fasse à sa place, comme elle n'avait pas l'air d'être en état de s'énerver.

Il s'agenouilla auprès d'elle et voulut l'aider. Son premier réflexe fut de tirer de sa poche l'un de ces fameux mouchoirs Hermès qu'il transportait souvent et de lui essuyer le front avec, mais tandis qu'il approchait le tissu de sa peau il se rendit compte que ce n'était peut-être pas le meilleur endroit à sécher. Il voulut alors l'approcher de sa joue, mais se retint encore. Il n'allait jamais y arriver. Son épaule alors ? Diantre non ! Elle était beaucoup trop mouillée pour qu'il parvienne à quoique ce soit avec ce chiffon ridicule. L'air gêné, il hésita encore pendant quelques instants maladroits avant finalement de lui tendre l'objet. Elle saurait probablement mieux quoi en faire que lui. Et cela lui évitait aussi un contact physique qui se serait probablement révélé embarrassant.

"Tenez... J'en ai un autre si vous voulez même si je ne sais pas si..."

Il entendait sa mère téléphoner derrière lui. Il avait pensé appeler Octavio pour lui demander exactement la même chose, mais puisqu'elle avait pris l'initiative, il pouvait mettre sa concentration ailleurs. Il hésita quelques instants à retirer sa veste, car il détestait salir ses vêtements et qu'il aurait l'air nettement moins bien habillé si il se débarrassait de cet atour indispensable. Il jugea très vite ses préoccupations mal avisées. A quoi pensait-il donc ? Il était évident que la priorité était à ce que la pauvre accidentée évite de prendre froid, et à ce qu'elle soit un peu consolée de son malheur. Si le vêtement était irrécupérable, eh bien il n'aurait qu'à en faire refaire un autre à l'identique. Quant à sa tenue incomplète, il pouvait bien la supporter, exceptionnellement. Ou bien se faire apporter un blazer de rechange.

Avec un sourire qui se voulait apaisant, il plaça donc la veste sur les épaules de la malheureuse.

"Ne vous inquiétez pas. Ma mère est en train de faire venir un change pour vous, et de quoi vous sécher. Comme il fait bon, le temps devrait permettre à vos vêtements de ne pas rester mouillés trop longtemps mais nous demanderons au personnel du navire de disposer vos biens dans une de leurs salles de repos. Nous trouverons bien quelqu'un pour les remettre en état. Avez-vous besoin de quoique ce soit d'autre ?"

Un homme passa à côté d'eux et sembla vouloir s'enquérir de la situation. Esteban tourna les yeux vers lui et reconnut rapidement le badge qu'il portait, indiquant qu'il travaillait pour le Paddle Steamer. Eh bien ce n'était pas un responsable du port, mais ça y ressemblait suffisamment. Il pourrait toujours faire passer le message. C'était plus facile de le réprimander lui plutôt que de s'embêter à passer des coups de fil jusqu'à tomber sur la bonne personne. Il darda sur l'homme des yeux qui lançaient des étincelles de fureur piquantes. Esteban se redressa sous le nez éberlué du marin, qui recula d'un pas et encaissa tout sans trouver comment réagir :

"Comment pouvez-vous laisser les gens marcher sur ces pavés médiocres ??! REGARDEZ ÇA ! Ils ne sont même pas réguliers ! Est-ce que vous vous rendez-compte de combien il est aisé de se prendre les pieds là dedans ? PIRE. Où est le garde-fou ? Vous devriez avoir HONTE ! C'est un problème publique...  de santé... sanitai... Eh puis zut. Ce n'est absolument pas CONV... SALUBRE. J'entends bien que vous y fassiez quelque chose avant que nous ne soyons obligés de nous occuper de l'affaire de façon plus personnelle !"

"... Pardon ?"

"Vous m'avez parfaitement entendu !"

L'employé paraissait avoir toutes les difficultés du monde à comprendre ce qui était en train de lui arriver. Et Esteban, avoir oublié qu'il était censé faire profil bas.
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MessageSujet: Re: Comme à Vegas, mais sur l'eau.   Comme à Vegas, mais sur l'eau. Icon_minitimeVen 19 Mai - 13:53

Alice entendit à peine qu’on lui adressait la parole, tant elle était dans le flou. Le monde entier lui semblait une menace. Elle perçut cela dit des mots gentils et une main pleine de bienveillance, ce qui renforça ses pleurs de plus belle. Elle ne s’attendait pas à tant de sollicitude ; elle aurait plutôt pensé que tout le monde se moquerait d’elle. La personne qui avait parlé avait mentionné le fait qu’on allait lui apporter de quoi se sécher.

Toujours recroquevillée et avant d’avoir trouvé le temps de répondre convenablement, elle vit également que quelqu’un lui tendait un mouchoir en tissu. Elle l’attrapa prestement, comme un petit animal blessé, sans regarder qui le lui avait donné. Puis elle sentit une veste sur elle. Cela eut non seulement pour effet de la réchauffer, mais aussi d’apaiser son anxiété. Les choses n’allaient peut-être pas si mal que ça, en fin de compte. Elle avait tout de même encore honte d’elle-même, et c’est avec appréhension qu’elle leva le regard… Pour voir le jeune homme devant qui elle avait déballé sa vie.

- Aah ! Je suis désolée… Je ne voulais pas… Je suis allée trop loin… J’étais en train de réfléchir, et puis tout à coup, voilà que je suis tombée à l’eau ! Quelle belle entrée en matière, quelle idée vous pouvez bien avoir de moi avec cette histoire… D’abord les cheveux, maintenant ça… Pour ma première sortie à la Nouvelle Orléans, c’est une sacrée réussite, on peut le dire.

C’était reparti pour un tour. Alice avait recommencé à se perdre en explications et en justifications, au lieu de simplement remercier son bienfaiteur, ce qui aurait été tout de même plus respectueux. Elle ne s’entendait même plus parler : la machine s’était déclenchée.

Son bienfaiteur ne semblait pas vouloir s’arrêter là. En plus de lui avoir offert un mouchoir et sa veste, il chercha à dénoncer ce qui lui semblaient être les responsables de sa chute. Alice cru devoir intervenir, car après tout, c’était bien de sa faute à elle.

- Euh, dites… Je vous remercie, mais en fait, j’étais perdue dans mes pensées, et j’ai zigzagué jusqu’à l’eau sans m’en rendre compte. Mais maintenant que vous le dites, c’est vrai que les pavés sont un peu irréguliers !

Alice se rendit compte qu’elle n’avait pas bien observé ses deux interlocuteurs jusqu’alors. Ils semblaient, en fait venir d’un autre monde tant ils étaient élégants. Ils étaient tous deux semblables et tout donnait l’impression d’être fait pour concorder, jusqu’à leurs vêtements. Alice fut prise d’un petit accès de jalousie. Elle aurait aimé avoir ce genre de relation avec sa mère. A la maison, c’était étouffant. Ce n’étaient que disputes sur disputes, pour des petites choses. Sa mère ne comprenait jamais rien à rien. Elle lui mettait toujours des bâtons dans les roues. C’était d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles elle avait décidé de venir rendre visite à sa tante pour quelque temps. Elle ne pouvait tout simplement plus supporter le climat familial chez elle, en France.

C’est, prise dans ses pensées, qu’Alice remarqua que le bateau arrivait enfin à quai.
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MessageSujet: Re: Comme à Vegas, mais sur l'eau.   Comme à Vegas, mais sur l'eau. Icon_minitimeDim 21 Mai - 19:17

Olivia ne fut pas étonnée d'entendre que le dépit d'Esteban faisait écho au sien. Cette jeune femme paraissait tout à fait exquise, correspondant (malgré sa couleur de cheveux atypique) à leurs critères de convenabilité. Elle paraissait timide, bien sûr, mais ce n'était pas le genre de chose qui les dérangeait en temps normal. Au contraire, la mexicaine avait tendance à trouver cela particulièrement attendrissant, peut-être parce que cela lui rappelait son fils, sans qu'elle ne se l'avoue vraiment.

Puis la jeune femme tomba à l'eau et l'héritière s'affola, dégainant aussitôt son téléphone tandis qu'elle s'avançait en direction de l'endroit où elle était tombée. Elle semblait en un seul morceau, mais bien évidemment trempée, et vraisemblablement prise d'une crise d'angoisse à laquelle Olivia ne pouvait que compatir.

Gael décrocha, et elle lui adressa ses demandes tandis qu'elle apercevait Esteban s'occuper de la jeune fille en lui tendant un mouchoir avant de se défaire de sa veste pour la poser sur ses épaules. Un sourire tendre fleurit sur ses lèvres : qu'il était gentleman, son Niñito... Elle avait elle-même posé une main sur l'épaule de la jeune femme sitôt sa conversation téléphonie terminée, afin de la rassurer. Elle écouta sa réponse avec sollicitude et lui adressa un autre sourire qui se voulait rassurant.

"Ne vous inquiétez pas Mademoiselle. Nous comprenons bien que l'on éprouve rarement l'envie de se mettre ainsi à l'eau, et tout le monde peut être pris dans ses pensées par moments. Vous n'avez pas à vous excuser, nous allons faire le nécessaire pour que cette mésaventure se règle le plus rapidement possible et ne puisse pas arriver à d'autres."

Pour ce faire, Esteban était justement en train d'alpaguer un membre du Paddle Steamer. Il lui reprochait, tout à fait justement, le manque de barrières de sécurité qui devaient éviter ce genre de problème. Et encore, ils avaient eu de la chance que cette jeune femme sache nager ! Comment auraient-il réagi s'il eut s'agit d'un enfant, ou d'une personne âgée qui n'aurait pas eu la force de se hisser à nouveau sur le ponton ? C'était tout à fait intolérable, et Olivia ne pouvait que soutenir son fils sur ces propos.

Cependant, la riche héritière ne cachait pas sa désapprobation face à la scène qu'était en train de réaliser son enfant. Non pas pour ces propos : comme elle venait de le dire, elle était tout à fait d'accord avec lui. Mais pour la façon dont il s'affichait : Esteban était en danger à chaque minute qu'il passait à l'extérieur, depuis que son père et son oncle avaient juré de le retrouver et de le détruire. Son instinct maternel était farouchement opposé à une telle issue, mais le bruit qu'il faisait dans cette situation, même légitime, n'était pas en sa faveur.

Ce pourquoi la quarantenaire délaissa provisoirement l'épaule de la jeune femme pour poser sa main sur elle d'Esteban.

"Niñito, s'il te plaît... Evitons de trop nous faire remarquer."

Elle parlait tout bas, profitant du fait que la jeune femme était cette fois en train de s'expliquer auprès de l'employé. Olivia fronça cependant les sourcils en entendant qu'elle était en train de remettre la faute sur elle-même. Ah ça non, alors ! Ce fut donc à son tour de se redresser et de s'adresser au pauvre homme qui n'avait rien demandé (et n'était pas bien placé pour répondre à leurs plaintes) de toute sa hauteur aristocratique.

"Cette jeune femme est trop aimable pour son propre bien. Peut-être était-elle perdue dans ses pensées, mais qu'aurions-nous pu faire s'il eut s'agit d'un enfant qui, s'amusant à courir partout, se serait pris les pieds dans ces pavés et tombé à l'eau alors qu'il ne savait pas nager ? Ou d'une personne âgée, qui n'aurait certainement pas trouvé la force de se hisser à nouveau sur le bord ? Et je ne vous parle même pas des animaux de compagnie bien souvent promenés sans laisse. Savez-vous qu'il existe de nombreuses races de chiens qui ne savent pas nager ? Une telle négligence est intolérable, et j'aurais tôt fait de faire part de ce souci au Sénateur de la Nouvelle-Orléans qui, je vous assure, prendra cela extrêmement sérieusement."

Ses yeux sombres fixaient ceux du pauvre employé qui ne pouvait rien faire d'autre que rester là à les écouter. Semblant remarquer pour la première fois l'insigne sur son uniforme, l'héritière enchaîna.

"Oh, et auriez-vous l'obligeance de nous attribuer un salon privé sur votre bateau afin que cette jeune femme puisse se changer et ainsi éviter d'attraper un horrible rhume ? Mon garde du corps devrait arriver d'un moment à l'autre avec le nécessaire, si vous pouviez nous l'apporter aussitôt, ce serait très apprécié."

Elle tendit ensuite une main vers leur toute nouvelle rencontre.

"Venez, jeune fille, allons vous mettre à l'abri des vents."

Poliment, Olivia attendait qu'on accepte son contact, avant de se diriger, l'allure princière, vers le casino sur l'eau, très certainement avec son fils à son côté, laissant un employé la bouche grande ouverte, réaliser à qui il venait certainement de faire face.
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MessageSujet: Re: Comme à Vegas, mais sur l'eau.   Comme à Vegas, mais sur l'eau. Icon_minitimeDim 21 Mai - 23:08

Oh ! C'est qu'elle lui avait pris le mouchoir bien sèchement. Esteban se rendait tout à fait compte que la pauvre jeune fille n'avait pas fait exprès, et il ne lui serait pas venu à l'idée de lui en vouloir pour ce comportement abrupt, mais il devait admettre qu'il était rarement la cible de tels manquements et que, de ce fait, le geste l'avait un peu secoué.

Après avoir cligné des yeux, l'air ahuri, il se remit du choc et s'anima d'un coup. Suite à un bref débat avec lui-même il décida de poser sa veste sur les épaules de la jeune femme. L'idée devait avoir été bonne, car il ne fallut que quelques instants de plus pour qu'elle paraisse émerger d'une mer de  panique invisible comme elle l'avait fait avec l'eau un peu plus tôt.

Elle jeta sur Esteban un regard effrayé. Il hésita. Était-ce parce qu'elle s'était rendue compte qu'il n'était pas humain ? Elle commençait à s'excuser de tout un tas de choses. L'héritier comprit vite que cela n'avait en réalité rien à voir avec sa condition. Cachant la blessure qu'elle avait involontairement réveillée derrière un sourire aimable, Esteban fit de son mieux pour perdre ces vilaines préoccupations dans le débit généreux qu'on lui offrait.

Débit qui, décidément, entrait en compétition avec le fameux "Flot de Paroles Ininterrompu" par lequel on décrivait bien souvent la verve étourdie d'Esteban. Il ne donna ni l'impression d'être surpris, ni d'avoir le moindre mal à suivre les propos de son interlocutrice, pour la simple et bonne raison qu'ils suivaient à merveille les logiques que son esprit fantasque savait si bien construire. Il était, au contraire, absolument ravi d'avoir trouvé une interlocutrice dotée d'un tel bagou.

"Oh, mais c'est tout à fait naturel, de réfléchir en marchant ! Je veux dire. Il est bien difficile de faire l'un et l'autre à la fois correctement, et si l'environnement se montre hostile et ajoute encore au défi, forcément, on voit des accidents. Mais c'est tout à fait votre droit de réfléchir ! Ainsi que de marcher. Comme on le voit, la faute est ailleurs ! Et en parlant d'ailleurs, par ailleurs, je suis enchanté de faire votre connaissance, même si je ne l'ai pas encore tout à fait faite. Et si c'est votre première sortie alors je suis ravi d'en avoir fait partie."

Il ouvrit grand les yeux, constatant qu'il venait encore de dire une sottise. Il fit de grands gestes de doigts pour réfuter l'idée qu'il pensait avoir bien involontairement sous-entendue.

"... Mais je ne suis absolument pas ravi que vous soyez tombée à l'eau ! Ce n'est pas ce que je voulais dire du tout !"

Olivia, qui devait probablement avoir jugé bon de le laisser parler jusqu'au bout, car il appréciait très peu d'être coupé, prit à son tour la parole et tira l'essentiel de ce que mère comme fils essayaient d'exprimer : Elle n'avait très certainement pas fait exprès de tomber, ce n'était rien et il ne fallait pas qu'elle éprouve honte ou culpabilité, car dans cette histoire, elle n'était qu'une malencontreuse victime.

Il était par contre grand temps de sermonner les responsables. Comme l'un d'entre eux passait par là, Esteban se releva et l'alpagua, afin de lui passer le savon adéquat et de demander à ce que les erreurs de conception de ce port de pacotille soient reprises au plus vite.

Esteban était sûr de son bon droit, et sûr qu'Olivia devait être tout à fait d'accord avec son coup d'éclat. Par le passé, à chaque fois qu'il en avait eu, il avait toujours été parfaitement certain d'être dans le juste et on n'avait jamais cherché ni à le convaincre de l'inverse, ni à l'arrêter. Il fut donc très surpris de sentir la main d'Olivia le toucher, et plus encore de l'entendre lui conseiller la discrétion. Ulcéré, il tourna sur elle un regard rond.

"... Mais... ?"

Esteban savait bien qu'il était en danger. Il avait pris d'énormes précautions pour éviter les risques qu'on attente à sa vie, ou de se faire enlever. C'était aussi pour ça qu'il sortait peu, et jamais sans faire bien attention à ce qu'on ne puisse pas tracer ses itinéraires, car il fallait absolument que l'emplacement de son lieu de vie reste un secret. Cela dit, il y avait des limites à ce qu'il était prêt à sacrifier pour sa sécurité. Il était à visage découvert et accompagné de sa mère, laquelle était aussi célèbre que lui. Fallait-il vraiment qu'il s'empêche de respirer - ou plus exactement d'enguirlander les employés des lieux dont il était client à sa guise - tandis qu'ils avaient probablement déjà été reconnus par beaucoup ?

Coupant court à ce bref instant dramatique, la jeune fille toujours trempée crut bon de prendre la parole pour se rendre responsable de l'accident. Alors qu'Olivia fronçait les sourcils, Esteban se tourna entièrement vers elle, l'air encore plus choqué qu'avant, si c'était possible.

Et si c'était encore possible, son expression gagna un degré d'émotion supplémentaire quand il pivota à nouveau en direction d'Olivia qui venait de bondir sur l'employé afin de l'admonester avec autant si ce n'est plus de véhémence qu'il l'avait fait plus tôt. Alors comme ça, lui n'avait pas le droit mais elle, elle pouvait encore se le permettre ? Ce n'était absolument pas juste !

A la fois vexé et chagriné, Esteban se détourna en faisant la moue. Il s'agenouilla pour tenir compagnie à l'accidentée qui devait probablement se sentir seule, accroupie au milieu d'eux, et il essaya de se montrer rassurant, à défaut de pouvoir mieux faire.

"Ne vous inquiétez pas. Le souci sera très vite réglé, et nous pourrons continuer la soirée comme il était prévu qu'elle soit."

L'ego et le moral griffé par les précédents événements cependant, Esteban sentait monter en lui le spectre d'une époque sordide. Le sentiment avait beau être très diffus, il restait affreusement désagréable et il le fit frissonner. Une vague nausée montait. Les sons et les mouvements alentours commençaient à blesser sa conscience, à lui donner l'impression d'étouffer, ou de se noyer dans son propre esprit. La vague à l'âme, il tourna un regard intense sur l'eau et son visage se ferma. D'une façon fort peu convenable, mais  typique des longues périodes qu'il avait passé prostré dans le grand penthouse de verre, il entoura ses genoux de ses bras, et il laissa le temps, et la voix de sa mère couler comme d'épaisses cascades qui l'enclavaient sans l'atteindre.

Quand Olivia cessa de crier, il perçut le changement, et il sortit de ses absences de pensée angoissantes. Il prit conscience qu'il devait être resté bien froid et bien silencieux durant tout le temps des remontrances, ce qui était inexcusable. Soucieux de mieux faire, il accrocha un sourire sur ses lèvres et voulut tendre la main à la jeune femme afin de l'aider à se relever.

Mais c'était trop tard. Olivia, dans son emportement, avait été plus rapide que lui, si bien qu'il se retrouva bien bête avec ses doigts, avancés dans le vide comme pour l'étreindre inutilement. Ne se rendait-elle donc pas compte que ça avait été à lui d'avoir ce geste ? Comptait-elle l'empêcher de tout faire, sous prétexte qu'il se mettait en danger en respirant, maintenant ?

Voilà qui achevait de le mettre dans une humeur massacrante. Le nez pincé, le dos droit, l'air digne mais profondément insatisfait, il rattrapa les deux autres. Il envoya dans la direction d'Olivia une remarque tout particulièrement acide.

"Tu sais, mama. Tout le monde sait qui tu es, et tout le monde voit que tu es avec moi. Si c'était pour faire l'exacte chose que tu m'as déconseillée, alors tu aurais tout aussi bien pu éviter de me faire ces reproches. Car cela revient au même, au cas où tu ne l'aurais pas remarqué. Ce n'est pas parce que tu n'as pas de crocs que tu es au dessus de ces considérations."

Boudeur, il croisa les bras. L'instant rappelait qu'il n'était plus exactement le même. Qu'il avait changé. Par le passé, lorsqu'il était contrarié, il lui arrivait de se montrer teigneux, incisif, et donc ce n'était pas nouveau. La différence tenait à son regard qui se teintait de noir et de cynisme, et dans le choix des mots, qui devenait volontairement cruel à l'occasion. Il mettait en avant la condition qu'il passait le reste de son temps à atténuer. Il visait volontairement les fissures dans le but de blesser, tout comme il avait été blessé par le passé. Il allait probablement s'en vouloir plus tard, mais c'était quelque chose qu'il ne contrôlait pas. Chaque coup devait être rendu. Il n'était pas suffisamment guéri pour laisser d'autres balafres s'infecter.
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MessageSujet: Re: Comme à Vegas, mais sur l'eau.   Comme à Vegas, mais sur l'eau. Icon_minitimeLun 22 Mai - 14:16

Alice s’était un peu calmée. Les remous de l’anxiété commençaient à s’apaiser. Les deux inconnus avaient bien entamé la conversation avec elle, et elle s’était, semblait-il, fait deux alliés de poids. Elle entendit la femme faire une remarque au garçon, mais elle ne s’en formalisa pas ; peut-être n’aimait-elle tout simplement pas sortir du lot, ce qui lui parut étrange, étant donné la manière dont elle s’exprimait. Alice se demanda à qui elle avait affaire, et elle se surprit à penser qu’il valait mieux avoir cette personne dans ses amis plutôt que dans ses ennemis.
Honteuse d’avoir formulé intérieurement une pensée aussi franche, la jeune fille se mit à rougir.

L’hypersensibilité d’Alice lui permettait de remarquer certaines choses. Si les paroles du jeune homme n’en laissaient rien paraître, il avait l’air contrarié, et puis tout chez lui criait qu’il était mal à l’aise, dans son langage non verbal. Elle garda cette information pour elle, se disant qu’elle pourrait toujours lui demander plus tard si tout allait bien. Pour l’instant, ils ne se connaissaient pas assez pour qu’elle aborde la question des ressentis intimes. Elle ne voulait pas détruire le début d’une relation qui promettait de bonnes choses.

Alice accepta bien volontiers qu’on la dirige vers le bateau. De plus, elle allait pouvoir se sécher, se changer, tout ça dans une cabine privée. Elle s’imagina des fauteuils et des canapés moelleux, dans les teintes rouges, avec des tapis pour réchauffer la pièce. Se rendant compte qu’elle ne les avait pas encore remerciés convenablement, Alice se tourna vers la femme et le jeune homme à tour de rôle et leur adressa ces quelques mots :

- Je ne sais comment vous remercier pour votre bonté et pour votre gentillesse… Jamais je n’aurais imaginé rencontrer des personnes aussi polies et aimables lors de ma première sortie ! Vous êtes aux petits soins pour moi. J’ai comme l’impression que votre générosité n’a pas de limites… Puis-je vous demander vos noms ?

Le jeune homme était blessé. Dans les paroles qu’il avait adressées à sa mère transpirait une sorte de colère sourde. Mais comme elle s’en était fait la réflexion auparavant, ce n’était pas le moment de se mêler de cela. S’ils avaient des choses à se dire, elle se ferait discrète. Elle savait bien faire ce genre de choses. En attendant, elle essaya de lui dire quelque chose, pour qu’il sache qu’elle était ravie de faire sa connaissance :

- Merci d’avoir pris ma défense, toute seule, je n’aurais jamais osé leur dire qu’il faut réaménager les quais. Je n’oublierai jamais également le mouchoir et la veste que vous m’avez offerts. Je m’appelle Alice.
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MessageSujet: Re: Comme à Vegas, mais sur l'eau.   Comme à Vegas, mais sur l'eau. Icon_minitimeMer 24 Mai - 5:56

Si Olivia avait pris la barre concernant les remontrances, ce n'était absolument pas pour priver son fils de son bon droit (qu'elle soutenait totalement, par ailleurs) mais plutôt parce qu'elle ne voulait pas qu'il se fasse trop remarquer. Il avait déjà bien des soucis et prenait bon nombre de risques pour cette simple soirée, mieux valait éviter donc d'en rajouter.

Il ne lui était pas venu à l'idée qu'Esteban pourrait prendre aussi mal sa réaction. Elle n'avait pas remarqué son enfermement sur lui-même, persuadée qu'il allait en profiter pour avoir une agréable conversation avec la jeune fille, vraisemblablement trop timide et bien élevée pour faire à cet employé les reproches qui étaient clairement mérités.

Alors, quand ils partirent tous trois en direction de la passerelle qui pourrait les amener sur le Paddle Steamer, la mexicaine ne s'attendait absolument pas à la démonstration d'humeur de son enfant. Aux paroles de la jeune femme, elle offrit un sourire aimable et bienveillant et s'apprêta à répondre, avant que la voix d'Esteban ne retentisse.

Elle connaissait ce ton. Instantanément, ses épaules se raidirent et elle donna l'impression de perdre plusieurs centimètres. Chaque parole prononcée par son fils frappait un peu plus fort, jusqu'à la dernière phrase qui, comme un coup de grâce, l'amena presque à rentrer la tête entre les épaules. Seule la présence de la jeune femme à ses côtés l'empêchait de se donner ainsi en spectacle.

Il lui fallut bien longtemps avant de parvenir à contrôler suffisamment le tremblement qu'elle sentait dans sa voix pour répondre. Tant et si bien que la jeune femme avait à nouveau pris la parole. Elle s'appelait Alice, leur indiquait-elle. L'héritière pour sa part ne savait même pas si quelqu'un avait pris la peine de répondre à sa question précédente. L'apparition de celui que Luisa nommait ironiquement "Dark Esteban" (ce qui ne plaisait pas du tout à l'intéressé, comme la plupart des surnoms que lui donnait sa tante) avait tendance à la rendre si craintive qu'elle en oubliait ce qu'elle venait de dire ou faire.

"Je pensais juste qu'il serait plus prudent qu'ils se souvienne de mon apparition plutôt que de la tienne... Certainement une erreur, je suis désolée."

C'était devenu un automatisme. Face à cette part plus sombre de son fils, réveillée par un comportement mal pris ou une phrase déplacée, Olivia s'excusait, peu importe la situation. Parce qu'elle n'était que trop consciente d'être la cause première de ce changement de personnalité, et qu'elle se souvenait bien trop de la souffrance (méritée, évidemment) qu'il lui avait infligée au début, quand elle avait maladroitement cherché à se justifier. Il n'y avait rien de justifiable dans son comportement à l'époque. Et il n'y en avait probablement pas plus à présent.

Ils approchaient de la passerelle, et elle reprit timidement la parole.

"...Entrez donc, je vais attendre ici au cas où Gael mettrait un peu trop de temps et où il faudrait retarder le départ."

Personne ne serait dupe. Probablement.
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Esteban Luz-Descalzo
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MessageSujet: Re: Comme à Vegas, mais sur l'eau.   Comme à Vegas, mais sur l'eau. Icon_minitimeMer 24 Mai - 10:49

Plusieurs facteurs empêchèrent Esteban d'anticiper la réaction de sa mère, tous se résumant au fait "qu'il n'avait pas fait exprès". En effet, le changement de comportement pouvait être si subtil, comme ça avait été le cas à l'instant, que l'intéressé lui-même pouvait à l'occasion ne pas se rendre compte qu'il en était l'objet.

Le jeune homme avait toujours été très susceptible et soupe au lait. Olivia était donc habituée à ses sautes d'humeur parfois inattendues, ainsi qu'aux remontrances de plus ou moins bonne foi qu'il offrait à profusion lorsqu'il se trouvait contrarié. Cela ne l'avait jamais vraiment dérangée par le passé : Soit-elle acceptait aisément qu'il eut raison et le lui accordait avec un sourire où se mêlait patience, tendresse et indulgence-parfaitement-imméritée-et-subjective-qui-faisait-rouler-des-yeux-tous-les-autres, soit il avait été trop loin même pour ses critères, et à son tour, elle se rebiffait comme l'aurait fait un chat en colère croisé avec un paon, et lui administrait un sermon identiquement couvert de picots suintant la mauvaise foi.

Rien n'aurait pu le préparer à la façon dont elle se tassa sur elle-même, donc, donnant l'impression à quiconque l'avait regardée évoluer entre ces deux moments précis qu'elle avait diminué de taille aussi efficacement qu'un pull lavé trop chaud. Sa propre cruauté, nourrie par la douleur qui tournait dans son estomac comme une tambouille infâme, ne lui était apparue que tardivement, parce qu'elle n'était finalement pas si différente de ce dont il avait toujours été capable, et qu'il se sentait très légitime dans son discours.

Il apparaissait pourtant clairement qu'il avait dû aller trop loin, même si quelque chose en lui s'en défendait avec emphase : il avait été très contrarié. En quoi aurait-il été justifié qu'il se garde de le faire remarquer et se contente d'encaisser cette souffrance supplémentaire, et qu'elle aille pourrir dans cet endroit malsain, toujours très sensible, qu'il avait mis si longtemps à évacuer ? Qui, dans le fond, ne l'était pas toujours entièrement et ne le serait probablement jamais ?

Naquit en lui un brin de colère outrée qui se ratatina immédiatement sur lui-même face à la puissance d'autres émotions qui l'ébranlèrent bien plus. Esteban n'était pas très doué pour comprendre ce qui arrivait autour de lui ni pour analyser les réactions d'autrui lorsqu'elles n'étaient pas adressées de façon directe et sans ambiguïté - et il était alors encore capable d'en trouver une saugrenue qui n'existait que dans son esprit - mais là, c'était différent. Il savait à quoi ressemblait la peur chez Olivia, et il savait tout aussi pertinemment lorsqu'il en était la source. Cela le ramenait à d'autres souvenirs brutaux qu'il aurait préféré avoir oublié.

La scène s'effaça brièvement. En filigrane, des mouvements révolus hantaient son champ de vision. Les contours de l'écharpe autour du cou d'Olivia lui blessaient la rétine, ainsi que cette façon qu'elle avait de porter la main à son cou pour - il le savait, maintenant - toucher la blessure poignante que cachait le tissu. Son regard rond ne le reconnaissait plus. Il était devenu autre. Il l'était longtemps resté. Il le redevenait, et il perdait l'équilibre.

Du moins en avait-il eu l'impression, comme si son "lui mental" s'était cassé la figure à l'intérieur de son propre cerveau et regardait la scène depuis le sol, sans réussir à faire le lien avec son corps et sa tête physiques, qui restaient bien droits, et bien en hauteur. C'était à son tour d'être triste et effrayé. Il la voyait s'éloigner, ou s'éteindre comme une flamme, et il voulait prendre sa main pour l'empêcher de disparaître.

Tout à la fois, il était très conscient que la jeune fille qu'ils accompagnaient leur avait parlé et qu'elle avait dit de très gentilles choses. Et qu'aucun d'entre eux ne lui avait encore répondu, ni même fait mine d'avoir entendu ses compliments. Il aurait été parfaitement inconvenant de l'ignorer. Puisqu'Olivia ne donnait pas l'impression qu'elle allait réagir, il lui faudrait le faire pour deux. Même si c'était difficile, parce qu'il tremblait, qu'il avait envie de pleurer, et de hurler tout à la fois. Il se donna du courage en se disant qu'il avait eu à affronter bien pire. Seul. Tout comme il se sentait seul à l'instant. En fin de compte, cette idée ne l'aidait pas du tout. Avant qu'il risque d'échapper un gémissement d'horreur plaintive, il se concentra plutôt pour essayer de reconstituer les mots qu'il n'avait qu'à moitié entendus comme il n'avait pas été très concentré dessus. Autant essayer d'attraper avec les doigts un filet d'éther en évaporation. Gentillesse... Généro.. Oui. Euh. Noms ? Noms ! Ça, il pouvait faire. Il lui adressa un sourire un peu fébrile, qu'il espérait malgré tout engageant.

Comme pour l'aider dans sa reconstitution paniquée, la jeune femme prit une nouvelle fois la parole. Cette fois, il prit bien garde à rester attentif, car cela lui permettrait probablement d'avoir l'air moins idiot, en plus d'éviter de se comporter comme le dernier des goujats. De quoi aurait-il eu l'air, notamment, si il avait oublié ce nom qu'elle lui avait si généreusement donné ?

"Oh mais vous nous flattez... Ce n'était rien, vraiment. Et puis on ne pouvait décemment pas les laisser s'en tirer à si bon compte après que leur négligence ait provoqué un aussi malheureux accident. Et puis ce ne sont qu'un mouchoir et une veste. Trois fois rien, vraiment. Mais je suis très heureux qu'ils vous plaisent ! Enfin. Qu'ils vous soient utiles. Enfin. Vous me comprenez, je crois. Enfin. Je suis Esteban, et voici ma mère Olivia. Nous sommes enchantés de faire votre connaissance ! Enfin. Je crois que je l'avais dit avant. Mais je ne connaissais pas votre nom, alors ça ne comptait pas vraiment ! Je crois."

Il notait qu'elle ne les avait pas reconnus, voire peut-être, qu'elle ne les connaissait pas. Ce n'était pas courant. Pas tout à fait désagréable tant la célébrité avait tendance à lui devenir pesante depuis qu'il avait lancé ce fichu procès, et que les journalistes se ruaient sur lui comme des charognards, désireux de happer dans leurs becs aigus le moindre bout d'information qu'il laissait involontairement traîner. Mais il y avait dans sa prononciation de l'anglais une once d'accent délicat auquel il n'était pas habitué, malgré le lourd passé francophone de sa ville de résidence. Cela lui évoquait les quelques voyages à Paris qu'il avait eu l'occasion d'accomplir avec Olivia par le passé. L'idée fit tilt dans son esprit : une française alors, peut-être ?

Elle ne lui avait donné qu'un prénom, donc il avait fait de même, car cela lui paraissait plus adapté.

Olivia parut subitement retrouver l'usage de la parole, et elle répondit aux reproches qu'il lui avait précédemment faits. Il avait eu beaucoup de mal à faire abstraction de la tension qui existait entre eux, afin d'accorder à Alice l'attention qu'elle avait mérité. Il retomba dedans d'un coup, sans transition, aussi brutalement qu'il se serait pris un poteau dans la figure si il y en avait eu un qui était apparu devant lui comme par magie.

"Eh bien je te dis juste qu'il se souviendra autant de toi que de moi quoi qu'il en soit puisque nous sommes ensemble. Mais ça n'a pas à être dramatique..."

Il parlait comme il aurait marché sur des œufs. Prudemment, timidement, glissant dans chaque geste, ou chaque syllabe, une supplique silencieuse pour que rien n'explose ni que rien ne se brise. Lorsqu'Olivia était comme ça, il avait l'impression qu'il ne pouvait plus vraiment l'atteindre. Qu'elle lui devenait comme étrangère, elle qui avait longtemps été l'extension de lui-même, et vice versa. Il se sentait capable de provoquer des catastrophes d'ampleur absolument terrifiante, juste sous prétexte qu'il aurait respiré un peu trop fort.

Et c'est d'ailleurs ce qui arriva. Selon lui, du moins. Il donna l'impression de venir de recevoir un coup de poing dans l'estomac. C'était d'ailleurs proche de la douleur qu'il ressentit effectivement, et qui le rendit victime d'une nouvelle violente vague de nausée. Réagissant à l'instinct, il fondit sur Olivia pour prendre son bras et l'empêcher de partir, peut-être plus fort qu'il n'aurait dû. Il passa par réflexe à l'espagnol, cette langue dans laquelle ils avaient l'habitude de s'exprimer lorsqu'ils n'étaient que deux, et qui les rapprochait donc plus intimement que n'aurait pu le faire l'anglais.

"Ne sois pas ridicule !"

Il essayait de prendre l'air pincé, courroucé, mais il donnait surtout l'impression d'être sur le point de fondre en sanglots. Son regard profond en disait plus que ses mots : il était absolument terrorisé à l'idée qu'elle le laisse. Non pas qu'il aurait été désagréable de se promener sur le Paddle Steamer en la seule compagnie d'Alice, ni d'aller se reposer dans ce fameux salon privé qu'Olivia avait demandé pour eux. Il en aurait été tout à fait ravi, dans d'autres circonstances. Cependant, il ne pouvait pas admettre qu'Olivia s'éloigne de lui. Pas maintenant. Pas comme ça. Pas pour ces raisons. Pas tandis qu'elle le regardait comme si il avait été ce monstre inconnu avec lequel elle l'avait confondu durant les premiers mois.

"... Gael pourra très bien s'en occuper tout seul. Sa parole est la tienne, ils l'écouteront. Allons ! Avançons avant qu'Alice ne prenne froid, mama..."

Avec Esteban, c'était un problème courant : Il avait oublié de repasser à l'anglais. Le degré de confusion qu'allait atteindre la situation dépendrait donc entièrement des connaissances linguistiques de la jeune norme.
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MessageSujet: Re: Comme à Vegas, mais sur l'eau.   Comme à Vegas, mais sur l'eau. Icon_minitimeMer 24 Mai - 19:31

Malgré sa résistance, Alice était hypersensible, et c’était dans ces moments-là que ça la faisait souffrir le plus. L’ambiance alentours se mettait à la contaminer. La situation entre Esteban et Olivia, puisque c’était ainsi qu’ils s’appelaient, commençait à sérieusement dégénérer. Elle se rappela alors tous ses mauvais souvenirs, ses disputes avec ses parents, tout cela l’envahit de la tête aux pieds. Il y avait en particulier cette fois où elle était tombée à l’eau (comme par hasard), étant petite alors qu’elle jouait sur un étang glacé, et où sa mère l’avait disputée violemment et même frappée, lui hurlant qu’elle s’était inquiétée et qu’elle détestait ça. Mais enfin, s’était dit Alice, c’était vraiment incroyable de disputer quelqu’un sous prétexte qu’il était responsable de ses émotions. Si elle avait dû crier sur ses parents à chaque fois qu’ils déclenchaient chez elle quelque tempête émotionnelle, elle aurait passé son temps à s’égosiller. Alice avait la mine triste : elle était bien incapable de cacher quoique ce soit. Mais en même temps, elle ne voulait pas s’immiscer dans les affaires d’Esteban et d’Olivia, aussi elle se hâta de composer une face qui traduisait la neutralité.

Alice remarqua bien les efforts du jeune homme pour lui répondre malgré son agitation intérieure, chose qu’elle apprécia tout particulièrement. Maintenant qu’il lui avait adressé la parole plusieurs fois, elle remarqua aussi autre chose. Mythra l’avait bien prévenue, elle était au courant pour les Outres qui vivaient à la Nouvelle Orléans, mais la théorie et la pratique sont deux choses bien différentes. Elle lâcha un « Oh ! » de surprise, puis mis sa main sur sa bouche très rapidement pour ne pas offenser Esteban, surtout qu’avec sa tante qui faisait partie de la LEDO, elle n’avait absolument rien contre les vampires. Au contraire, elle avait honte de se l’avouer car elle trouvait ça ridicule, elle avait tendance à être un peu groupie de tout ce qui sortait du lot. Pour l’instant, elle n’allait pas aborder le sujet, car elle ne tenait pas à ruiner ses chances de socialisation, mais si Esteban avait remarqué qu’elle avait remarqué, peut-être aborderait-il lui-même le sujet, ce qui lui permettrait de poser le millier de questions qu’elle avait sur le bord des lèvres. Pour dériver un peu, Alice choisit de répondre au jeune homme, espérant en même temps qu’il avait et n’avait pas relevé son « Oh ! ».

- Oh oui, votre veste et votre mouchoir m’ont été très utiles, ils me conviennent très bien, quoiqu’il en soit, dans une telle situation, je n’allais tout de même pas refuser de l’aide, quelle qu’elle soit. La vôtre s’est montrée très adaptée et parfaite. Je ne veux pas paraître trop lourde ou donner l’impression de me répéter mille fois, mais je vous remercie. En tout cas, je suis ravie de vous avoir trouvés, ça m’aurait bien ennuyée d’avoir à passer la soirée toute seule ! En plus, je vais avoir droit à des vêtements tout secs, et ce grâce à vous, Olivia. Merci.

Alice fut rassurée de voir qu’Esteban avait amorcé un mouvement de réconciliation vers sa mère. Peut-être que la situation allait s’arranger un peu. Pour l’instant elle avait toujours de la peine pour Olivia et son fils, qui semblaient souffrir chacun de leur côté. Elle souhaitait de tout son cœur que ce petit mouvement allait les rabibocher.

Alice entendit ensuite une langue qu'elle ne connaissait pas. Elle ne savait pas quoi faire. Un peu démunie, elle tenta un « Pardon ? Je n'ai pas compris ce que vous avez dit. »
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MessageSujet: Re: Comme à Vegas, mais sur l'eau.   Comme à Vegas, mais sur l'eau. Icon_minitimeJeu 25 Mai - 5:33

La réaction d'Olivia n'était pas plus volontaire que celle de son fils. Malheureusement, ce genre de situation leur arrivait de plus en plus souvent. Enfin, moins souvent qu'à leurs nouveaux débuts, mais tout de même.

L'attaque dont la mexicaine avait été victime lui avait laissé une peur irrépressible, phobie contre laquelle elle ne pouvait absolument rien. La transformation de son fils dans la soirée qui avait suivie l'avait profondément traumatisée, donnant lieu à des réactions totalement inappropriées (disait-elle à présent) qui les poursuivaient encore aujourd'hui.

Esteban lui en avait énormément voulu, et c'était normal. Néanmoins, la riche héritière n'avait jamais réussi à supporter le cynisme, l'ironie, et la volonté tranchante de blesser dont avait pu faire preuve son enfant lorsqu'ils s'étaient retrouvés. Elle avait compris qu'il cherchait à lui rendre coup pour coup ce qu'elle lui avait infligé lorsqu'elle s'était éloignée, mais ce n'était pas pour autant qu'elle l'avait mieux vécu. Au contraire, elle avait eu l'impression d'avoir plus encore perdu son fils que retrouvé. Il avait fallu beaucoup de temps, de patience, et de force pour arriver à leur faire à nouveau avoir une relation plus ou moins ressemblante à celle qui existait avant entre eux, mais certaines séquelles étaient indéniables.

Notamment cette peur du rejet qui les prenait tous les deux dans des circonstances pareilles. Ils restaient plus similaires qu'ils ne l'avaient jamais étés, mais incapables de s'en rendre compte.

Olivia s'était détachée de la discussion, prise dans des idées noires qu'elle tentait de ne pas laisser échapper. Se serait-elle rendue compte de ce que sa réaction provoquait, elle aurait probablement agi autrement, mais elle ne parvenait pas à l'éviter. Elle entendait Esteban et la jeune Alice (donc) discuter, et il lui sembla même distinguer son prénom, mais elle n'osait pas faire la moindre remarque, de peur de recevoir une nouvelle réflexion empoisonnée en contrariant le vamp sans le vouloir.

Quand elle parvint enfin à prendre la parole et à s'expliquer, ce fut pour s'excuser aussitôt de son comportement, ne souhaitant pas continuer à se disputer avec son enfant, et encore moins sans le vouloir. N'était-elle pas capable de se contenter du plaisir de cette soirée à l'extérieur en présence de son fils ? Pourquoi fallait-il toujours qu'elle gâche tous les bons moments qu'ils pouvaient posséder ?

Ce fut cette remarque intérieure qui l'incita à faire la proposition qui suivit. Peut-être qu'elle devrait laisser Esteban seul avec Alice, dont la compagnie semblait bien plus charmante que la sienne. La jeune fille n'aurait probablement pas de parole ou de geste déplacé, elle. Aurait-elle remarqué la réaction de la française à sa réalisation de la nature d'outre de son fils, elle aurait très certainement émis quelques objections à ce jugement, mais ce n'était pas le cas, heureusement pour tous les trois.

La réaction d'Esteban fut complètement opposée à ce à quoi elle s'attendait. Elle sursauta de surprise en sentant le jeune homme enserrer son bras, et tourna vers lui un regard étonné, plus brillant qu'il n'aurait dû. Elle l'écouta sans rien dire, dans un moment où, aurait-elle été en pleine possession de ses moyens, elle se serait récriée aussitôt en lui expliquant dans un espagnol rapide (qu'il avait initié) que cela n'avait absolument rien de ridicule et que ce n'était pas le genre de chose à dire de sa mère. Mais cette fois, les paroles avaient quelque chose de rassurant. Elle notait également que le regard d'Esteban, une fois n'était pas coutume, ressemblait beaucoup au sien. Son instinct maternel reprit le dessus, et elle lui sourit tendrement, avant d'utiliser son bras libre pour poser sa main sur celle de son fils. Sa voix était douce quand elle s'exprima enfin, dans la même langue que celle qu'il avait utilisée.

"...Tu as certainement raison, mon chéri. Allons-y."

Discrètement, elle cherchait à passer sa main sous celle d'Esteban pour qu'il desserre un peu sa poigne : il avait tendance à oublier de contrôler sa force depuis sa transformation (quand il ne s'en servait pas à dessein) et il y était allé un peu fort. Pour autant, Olivia n'allait pas lui dire de but en blanc qu'il lui faisait mal : ce genre de phrase avait tendance à le faire réagir brutalement et l'amener à se terrer dans un coin comme un lapin apeuré. Ce n'était vraiment pas le but recherché.

Alice fit remarquer qu'elle n'avait pas compris les mots qu'ils venaient d'échanger. La tempête était passée et Olivia, la main toujours autour de celle de son fils, reprit le cours de la discussion en anglais comme si de rien n'était.

"Oh, je suis navrée Alice ! Esteban et moi-même avons l'habitude de nous entretenir en espagnol, qui est notre langue maternelle, et parfois nous retombons dans ce travers malgré la présence d'un tiers. Croyez-moi, c'était bien involontaire et loin de nous la volonté de vous éloigner de notre conversation."

Elle lui fit un sourire aimable avant d'enchaîner.

"D'ailleurs, et pardonnez-moi si la question vous paraît intrusive, mais n'y aurait-il pas une pointe d'ailleurs dans votre anglais ?"

En cherchant à faire la conversation, Olivia voulait également dissiper toute tracer de malentendu et de la tension qui avait pu monter durant ces dernières minutes. Son pouce caressait doucement le dos de la main de son fils, cherchant à lui montrer qu'elle était là, et que ce n'était pas parce qu'elle ne lui parlait pas directement qu'elle ne faisait pas attention à lui (ou qu'il ne pouvait pas de lui-même prendre part à la discussion). Maintenant qu'il lui avait montré qu'il ne voulait pas qu'elle parte (ce qui avait pu être le cas dans des périodes plus sombres de leur relation, que ce cynisme avait rappelé), elle ne se sentait plus aussi acculée, et elle était bien évidemment ravie de rester à leurs côtés.
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MessageSujet: Re: Comme à Vegas, mais sur l'eau.   Comme à Vegas, mais sur l'eau. Icon_minitimeJeu 25 Mai - 11:12

C'était donc la seconde éventualité qui était arrivée. Esteban n'avait pas remarqué qu'Alice avait remarqué, car il était bien trop pris dans ses propres explications pour qu'un petit "Oh" discret, surtout si vite caché par une main si furtive et si polie, lui suffise pour comprendre qu'on l'avait démasqué. Il songea que la jeune femme s'était peut-être rappelée qu'elle avait oublié de rendre un devoir universitaire à temps - un problème qui lui était arrivé couramment durant son année de licence prématurément abandonnée - ou encore qu'elle avait omis de commander les amuses-gueule pour sa prochaine soirée, ou qu'elle n'avait pas pensé à prendre son téléphone portable et que personne n'était disponible pour le lui apporter, ou bien qu'elle venait de se rendre compte qu'aujourd'hui était sorti le prochain jeu de la série éponyme des "Cold of Cthulhu" (mais vraiment, qui avait envie de jouer un poulpe malfaisant perdu dans les glaces désertiques du nord de la Sibérie ? Il n'avait jamais vraiment compris), ou qu'elle s'interrogeait sur la griffe qui avait taillé les splendides vêtements d'Olivia, ou qu'elle avait tout simplement envie d'éternuer. Après tout, elle était tombée dans l'eau et risquait de prendre froid.

Il y avait décidément mille et une explications crédibles qui auraient justifié ce "Oh" à la perfection, sans qu'Esteban ou même Olivia en soient de la moindre façon concernée. Puis Olivia, restée muette depuis qu'il l'avait sermonnée, s'anima enfin et lui adressa une réponse tiède qui happa la totalité de son attention. Au temps pour ce pauvre "Oh", auquel il avait tout de même songé à réfléchir un peu mieux au cas où il puisse avoir la moindre importance cachée, mais qui immédiatement passa de source de préoccupation mineure à détail malencontreusement omis et définitivement oublié.

Esteban cherchait à convaincre sa mère que ce n'était pas parce qu'elle avait été contrariante en se comportant comme si elle pouvait tout se permettre et lui rien, sous prétexte qu'il était le Vampire, la Cible principale pour le TPH et pour son père, qu'il fallait pour autant en faire tout un plat. Enfin... Ce n'était tout de même pas comme si il avait été si méchant que cela.. Si ? Il s'était en grande partie contenté de rappeler qu'il avait une paire de crocs dans la bouche, et il savait qu'elle détestait cela, mais plus lucide qu'il l'était rarement à ce sujet, il constatait qu'il allait bien falloir qu'elle fasse avec un jour où l'autre. Cela blessait Esteban de ne pas pouvoir en parler plus ouvertement, car qu'ils le veuillent ou non c'était ce qu'il était devenu. En avoir honte et masquer tout ce qui avait trait à cette partie de son identité lui faisait à la longue plus de mal que de bien. Il aurait eu besoin qu'elle l'accepte entièrement, mais ils étaient loin du compte.

A défaut, il essayait maintenant de réparer les dégâts qu'il avait bien involontairement commis, dans l'espoir qu'elle veuille déjà bien ne pas le rejeter entièrement, ce qui aurait été une très fâcheuse régression.

Alice choisit ce moment pour répondre aux politesses qu'il lui avait adressées. Il fit de son mieux pour faire abstraction de son trouble, une fois supplémentaire, et pour l'écouter avec autant d'attention qu'il en était capable. Cela devenait très difficile, ainsi qu'en témoignait le pli de souci formé entre ses sourcils.

"Ne vous inquiétez pas vous ne donnez pas l'impression d'être lourde du tout ! Enfin euh non ce n'est pas... Je veux dire par là que votre gratitude nous touche directement et que... Désolé j'ai oublié ce que je voulais dire. Oh.. euh.. Pardon. Mais vraiment de rien, je suis moi aussi ravi ! Même si je crois que ça ne se voit pas autant que je le voudrais."

Vraiment, maintenir un niveau de conversation décent et cohérent commençait à devenir une épreuve impossible.

Voilà qu'Olivia voulait se défausser. Esteban, complètement paniqué à l'idée qu'elle s'éloigne dans ces fâcheuses conditions, lui sauta dessus et s'accrocha à son bras. Cette fois, il allait falloir plus qu'un ravissant collier de mots pour qu'il décroche de cette bien involontaire dispute avant qu'elle ne soit réglée.

Cela serait plus rapide qu'il ne l'avait pensé. Il voyait dans les yeux de sa mère qu'elle était tout aussi tourneboulée que lui. Quand son appréhension disparut, remplacée par un sourire, il eut l'impression de fondre et de se réchauffer tout en même temps, ainsi que de pousser un énorme soupir de soulagement, des moins convenables.

Rectification : le soupir avait effectivement existé. Il avait vidé ses poumons de tout leur air, si bien qu'ils devaient probablement ressembler à de vieux pruneaux séchés en cet instant précis. Il les combla à nouveau d'une quantité d'oxygène décente, moins parce qu'il en avait besoin, la respiration lui étant devenu un luxe plus qu'une nécessité, que parce qu'il lui aurait été compliqué de prendre la parole de la moindre façon tandis qu'il n'avait absolument plus une bulle d'air à expectorer.

"Oui ! Bien sûr que j'ai raison. Je ne pouvais tout de même pas avoir tort alors que tu comptais partir pour rien. Vraiment ça aurait été superflus et parfaitement.. triste. Désolant. Désolé. Je... Enfin. J'avais mes raisons d'être insatisfait, tout de même, mais je ne voulais pas... Je ne veux jamais que ça se passe comme ça. Tu le sais bien n'est-ce pas ? S'il te plaît ne fait pas des choses pareilles... Je suis désolé c'est sorti tout seul... Même si en même temps voilà."

Esteban continuait à parler dans un espagnol rapide, laissant sa pensée se déverser dans sa bouche sans filtre et sans structure. Dans ce genre de moments, la cohérence peinait à dompter ses émotions brutes. Il avait prit entre ses doigts la main qu'Olivia avait glissé sous la sienne, toujours sensiblement tremblant. Il la serrait encore un peu trop fort, comme si il craignait qu'elle la lui reprenne.

Puis Alice exprima une interrogation tout à fait légitime. Ce ne devait pas être bien agréable de se trouver face à eux lorsqu'ils partageaient ce genre de moment intense et coupé du monde. Il n'aurait pas été décent qu'ils continuent de lui donner l'impression d'être extérieure à leurs échanges, et ce d'autant plus qu'Esteban avait oublié de repasser à l'anglais après sa première injonction espagnole, laquelle avait été volontairement formulée dans cette langue pour toucher Olivia plus profondément. Il prit un air exagérément indigné à l'égard de sa propre étourderie, mais sa mère fut plus rapide que lui pour répondre. Cela ne l'empêcha pas de secouer la tête avec force tout du long des explications qui suivirent, afin de signifier son accord et son profond regret.

Par la suite il se tut, avec sur les lèvres un simple sourire et dans le regard, une étincelle de curiosité mondaine, aussi sucrée qu'un thé bu à cinq heures dans une tasse de porcelaine fine, posée en équilibre sur deux doigts à côté d'un auriculaire levé. Poser trop de questions d'un coup pouvait être terriblement impoli. C'était quelque chose qu'il avait appris (bien souvent à ses dépends) des nombreux galas où Olivia, Juan, Luisa et bien d'autres l'avait amené afin de polir son image de jeune héritier prometteur et de garnir son répertoire d'adresses intéressantes.
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MessageSujet: Re: Comme à Vegas, mais sur l'eau.   Comme à Vegas, mais sur l'eau. Icon_minitimeVen 26 Mai - 10:18

Alice commençait à remarquer des similitudes entre sa propre manière de parler et celle d’Esteban. Lui aussi s’exprimait par phrases longues et semblait donner l’impression de se perdre à l’intérieur. Elle avait trouvé un partenaire adapté s’ils voulaient à un moment ou à un autre se lancer dans des joutes verbales. D’ailleurs il poussa à un moment un énorme soupir de soulagement, qu’Alice imita bien involontairement. Les deux s’étaient réconciliés. La situation allait devenir plus légère.

- Oh, il n’y a aucun souci, parlez en espagnol autant que vous le voulez ! Ce n’est pas une langue désagréable à entendre, et ce doit être sympathique d’avoir une sorte de « private language », niveau intimité. Mais enfin, si vous pouvez me traduire les paroles qui me sont adressées, j’en serais vraiment ravie.

Alice ne se sentait pas vraiment exclue, elle était plutôt attendrie de cette marque d’affection que les deux se portaient. Par ailleurs, Esteban avait continué à s’exprimer en espagnol. Elle imaginait que c’était pour continuer le processus de réconciliation, aussi elle ne broncha pas. Elle aurait aimé elle aussi avoir une langue spéciale avec laquelle s’exprimer. Bien sûr, elle avait le français, mais personne avec qui le parler ici. D’ailleurs, on lui demandait si elle n’avait pas un accent. Elle décida de répondre dans sa langue natale pour surprendre un peu Alice et Esteban, et puis après tout, le français était une jolie langue… Et elle allait pouvoir raconter n’importe quoi. C’était parti.

- Bonjour, je m’appelle Alice. Je n’ai aucune ambition. J’aime manger des chaussons mis au réfrigérateur. La vie, c’est très beau. Les verres d’eau dansent au rythme du violon. Le briquet s’allume régulièrement. Les poules en pot font la sieste dans leur vase. La fleur en bouquet fane, et jamais ne renaît.

Puis Alice reprit en anglais, pour ne pas les laisser dans l’expectative :

- Vous avez raison, je suis à l’origine française. Je suis venue rendre visite à ma tante qui habite ici, pour échapper un peu à mon climat familial, qui est pour le moins tendu. Et puis, j’avais besoin de changer d’air, je commençais à m’ennuyer vraiment en France. Autant aller dans un pays dont je maîtrise à peu près la langue !

A force de marcher, ils étaient arrivés vers le bateau, et Alice se demanda si ses deux compagnons de soirée étaient prêts à monter à bord. Elle amorça le mouvement d’un pas tranquille, surveillant s’ils la suivaient ou non.
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MessageSujet: Re: Comme à Vegas, mais sur l'eau.   Comme à Vegas, mais sur l'eau. Icon_minitimeDim 28 Mai - 6:56

Ce n'était pas tant la mention des crocs que le ton qu'Esteban avait utilisé qui troublait sa mère. Elle avait toujours du mal, à la fois à cause de son éducation mais aussi de ses propres traumatismes, à admettre la nature vampirique de son fils. Cependant, elle s'y faisait bien mieux que l'on ne pourrait le croire. Depuis qu'ils avaient renoué le contact, qu'elle s'était aperçue que son enfant était toujours là, et non par remplacé par une âme démoniaque.

Cela avait été très compliqué, au début. D'autant que le côté cynique et sombre que le jeune homme avait développé avait directement résonné avec cette peur panique qu'Olivia était incapable de contrôler. Un malheureux concours de circonstances, qui leur avait mené la vie encore plus difficile. Depuis, chaque retour de cette attitude défiante, ou de ce ton particulier déclenchait chez la femme brune un repli apeuré. Au fond, ce n'était même pas lié à la mention d'atours vampiriques.

Dans ces moments, la mère se persuadait que la seule chose que souhaitait son fils, c'était son absence. Il lui était arrivé de penser qu'elle devrait la rendre définitive, dans ses périodes les plus noires. Heureusement, n'étant jamais seule, elle n'avait pu laisser libre cours à ces idées sombres, même si elle n'était pas passée loin de l'hospitalisation lorsqu'elle avait cessé de s'alimenter. C'était sans compter sur la diligence de Gael, l'obstination de Luisa et le soutien discret de Sergio, qui avaient empêché le pire d'arriver chez l'une comme chez l'autre des Luz-Descalzo (particulièrement les deux premiers).

La situation avait réveillé de bien vilaines choses, et la richissime héritière en revenait à cette solution de repli évidente, qu'elle croyait efficace sans se rendre compte qu'elle empirait l'ensemble plus qu'autre chose. Cependant, la réaction d'Esteban fut immédiate, et la façon dont il s'accrocha à elle lui permit de reprendre pied avec la réalité. Non, il ne souhaitait pas qu'elle parte. Au contraire.

Elle retrouva le sourire et lui accorda le point de cette non-dispute, ce qui l'amena à soupirer de soulagement, sans qu'elle ne saisisse exactement pourquoi. Ce n'était pas comme si elle lui donnait si peu raison d'habitude...

Ses explications décousues et prononcées dans un espagnol rapide auraient perdu bien des gens, mais pas Olivia, qui paraissait être l'une des rares à pouvoir le suivre et faire sens de ses propos sans y réfléchir à trois fois. Elle serra doucement les doigts qui entouraient la main qu'il avait prise dans les siennes, faisant peu de cas de la force qu'il y mettait, même si les jointures de la mexicaine commençaient à pâlir faute au manque d'irrigation. Ses yeux pétillèrent de tendresse, retour à l'ordinaire comme si rien ne s'était passé. Vraiment ?

"C'est moi qui suis désolée, Niñito. Parfois, j'oublie que tu es bien assez grand pour prendre tes propres décisions et agir en conséquence de cause. Je crois que j'ai un peu trop besoin que tu aies besoin de moi..."

Une réflexion éclairée comme Olivia en faisait peu, concernant la relation qu'elle entretenait avec son fils et que beaucoup qualifiaient de fusiono-malsaine. Son sourire s'était tinté d'une pointe d'excuse, et ils auraient certainement pu en parler des heures durant si la voix de leur nouvelle connaissance ne s'était pas faite entendre, posant une question innocente qui leur fit réaliser qu'ils s'exprimaient dans une autre langue que celle de Shakespeare. Reprenant rapidement les rennes de la conversation, la multimilliardaire s'excusa de leur part à tous les deux, expliquant les raisons de ce changement.

La jeune femme commença par leur dire qu'il n'y avait aucun problème et qu'ils pourraient tout à fait continuer de converser dans leur langue maternelle s'ils en éprouvaient l'envie, tant qu'ils s'adressaient à elle en anglais. Olivia secoua la tête, ses cheveux suivant le mouvement, tandis que sa main libre faisait un geste compliqué destiné à montrer à la fois son approbation et le fait qu'il était impossible d'accéder à cette requête.

"C'est extrêmement charmant de votre part, Alice, mais cela ne le serait pas vraiment de la nôtre de vous exclure d'une partie de notre conversation ! Nous ne vous invitons pas à nous accompagner pour ensuite agir comme si vous n'étiez pas là, ce serait de bien mauvais goût !"

Olivia laissait son fils commenter sur les avantages de posséder une autre langue pour s'exprimer, avant d'embrayer en demandant à Alice d'où lui venait son accent si joli, qu'elle avait cru remarquer.

Les deux Luz-Descalzo eurent ensuite droit à une démonstration d'idiome étranger, qu'Olivia reconnu rapidement, notamment parce que la première phrase était très simple. Un sourire de ravissement fleurit sur ses lèvres, et elle échangea un regard pétillant avec son fils, tandis que les souvenirs de leurs divers séjours en France lui venaient à l'esprit.

Malheureusement, ce n'était pas une langue qu'elle pratiquait, ce qui faisait qu'elle ne comprenait que quelques mots par-ci par-là dans le reste du discours de la jeune femme. Luisa aurait été là, elle aurait certainement pu lui répondre, elle qui avait été forcée d'apprendre lors de son année en Haïti. Peut-être devrait-elle le mentionner à la jeune femme, au cas où elle voudrait converser dans sa langue d'origine ?

Alice reprit la parole en anglais, et la brune lui accorda toute son attention. Ses lèvres s'arrondirent dans un "o" de légère surprise racée, qui s'effaça bientôt alors qu'elle reprenait la parole.

"Oh, je vois... Permettez-moi alors de vous souhaiter la bienvenue à la Nouvelle-Orléans ! Pour un premier séjour, c'est une ville charmante, surtout que son côté francophone et francophile doit vous parler, je suppose."

Cette fois, elle laissait à Esteban le soin de poser des questions pour continuer la conversation. Une vibration dans son sac lui indiqua qu'elle avait reçu un message, qu'elle consulta rapidement tandis qu'ils s'avançaient sur la passerelle, en direction de la personne qui vérifiait les entrées de cette soirée haut-de-gamme.

"Oh, Gael arrive ! Esteban chéri, peux-tu t'assurer que tout est en ordre et avertir le personnel que nous avons une invitée ? Nous n'avions réservé que deux places, mais je doute que ce soit un problème."

On ne refusait rien aux Luz-Descalzo. Même à des vampires rejetés par leur famille et à moitié en fuite.
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MessageSujet: Re: Comme à Vegas, mais sur l'eau.   Comme à Vegas, mais sur l'eau. Icon_minitimeDim 28 Mai - 13:52

Les excuses formulées par Olivia le laissèrent ouvertement pantois, vulnérable aux émotions préalablement éveillées. Mais à quoi pensait-elle donc ? Il esquissa un sourire qui se voulait encourageant, mais qui était avant toute autre chose douloureux.

"Allons mama... J'aurai toujours besoin de toi, c'est évident, et cela ne dépend absolument pas de ce que tu essaies de faire à ma place. J'ai besoin que tu sois là. Tu sais que ça n'a jamais été aussi vrai que maintenant."

Il ne voulait pas alourdir l'atmosphère mais il lui paraissait important de lui rappeler combien il avait été fragilisé par leur séparation, et combien son souvenir lui paraissait insupportable, même toutes ces années plus tard. Quelques instants après, ils coupaient prématurément l'échange, car ils étaient accompagnés et qu'il aurait été intolérable de continuer à se comporter comme si ça n'avait pas été le cas. D'autant qu'ils s'étaient oubliés, et discutaient depuis plusieurs longues secondes dans une langue que la jeune fille trempée ne maîtrisait pas. Elle disait que ça ne la dérangeait pas, mais ce n'était pas une raison.

Alice était décidément très gentille et très conciliante. Esteban ne connaissait que très peu de personnes qu'il aurait pu qualifier comme telles. Il avait plus largement l'habitude qu'on n'excuse pas ses bévues voire qu'on se moque de lui lorsqu'il faisait des erreurs. Karl était une exception, Erin en avait été une autre dans un style tout à fait différent. Andele était... Andele, c'était tout ce qu'on pouvait en dire. Alice, néanmoins, était encore un autre type de personnalité. C'était comme si elle n'avait rien besoin d'excuser, car pour elle, cela semblait couler de source. Le jeune vampire trouvait cela très agréable. Cela lui donnait l'impression d'avoir moins à rester sur ses gardes.

Bien sûr il fallait toujours l'être un peu, sans quoi tout devenait beaucoup moins convenable. Mais cette jeune personne le mettait en confiance, et il lui en était très reconnaissant, surtout dans un moment tel que celui-ci, où ils venaient de passer à côté d'un orage mental périlleux.

Néanmoins, ainsi que l'expliquait Olivia, il n'aurait pas été une bonne idée qu'ils continuent d'échanger en espagnol et la laissent sur la touche, hors de la discussion, quand ils venaient juste de l'inviter à profiter de cette soirée avec eux. Esteban secoua la tête avec vigueur pour montrer son assentiment, avant d'ajouter, sous le joug d'une rare pointe d'auto-critique et de lucidité :

"D'autant que je serais capable d'oublier de parler anglais ! Enfin, c'est déjà ce que je viens de faire, après tout. Parfois je ne me rends pas compte que je suis passé d'une langue à l'autre, ce qui peut devenir tout à fait embarrassant. Non, vraiment, si je le refais, faites m'en part immédiatement, je souhaiterais m'abstenir de recommencer !"

Olivia avait elle aussi remarqué l'accent d'Alice. Elle l'interrogea donc sur l'origine de ce dernier, tandis qu'Esteban n'ajoutait rien et se contentait de faire preuve d'une curiosité polie. La jeune femme, plutôt que de se perdre en explications, décida de leur faire une démonstration. Le visage du vampire s'alluma, amusé qu'il était d'entendre cette langue et ces intonations dans la bouche de la demoiselle. Il lui arrivait de croiser des francophones à l'occasion, mais tous ne venaient pas forcément d'Europe, même si cette ville attirait nombre de touristes venus des quatre coins du monde, et notamment du fameux hexagone, dont elle portait des marques indélébiles.

Il échangea un regard avec Olivia et sut que l'initiative d'Alice lui avait évoqué les mêmes souvenirs qu'à elle. Néanmoins il revint bien vite sur l'intéressée et cligna des yeux, parce qu'il croyait comprendre des mots mais avait bien du mal à les remettre en contexte. Le français et l'espagnol étaient des langues très proches. Il était donc aisé, lorsqu'on parlait l'une, de deviner une partie du sens de ce qui pouvait être dit dans l'autre. Ou du moins, cela était-il censé être le cas.

Il pencha involontairement la tête sur le côté, un pli de réflexion entre les sourcils. Si il avait dû mettre bout à bout les mots qu'il avait repéré, cela aurait donné quelque chose du genre : "L'ambition du réfrigérateur dans la vie va avec le rythme du violon, régulièrement, faisant la sieste sur une fleur". Il lui manquait évidemment beaucoup de morceaux de phrase et de sens au delà de ces quelques éléments, mais il ne comprenait pour autant pas comment ces mots avaient pu se retrouver ensemble dans un même contexte. C'était un mystère passionnant !

"... Les bois verts.", murmura t-il rapidement, happé par le souvenir d'un épisode récent au cours duquel il avait pourtant parlé en anglais, mais en avait tout aussi peu compris.

"Ambición... Refrigerador ? Oh ! Seriez-vous étudiante en restauration ? Il est vrai qu'étonnamment, certains plats à base de fleurs sont délicieux. Vraiment, te rappelles-tu de cette gelée à la rose que nous avions goûté il y a quelques temps, mama ? C'était étonnant ! Je crois qu'ils avaient fait venir un quatuor de violons à cette occasion... Peut-être sommes-nous allés au même endroit ?"

Il fallait s'y attendre : Esteban avait recommencé à faire exactement ce qu'il avait dit vouloir éviter. A force de tenter de traduire l'espagnol vers le français et inversement, il était repassé dans la fameuse langue, tout en étant persuadé d'être en train de s'exprimer en anglais. Alice quant à elle avait terminé sa démonstration et leur donnait maintenant les explications qui allaient avec. La réponse formulée par sa mère était nette et complète, si bien qu'il voyait mal quoi rajouter. Il reprit dans une langue compréhensible par tout le monde, probablement parce qu'on lui avait fait remarquer son étourderie.

"Ah ! Attendez, je crois que je me souviens de quelque chose. 'Bonjour ! Très bien. Je suis enchanté de faire votre connaissance. C'est une soirée magnifique.'"

Il récupérait dans sa mémoire les rares bribes de français qui lui revenaient de leurs voyages passés, où ils avaient appris quelques phrases et quelques mots, soit pour faire bonne figure auprès de ceux qu'ils venaient rencontrer, soit par pure récréation. Ce qui était amusant, c'était que lorsqu'il parlait en français, c'était l'accent espagnol (ou plus exactement mexicain) d'Esteban qui prenait le dessus, plutôt que l'accent américain qu'on aurait pu attendre. Parce que ces langues étaient si proches, il penchait plus naturellement de ce côté lorsqu'il essayait de prononcer du français.

"Je crois qu'il y avait ça aussi... 'Je suis affreutèsement désolé pour ce ressort, nous étions chuintés dans les embouteillages'. Mais je ne me souviens plus du tout de ce que ça peut vouloir dire, ni du contexte dans lequel je l'ai apprise."

... Ni vraisemblablement du détail de la phrase, dont quelques mots étaient partis en roue libre. En réalité, il n'y avait eu aucun embouteillage, si ce n'est peut-être dans l'esprit ensommeillé d'Olivia qui avait eu du mal à trouver le chemin de l'extérieur des draps, puis de la porte de la chambre, puis de la salle de bain... Olivia ne poussait pas le vice au point où Luisa pouvait le faire lorsque ça concernait les réveils matinaux difficiles et le manque de ponctualité qui en découlait, mais pour Esteban qui avait été habitué dès le plus jeune âge à la notion américaine du temps, où une seule minute au delà de l'heure dite était déjà un retard, il avait toujours été très difficile d'admettre la nonchalance avec laquelle sa mère comme sa tante considéraient ces écarts.

Le détournant de ses tentatives de français, Olivia appela Esteban pour lui demander son aide. Il n'était pas tout à fait à l'aise lorsqu'il s'agissait de s'exprimer publiquement, mais dans ce cadre, cela ne lui posait jamais aucun problème. Il avait été habitué dès tout petit à considérer le reste du monde comme étant à son service et avait donc une expérience solide lorsqu'il s'agissait d'exiger tout et n'importe quoi de la part d'un quelconque personnel. Il acquiesça dans un sourire.

"Bien sûr mama ! Je m'en occupe. Si vous voulez bien m'excuser deux minutes..."

Toujours avenant il salua Alice d'un coup de tête élégant, puis il prit brièvement congé de ses deux interlocutrices, afin d'aller vers le guichet.

"¿Perdón? Tenemos una reserva para dos, nombre Luz-Descalzo. Necesitamos una tercera. Ah, y por supuesto, no han olvidado el salón privado, vamos a instalarnos allá inmediatamente. Espero también que se pusieron en contacto con los responsables del puerto para instalar dicha barandilla."

"... Excusez-moi ?"

Face à la mine d'incompréhension que tirait l'employé, Esteban commença par s'énerver très fort avant de se rendre compte que cela ne changeait pas grand chose, et que le pauvre homme se contentait de le regarder en hochant tristement la tête de gauche à droite, complètement perdu. Alors, il comprit.

"Oh."

Ces exercices linguistiques le rendaient décidément très prompt à glisser d'un idiome à l'autre accidentellement. Il recommença donc depuis le début, cette fois-ci en se rendant intelligible pour l'américain moyen.
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MessageSujet: Re: Comme à Vegas, mais sur l'eau.   Comme à Vegas, mais sur l'eau. Icon_minitimeMar 30 Mai - 12:53

- Ce doit être sacrément curieux, Esteban, de passer d’une langue à l’autre sans s’en apercevoir. On veut s’exprimer dans une telle langue pour se faire comprendre de quelqu’un, et sans le vouloir, paf, on change de langue. J’ose à peine imaginer les désagréments.

Puis Esteban s’exprima sur la phrase qu’elle avait faite en français. Elle était morte de honte qu’il ait pu capter des mots qu’elle avait dit. Après tout, elle pensait ne pas se faire comprendre, c’est pour ça qu’elle avait choisi de dire des choses qui n’avaient ni queue ni tête. Mais apparemment, Esteban en avait compris des bouts. Elle ne comprenait pas l’espagnol, mais certains des mots qu’il avait employés ressemblaient étrangement à ses propres mots. Après tout, les deux langues étaient assez proches.

- Oh, zut alors, je pensais que vous ne comprendriez rien à ce que j’ai dit… Je suis désolée, mais ça n’avait aucun sens. Je voulais juste m’amuser un peu.

Suite à cela, Esteban parla en français, avec un accent délicieux. Il y avait quelques erreurs, mais c’était dans l’ensemble compréhensible.

- Peut-être voulez-vous dire « Je suis affreusement désolé pour ce retard, nous étions bloqués dans les embouteillages » ? Cela signifie que vous êtes vraiment désolé d’être en retard, à cause des embouteillages.

Alice avait beau lancer des signaux pour qu’ils montent dans le bateau, les deux avaient l’air perdus dans leurs pensées et n’avançaient pas aussi vite qu’elle l’aurait souhaité. La jeune fille piaffait pourtant d’impatience à l’idée de se retrouver à bord, pour découvrir toutes les merveilles qui l’attendaient. En attendant, Olivia lui avait adressé la parole de la plus charmante des façons, aussi Alice se dit qu’il fallait qu’elle réponde. Tout de même, elle avait eu sacrément de la chance de tomber sur des personnes aussi polies et agréables pour sa première sortie. Elle n’en revenait toujours pas.

- Vous êtes vraiment trop aimable. Je n’ai pas tellement eu le temps de bien regarder la ville, mais c’est vrai que j’ai cru apercevoir une certaine ambiance, qui m’a rappelé mon pays. Même si je suis venue ici pour m’en éloigner un peu, ça m’aide à me sentir moins dépaysée !

Puis Alice entendit le mot « réservé ».

- Ah, il fallait réserver ? Je suis vraiment désolée, j’arrive comme un cheveu sur la soupe… Si j’avais su, j’aurais pris la peine de le faire moi-même… J’espère que cela ne vous posera pas trop de problèmes.
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MessageSujet: Re: Comme à Vegas, mais sur l'eau.   Comme à Vegas, mais sur l'eau. Icon_minitimeMar 6 Juin - 6:41

La réponse d'Esteban ne l'étonnait guère, malgré sa complète opposition avec les idées qu'elle avait exprimées plus tôt. Son fils était bien trop poli et bien élevé pour lui dire ouvertement qu'il n'avait plus besoin de sa vieille mère, de toute façon. Mais il ne lui serait pas venu à l'idée de mettre en doute la sincérité de ce qu'il venait d'énoncer. Olivia savait que son fils avait souffert de leur séparation, il le lui avait suffisamment fait comprendre, tout comme Luiza d'ailleurs, qui n'avait pas hésité à appuyer où cela faisait mal pour s'assurer de sa coopération pleine et entière.

Restait néanmoins cette insécurité, réveillée par un retour de cynisme, qui l'avait amenée à douter. Ce fut heureusement pour un temps très court, comme le jeune vampire désamorça toute tentative de retrait de sa mère, et semblait vraiment étonné qu'elle puisse avoir un tel chemin de pensée. Le moment n'était cependant pas de l'expliquer : ils étaient de sortie et en plus, ils étaient accompagnés, il serait donc bien peu convenable d'avoir ce genre de conversation en cet instant précis. Pour mettre fin à la conversation (quitte à la rouvrir plus tard), Olivia serra un peu plus la main que son fils avait glissée dans la sienne et lui répondit avec un doux sourire.

"Je le sais, chéri. Et je serai là aussi longtemps que je le pourrai."

Elle se l'était promis il y avait bien longtemps, et se l'était réitéré quelques années plus tôt : elle ferait tout son possible pour ne (plus) jamais l'abandonner.

Auraient-il été seuls, elle l'aurait embrassé sur le front, comme il lui arrive encore de le faire très régulièrement. Néanmoins, ils avaient une invitée, et la mexicaine savait qu'elle aurait de toute façon pu se faire réprimander pour avoir ce genre de geste dans la rue : parfois, la convenabilité d'Esteban dépassait la sienne, et pas uniquement quand il était question d'horaires.

Elle se réintéressa donc à la jeune femme qui les accompagnait, faisant preuve d'une certaine curiosité pour son accent. Alice choisit de leur répondre dans sa langue natale, ce qui déclencha chez le duo un sourire plein de souvenirs amusés et un peu nostalgiques.

Les deux jeunes entamèrent une conversation sur les avantages de parler plusieurs langues et Olivia les écouta avec un sourire doux, vaguement amusée, après avoir fait remarquer au jeune homme son étourderie d'un raclement de gorge léger, une main placée devant sa bouche. Les essais de français de son fils lui arrachèrent des étincelles de tendresse maternelle. Qu'il était doué, son Niñito !

Bon, bien sûr, il y avait apparemment des choses qui n'étaient pas parfaitement prononcées, mais Alice le corrigeait avec une gentillesse exemplaire en lui expliquant le sens de ses paroles... Décidément, cette jeune fille était tout à fait charmante !

Voilà que venait le temps de monter à bord, mais le téléphone d'Olivia choisit ce moment pour se manifester, et la présence de Gael avec lui. L'héritière demanda donc à son fils de se charger d'un éventuel souci de réservation. Entre temps, la jeune femme trempée avait répondu à ses paroles de bienvenue et la mexicaine lui répondit avec un sourire resplendissant.

"Je comprends ! Parfois, le choc culturel est difficile, il est bon d'avoir un petit quelque chose auquel se raccrocher."

La mexicaine parlait d'expérience, ayant elle-même plutôt mal vécu ce choc lors de son aménagement aux Etats-Unis, après son mariage. La conversation aurait pu dévier si Alice n'avait pas fait une remarque sur la réservation, semblant s'en inquiéter. Inquiétude qu'Olivia renvoya d'un geste élégant de la main, sourire aux lèvres, tout en portant le téléphone à son oreille pour répondre à l'appel de son garde du corps.

"Ne vous inquiétez pas, si problème il y a, Esteban le règlera très rapidement... Oui, Gael, nous sommes à l'embarcadère, nous t'attendons."

Si la partie destinée à la jeune adulte avaient été prononcées en anglais, la brune était passée à l'espagnol sitôt le téléphone décroché. Contrairement à Esteban, elle le faisait en toute connaissance de cause, préférant toujours s'exprimer dans sa langue maternelle lorsqu'elle le pouvait. Rangeant le portable dans son sac, elle se tourna à nouveau vers Alice.

"Gael arrive avec des vêtements de rechange. Ce serait bien dommage que vous preniez froid lors d'une visite à votre tante !"

Le garde du corps approchait rapidement, et fut bientôt à leurs cotés. Toujours aussi sobre, il adressa un signe de tête rapide à la jeune femme qui accompagnait sa patronne avant de s'adresser à cette dernière.

"Luisa te fait dire que la prochaine fois que tu veux lui emprunter une robe, tu n'as qu'à passer toi-même. J'ai tenté de lui expliquer la situation, mais tu la connais..."

Il s'était également exprimé en espagnol, au travers duquel son accent argentin transparaissait clairement malgré le fait qu'il ait quitté le pays depuis des dizaines d'années. Il tendit ensuite un sac de toile qui paraissait à la fois élégant et hors de prix (mais qui détonnait totalement avec l'allure du garde) à Alice.

"Mademoiselle."

Fidèle à lui-même, l'homme parlait le moins possible. Il était néanmoins souriant, conscient que son allure était parfois intimidante. Après tout, il était aussi payé pour cela.

Avec un ultime signe de tête, Gael partit comme il était venu une fois débarrassé de son paquet. Olivia le salua également avant de tourner un visage avenant vers Alice et son nouveau sac.

"J'espère que cela vous ira ! Ma soeur a parfois des goûts que certains qualifieraient d'excentriques... Mais généralement, elle sait faire un effort lorsqu'on lui demande. Allons rejoindre Esteban, il doit avoir reçu les entrées et obtenu qu'on nous guide au salon à présent."

D'un nouveau signe de la main, la multimilliardaire invita donc Alice à passer devant elle sur la passerelle, pour se rendre (enfin) sur le bateau à vapeur.
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MessageSujet: Re: Comme à Vegas, mais sur l'eau.   Comme à Vegas, mais sur l'eau. Icon_minitimeVen 16 Juin - 12:19

L'épisode orageux entre Esteban et sa mère s'acheva par un doux sourire de sa part. Elle venait de le rassurer en lui rappelant qu'elle ne fuirait nulle part - ce dont on avait pu douter quelques secondes auparavant. Il n'y avait donc plus rien à dire, et il n'ajouta rien.

L'atmosphère s'allégea ensuite un peu tandis qu'Alice faisait une démonstration de sa langue natale, dont Esteban tenta tant bien que mal de capter des bribes afin d'en déduire la signification de ses propos. Il fut bien incapable de deviner ce qu'elle avait voulu dire, le lien exact qui existait entre les mots qu'il avait compris lui échappant malgré ses tentatives.

"Oh ! C'était donc ça !"

Alice venait d'admettre qu'elle avait volontairement raconté n'importe quoi, ce qui alluma dans les yeux d'Esteban une lueur vaguement rassurée. Ainsi, il n'était pas responsable de ce défaut de compréhension et n'avait pas à se sentir bête.

Raconter un tissu de non-sens pour s'amuser était une bien étrange occupation, pensa t-il ironiquement. Il était pourtant le premier à s'y adonner, mais il ne faisait jamais exprès et trouvait toujours le moyen de trouver ses propres inepties cohérentes.

Il s'essaya à son tour à quelques mots de français, en faisant appel aux souvenirs des voyages où il en avait pratiqué des bribes par le passé. Sa seconde tentative était très incertaine. Alice corrigea d'ailleurs sa diction, et ce fut au tour d'Esteban d'avoir l'air gêné, car il avait été persuadé d'avoir retenu la phrase correctement, et pourtant, sa mémoire habituellement excellente paraissait lui avoir joué des tours.

"Affreusement ? Bloqués... Oh ! D'accord. Il faut dire que cela commence à dater... Merci pour ces précisions !"

Quelques instants plus tard il était parti, car sa mère lui avait demandé de récupérer leurs places, d'en demander une de plus, et de vérifier que la réservation du salon privé avait bien eu lieu correctement. Il crut tout d'abord que le guichetier était en train de se payer sa tête, puis il se rendit compte qu'il avait encore fait l'erreur de parler dans la mauvaise langue et il reprit tout en anglais, au grand soulagement de l'employé qui, dès lors, pouvait lui donner satisfaction.

"Ah ! Oui, monsieur Luz-Descalzo, le salon est prêt à vous recevoir. Voici vos trois places."

Pendant qu'Esteban sortait sa carte bleue pour régler la somme ridicule que lui demandait le guichetier, Olivia s'entretenait tout à la fois avec Alice, face à elle, et Gael par le téléphone. Le jeune vamp lui jeta un regard aigu, comprenant que le garde du corps ne devait plus être loin. Il avait voulu appeler Octavio pour lui demander de lui ramener une veste et d'intercepter Gael pour la lui donner, et que l'argentin se charge de tout leur apporter, mais la petite tempête qui venait d'avoir lieu l'avait détourné de ces préoccupations, et c'était maintenant trop tard. Il jura à voix basse en espagnol, d'une façon qui aurait certainement ravi Luisa, et absolument outré Olivia.

Les trois entrées en main, Esteban entama un mouvement de retour vers les autres au moment où Gael, arrivé en chair et en os depuis quelques instants, tendait à Alice le sac dans lequel devaient probablement se trouver ses vêtements de rechange. Il se contenta de jeter sur l'homme un regard nerveux et de hocher la tête pour le saluer de loin lorsque leurs regards se croisèrent. Les politesses étaient rarement plus chaleureuses entre eux, Esteban étant bien involontairement terrorisé par le garde depuis son plus jeune âge.

Depuis il avait grandi et il savait que cette peur était ridicule et mal placée, mais c'était plus fort que lui. Gael continuait de le mettre très mal à l'aise. Il avait énormément de mal à communiquer normalement avec lui.

Gael fut parti presque aussi vite qu'il était arrivé. A la façon dont elle en parlait, Olivia semblait ne pas avoir remarqué qu'Esteban en avait fini avec les formalités et qu'il avançait dans leur direction. Il ralentit un peu le pas, car il était après tout plus près du bateau, leur destination. Quand elles furent arrivées près de lui, il étira un sourire affable et leur tendit tour à tour leurs places.

"Voilà. Tout est réglé, un employé nous accueillera dès notre montée à bord afin de nous guider vers le salon où nous pourrons immédiatement nous installer, et où vous pourrez vous sécher et vous changer correctement. Ils devraient fournir serviettes et sèche-cheveux dans les minutes à venir. Cela paraît stupide de leur part, mais ils ont l'air de dire qu'ils n'avaient pas ça dans leur matériel. C'est tout de même bien imprudent. Enfin ! C'est un bateau, il y a donc de l'eau. Pouvoir se rendre sec après être accidentellement rentré en contact avec paraît être le minimum !"

Et alors qu'il critiquait bruyamment le manque de prévenance du personnel du Paddle Steamer, Esteban voulut monter sur le ponton, ultime pente avant de se retrouver à bord.

Voulut.

Il avait mal visé et son pied, plutôt que de poser sa plante contre les planches de bois, avait accidentellement tapé contre le début de la rambarde. Sa maladresse légendaire ne s'arrêtant pas là, il perdit l'équilibre, tenta tout de même de poser le pied, mais avait dévié de sa trajectoire initiale, tant et si bien que...

"... Oh non."

Esteban était un vampire. Si il avait le temps de dire "Oh non" parce qu'il se rendait compte qu'il allait tomber, il avait tout autant le temps de s'empêcher de tomber si il le voulait bien, mais il paraissait l'avoir oublié, car il ne s'empêcha de rien du tout et quelques secondes plus tard, ce fut son tour de basculer contre la surface brillante du Mississipi qui l'accueillit dans une gerbe éclatante.

C'était une plaisanterie. Une farce sinistre ! Quelle était la probabilité pour que deux personnes sur un groupe de trois prennent un bain fortuit dans l'eau d'un fleuve dans la même demi-heure ? La vérité aurait été de dire qu'elle devait être "plus élevée que la moyenne" lorsqu'Esteban faisait partie dudit groupe de personnes, mais ce ne fut pas l'explication qui naquit dans l'esprit du vampire, qui émergea de l'eau comme un grand prédateur marin et s'accrocha, paniqué, sur le bord du fameux ponton, les dents dévoilées dans un sifflement de peur animal.

"... TROP PETIT ! C'EST UN SCANDALE ! IL N'Y A PAS LA PLACE DE PASSER ! VOTRE BATEAU EST TOTALEMENT INSALUBRE, c'est une HONTE ! Quand ce n'est pas qu'il n'y a pas de rambardes, C'EST QU'ELLES SONT PLACÉES EN PLEIN MILIEU DU CHEMIN ! C'est véritablement INACCEPTABLE !"

Restait à savoir si il comptait continuer de vociférer à moitié immergé, ou si il avait l'intention, à un moment ou un autre, de rejoindre entièrement la terre ferme.
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MessageSujet: Re: Comme à Vegas, mais sur l'eau.   Comme à Vegas, mais sur l'eau. Icon_minitimeVen 16 Juin - 12:55

Si Alice pouvait avoir encore un doute sur la nature de la relation qui unissait Esteban et Olivia, elle fut rassurée de constater que tout allait de nouveau bien entre les deux. Cependant, l’équilibre semblait pour le moins fragile, aussi la jeune fille se décida-t-elle à faire particulièrement attention à l’ambiance environnante. Après tout, si elle pouvait empêcher la situation de trop dégénérer, ou au moins éviter de participer à sa dégradation, elle le ferait.

La jeune fille fut ravie de voir un sac en toile arriver pour elle. Cela dit, elle fut un peu moins ravie quand elle vit la personne qui le lui apportait : un colosse. Il avait beau s’exprimer avec un ton très poli et un sourire, Alice avait peur. Il lui rappela son oncle, qui lui n’était par contre pas du tout aimable.

Peu après, Esteban vint leur dire qu’on les attendait pour aller dans le salon.

« Merci beaucoup de vous être occupé de ça pour nous, Esteban. J’ai hâte de pouvoir me changer. Il faut dire que j’ai été maladroite, ils n’ont peut-être pas tant l’habitude que ça de voir des personnes tomber à l’eau. »

Puis, le drame arriva. Alice se fit la réflexion qu’apparemment, être un vampire n’empêchait pas de tomber à l’eau. Ils étaient plus proches qu’elle ne l’aurait d’abord pensé, même si la chute d’Esteban ne paraissait pas avoir été causée par un manque d’attention. Il n’avait pas du tout eu la même réaction que la jeune fille ; elle s’était dépêchée de remonter sur le quai et avait pleuré à chaudes larmes, honteuse d’elle-même. Lui, par contre, semblait vraiment en colère contre le personnel du bateau ; non, plutôt contre le monde entier. Alice resta un instant pétrifiée car elle trouvait tout à fait incongru que deux fois dans la même soirée arrive la même chose.

Elle se précipita ensuite auprès d’Esteban et lui tendit la main, dans l’espoir de l’aider à grimper, si Olivia ne l’avait pas déjà fait avant elle.

« Ohlala, je suis vraiment désolée, Esteban… Vous avez raison de vous défendre, je suis admirative étant donné que je serais bien incapable de le faire dans la même situation. J’espère qu’on prendra en compte vos réclamations. Mais ne vous inquiétez pas, je suis sûre qu'on trouvera le temps de vous apporter une tenue, à vous aussi. Je vous attendrai pour que nous puissions nous réchauffer ensembl… Euh, je n’ai pas voulu dire ça dans un sens euh… Vous voyez ce que je veux dire, je pense !! »
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MessageSujet: Re: Comme à Vegas, mais sur l'eau.   Comme à Vegas, mais sur l'eau. Icon_minitimeDim 18 Juin - 8:26

La présence de Gael avait eu sur Alice l'effet qu'elle avait sur la plupart des gens (et qui, en soi, était celui voulu) : elle n'avait pas l'air rassurée par son arrivée, malgré la gentillesse qu'il adressait à son égard, comme à celui de toute autre personne qui n'allait pas à l'encontre de l'intégrité physique ou morale de son employeure.

Le garde du corps n'eut pas la moindre réaction qui pouvait prouver qu'il avait noté cette réaction. A vrai dire, il en avait tellement l'habitude qu'il avait plutôt tendance à remarquer le comportement inverse. Dans tous les cas, il n'était pas sensé rester : le Paddle Steamer avait son propre service de sécurité, et Olivia avait estimé qu'il serait suffisant dans ce type d'espace clos. Par conséquent, il avait gagné sa soirée.

Une fois qu'il eut tendu à la jeune femme le sac de toile contenant la robe qu'il avait empruntée à Luisa, il se tourna vers sa patronne, qui lui adressa un sourire chaleureux avant de lui signifier d'un très léger signe de la tête qu'il pouvait prendre congé. Il lui répondit de la même manière et entreprit de s'éloigner tandis que les deux femmes allongeaient le pas pour rejoindre Esteban.

Olivia prit la place que son fils lui tendait avec un sourire de remerciement et l'écouta sans l'interrompre, hochant la tête de temps à autre pour montrer son accord face à ses propos. Alice répondit et l'héritière ne montra pas la moindre intention de s'immiscer dans la conversation, bien que l'on voyait à la moue qui ornait son visage au port aristocratique qu'elle n'était pas tout à fait d'accord avec les propos de la jeune française. Qu'ils aient l'habitude ou non, qu'il eusse s'agi de maladresse ou d'autre chose, si une telle issue était possible, c'était qu'il y avait un problème dans l'infrastructure, un point c'est tout. Ils étaient enfin sur le point d'entrer dans le bateau et de mettre fin à la série de catastrophes qui avait initié cette soirée.

...Ou pas.

C'aurait apparemment été bien trop demandé. Tandis qu'ils avançaient, Olivia entendit son fils dire deux mots qui n'auguraient rien de bon. Elle tourna vers elle un regard étonné.


"Esteban ?"

Elle voulait bien évidemment lui demander ce qu'il se passait, mais à peine eut-elle terminé de se tourner vers lui qu'elle le vit disparaître brutalement de son champ de vision, contre un nouveau "plouf" qui paraissait maintenant bien trop familier.

"Esteban !!"

Cette fois, sa voix laissa transparaître une inquiétude qui avait de quoi attirer les oreilles des passants les plus proches. Notamment de Gael, qui ne s'était pas encore assez éloigné et revint au pas de course en entendant le ton d'Olivia. Non pas qu'il s'agissait de quelque chose d'inhabituel, la mexicaine ayant énormément tendance à s'inquiéter pour rien lorsque cela concernait son fils, mais au vu de la situation actuelle... Disons qu'il préférait s'assurer que tout allait bien.

Le garde du corps revint à leur hauteur juste à temps pour voir le vampire émerger hors de l'eau à la manière d'un requin... en version affolée, les cheveux dégoulinants le long de son visage trempé comme une soupe et vociférant comme un beau diable.

Ce fut plus fort que lui. En temps normal, l'argentin était capable de rester stoïque dans toutes sortes de situations. Il possédait un sang-froid exemplaire qui était bien utile lorsqu'il devait gérer la propension à l'affolement d'Olivia, qu'elle avait transmise à son fils. Mais cette fois, peut-être parce qu'il savait que la situation était loin d'être dramatique (ou alors dans le sens grotesque du terme), il ne put s'empêcher d'éclater de rire.

Gael avait un rire à l'image de son physique : puissant et entier, facilement perturbant, mais témoin de sa réelle douceur de caractère. Olivia lui jeta un regard en coin, la bouche à demi-ouverte comme si elle n'en revenait pas que son employé se mette à rire ainsi de son enfant. Cependant, une partie de son esprit se calma aussitôt : Si Gael se permettait d'en rire, c'est que ce n'était pas si grave que cela. Bien que ce ne soit pas une raison.


"Esteban !"

Une nouvelle fois, la même exclamation sur un ton différent. On sentait la multimilliardaire outrée, mais bien qu'elle dise le prénom de son fils, ce sentiment ne lui était pas destiné, mais se dirigeait plutôt vers l'employé qui était toujours à l'entrée du bateau, et qui semblait hésiter entre se mettre à rire à son tour et pleurer face aux remontrances dont il était victime : vexer des Luz-Descalzo, même de façon involontaire, pouvait coûter beaucoup.

Alice s'était précipitée pour aider Esteban, Olivia décida donc de se concentrer sur le pauvre employé, sur lequel elle darda un regard noir.


"Vous n'allez pas pouvoir nous dire qu'il s'agit d'une coïncidence alors que deux personnes en moins d'une heure viennent de finir dans le fleuve ! Imaginez que l'un d'entre eux tombe gravement malade suite au froid ou à la pollution du fleuve ?! Et ne parlons même pas de ces animaux carnivores qui peuplent le Bayou et peuvent parfois pousser jusqu'à la ville ! Voudriez-vous être responsables de telles tragédies ? J'ose espérer que non, et j'ose espérer que vous allez faire le nécessaire pour que cette information remonte auprès de vos supérieurs et que la situation soit réglée au plus vite, car elle est absolument intolérable !"

Le pauvre ne put qu'acquiescer et subir en silence face à la tornade qu'était devenue la mexicaine, qui continuait de l'invectiver amèrement tandis que, de son côté, Gael avait composé un numéro sur son téléphone, tout en restant du côté des deux plus jeunes afin de leur prêter main forte au besoin. Le déclic du combiné décroché à l'autre bout du fil se fit entendre.

"Oui, juste pour te prévenir, je vais avoir un peu de retard. ... Esteban est tombé dans le Mississippi."

Le bruit sec d'une main tapant contre une surface plane (probablement un front) se fit entendre au travers du combiné, amenant l'argentin à esquisser un léger sourire.

"C'est un atout, de toujours surprendre. Je te préviens quand je suis en route."

Le garde du corps raccrocha et tourna à nouveau son entière attention sur le vampire, qui devait être sorti de l'eau depuis le temps.

"Une préférence pour le costume que tu souhaites que j'aille chercher, Esteban ?"

Le ton de l'homme restait vaguement amusé. Tout de même, il n'y avait bien que l'américano-mexicain pour faire un spectacle pareil.
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Esteban Luz-Descalzo
Vamps
Esteban Luz-Descalzo

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Emploi: Etudiant
Age apparent: 18 (ou moins)
Dangerosité:
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MessageSujet: Re: Comme à Vegas, mais sur l'eau.   Comme à Vegas, mais sur l'eau. Icon_minitimeMer 13 Sep - 23:02

Avant qu'Alice ne se soit approchée de lui, et à considérer qu'elle aurait osé l'arrêter dans sa diatribe avant qu'il ne se taise tout seul, Esteban aurait pu continuer très longtemps de se plaindre des mauvais traitements que ce port réservait à ses passants, et des dangers terribles que les infrastructures dédiées au Paddle Steamer faisaient courir à ses clients. Pour ce qui était d'inventer toujours plus de façons d'exprimer outrage et mécontentement, le jeune vampire était très fort et pouvait se montrer très passionné, au point qu'il aurait tout à fait pu oublier qu'il était encore en train de flotter dans les eaux noires du fleuve. C'était d'autant plus probable qu'il n'était plus capable de souffrir du froid.

Mais avant que la situation risque de s'éterniser, quelque chose d'extrêmement inattendu arriva. Ceux qui le connaissaient très bien savaient probablement qu'il en était capable en dehors du travail et seraient moins surpris de l'entendre, mais ce n'était pas le cas d'Esteban qui avait toujours eu avec le garde du corps de sa mère un rapport difficile, qui ne sortait guère du cadre des heures de travail de l'employé. Ainsi donc jamais, avant ce jour, Esteban n'avait eu l'étrange privilège d'entendre Gael RIRE. Cela contrastait tellement avec l'image qu'il avait du colosse qu'il fut aussi choqué que si sa mère lui avait annoncé qu'elle comptait se faire une crête rouge sur la tête.

Sans transition il cessa de hurler comme de gigoter. Sa bouche entrouverte peina à suivre ses yeux ronds qu'il dardait sur Gael comme si il n'avait jamais remarqué sa présence avant ce jour. Non seulement le garde était capable de RIRE, mais en plus, il riait de LUI. Voilà qui était parfaitement inconvenant. Ou plus précisément, qui l'aurait été, si cela n'avait pas déjà été si bizarre et perturbant. Leur relation était censée être compliquée. La communication entre eux, difficile voire rouillée. Se faire rire au nez de la sorte par Gael, c'était comme se faire inviter à boire un verre par un prof dont on aurait séché la moitié des cours, et dont on se serait moqué pour s'occuper durant l'autre moitié. C'était comme échanger des insultes avec un passant dans la rue, puis se rendre compte quelques heures plus tard qu'il était invité au repas de famille car il s'agissait du nouveau fiancé de sa propre mère. C'était... TERRIBLEMENT EMBARRASSANT.

Les floc floc de l'eau qui tapotait contre lui décrivaient à la perfection l'étendue de son dépit comme de son désarçonnement.

Face à n'importe qui d'autre, le jeune vampire aurait cherché à retrouver sa superbe en se plaignant de plus belle. Il aurait utilisé sa vexation comme un puissant bouclier et renvoyé ces éclats de rire à l'envoyeur comme autant de petites flèches vicieuses et précises. Mais c'était Gael, et il n'avait jamais vraiment réussi à lui parler. Son émotion n'était pas encore assez intense pour lever ce gros blocage.

Alice lui tendit la main. Sa mère prononça son nom dans un florilège d'intonations différentes, sans qu'il se sente jamais obligé de tourner vers elle son entière attention, car elle était déjà trop occupée à reprendre les remontrances là où il les avait laissées. Les sollicitations nombreuses qu'il subissait l'empêchaient d'être parfaitement disponible.

Il hésita à accepter la main de la jeune femme car il avait déjà l'impression de s'être ridiculisé : il pouvait remonter tout seul. De plus, il craignait de lui mettre de l'eau dessus. Néanmoins il n'était pas certain qu'il fût très poli de refuser une aide si franchement proposée. Il ne voulait pas vexer Alice, qui était en plus de cela encore presque aussi mouillée que lui, son propre plongeon étant encore récent. Il changea donc d'avis et attrapa sa main, dont il se servit pour se hisser sur le ponton.

"Je suis confus, il ne fallait pas vous sentir obligée... Mais... Merci. Quant au reste, ce n'est pas grand chose... Vraiment, j'ai appris très tôt à dire les choses quand elles ne me conviennent pas, vous voyez. Il suffit d'être assez déterminé, l'éloquence vient toute seule et les fautifs ne peuvent faire autrement que de regretter de l'avoir été lorsqu'on leur met si puissamment la faute sous le nez."

Pas une mention au fait que le commun des mortels avait nettement plus tendance à écouter les critiques d'un Luz-Descalzo que d'une personne dont l'influence et la richesse auraient été dans la norme. Encore aurait-il fallu qu'Esteban se rende compte que sa force de persuasion ne venait pas d'un talent inné qu'il aurait possedé.

"Quoi donc ? Je trouve que c'est une bonne idée ! Si nous nous réchauffons ensemble alors nous serons probablement plus vite... .. ."

Il sembla prendre conscience de sa bévue d'un coup. Son visage se défit et comme très souvent, si il avait été humain, il serait probablement devenu rouge comme une tomate.

"AH. OUI. NON. JE. OUI. Je vois parfaitement ! Je ne voulais pas dire ça non plus... Du coup comme vous ne vouliez pas le dire, et que je ne voulais pas le dire non plus, et bien ce n'est pas ce que nous avons dit et... ! Il faudrait probablement arrêter d'y penser. JE NE SUIS PAS EN TRAIN DE DIRE QUE J'Y PENSE. Je n'oserais pas. Ce serait indécent et très mal poli. D'ailleurs je vais immédiatement cesser d'en parler. Et d'y penser. Même si je n'y pense pas."

Comment cessait-on de parler exactement quand on sentait sa bouche si légère qu'elle s'envolait à chaque syllabe comme les ailes d'un papillon ? Il sentait ses lèvres rebondir l'une contre l'autre comme si elles avaient cherché à faire du trampoline. Son fil d'esprit s'était affiné au point où il n'était même plus certain que les phrases qu'il formait avaient encore le moindre sens. Surtout que son attention était principalement portée ailleurs : dans le coin de son oreille il entendait Gael parler à Karl au téléphone dans des termes qu'il jugeait peu élogieux. Il était aussi en mesure d'entendre les réponses de Karl et ne les trouvait pas beaucoup plus respectueuses. Ses nerfs frisaient progressivement au fur et à mesure que trop de choses gênantes arrivaient. Cette dernière provocation fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase : il se tourna vers Gael et hurla en trépignant (malgré le fait qu'il fut toujours à quatre pattes par terre, ce qui n'était pas convenable, et encore moins pratique pour réussir à trépigner de façon un tant soit peu gracieuse. A considérer qu'on puisse trépigner gracieusement).

"SILEEEEEEENCE ! CE N'EST PAS DRÔLE DU TOUT !"

La mine renfrognée, Esteban finit par se relever. Tout dans ce qu'il fit ensuite traduisait le point d'agacement auquel il pouvait en être rendu : il essora grossièrement ses vêtements, ce qui ne se faisait pas, même lorsqu'on était aussi trempé qu'un cormoran après la plongée. Il répondit à Gael en grognant entre ses dents :

"Le même en sec, ou quelque chose qui ressemble. Ça ira très bien."

Pour qu'il ne prenne pas la peine de préciser le tailleur, la coupe, la matière et la nuance de couleur exacte, il fallait vraiment qu'il soit en rogne.
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