Les fées existent j'y crois j'y crois !

La vampire était de fort méchante humeur lorsqu’elle se mit en quête d’un repas capable de la contenter. Elle avait passé la journée dans le Dédale, monde souterrain de la Nouvelle Orléans, à interroger les personnes qu’elle pensait susceptible de pouvoir la renseigner sur un certain vampire adoré de la plupart et haït d’elle et de sa fille.

Agacée par cet homme qui n’avait de cesse de se jouer d’elle, la dame blanche s’était éloignée du quartier vampirique pour s’enfoncer dans les rues plus calmes des vieux quartiers. La plupart des boutiques étaient fermées à cette heure tardive, les rideaux métalliques cachaient à la vue de Jaana les objets qui auraient pu l’intéresser, si seulement elle avait eu les moyens de se les offrir. Quelques personnes marchaient et la croisaient, la regardant de travers et ne récoltant que son regard froid et dérangé en retour, elle portait sa monstruosité sur ses trait. Ils se méfiaient d’elle à raison, la mort recouvrait sa beauté d’antan d’un voile froid, effrayant et malgré cela envoûtant. Un soupir. Jaana ne croisait que des groupes ou des couples se tenant par la main, difficile de trouver une proie sur laquelle fondre sans trop de peine. Ce quartier n’était probablement pas le meilleur des terrains de chasse, trop peu fréquenté. La faute à ces messages de prévention anti-agression qui inquiétait les humains, ceux là même à qui le nom d’Outre conviendrait le mieux, des outres pleines de sang et d’argent.

La jeune femme se mit à fredonner, sa voix claire et mélodieuse résonnant dans la petite ruelle qu’elle venait d’emprunter. Elle aperçu au bout de la venelle pavée, un homme jeune et seul, sa proie favorite. Jaana pressa le pas, un sourire charmé sur les lèvres, s’empressa de sortir de son coin d’ombre pour atteindre une rue un peu plus large, un peu plus fréquentée. Suivant toujours le garçon, un sourire un peu plus large étira ses lèvres parme à mesure qu’elle reconnaissait le lieu comme celui où elle s’était nourrit d’un métamorphe sans son accord. Les yeux à moitié clos à la manière de ceux d’un chat qui se repose au soleil, le goût du métamorphe lui revint en mémoire et ce souvenir acheva d’affamer la vampire. Elle voulait ce petit blond pour dîner.

Profitant de sa force vampirique pour louvoyer entre les passants prestement, elle finit par le rattraper et pauser délicatement sa main sur son épaule.

« Bonsoir. » dit-elle simplement, mettant dans sa voix et son regard un peu de son charme vampirique.

Le garçon avait des yeux incroyables, inhumains, et une odeur entêtante à souhait. Elle le voulait et comptait bien l’empêcher de filer, tout métamorphe ou faë qu’il soit.

J'avais vraiment fait des folies et j'en avais pâti toute la matinée. Si vous voulez un conseil, toujours avoir un morceau d'humain en stock dans le réfrigérateur. Les humains ont inventé un garde manger pour se garder eux-mêmes, autant en profiter. Mais là ça faisait un moment que je n'avais pas mangé et d'un coup utiliser ses pouvoirs à outrance. Autant le dire, ça creuse. Heureusement pour moi j'avais réussi à garder des contacts avec des services mortuaires qui m'assuraient contre une bonne somme d'argent de la viande de qualité. Comme un boucher en somme. Simplement un boucher très spécifique. J'appréciais beaucoup le foie humain du moment qu'il n'était pas totalement rongé par une cirrhose. Là au moins j'étais sur de ne pas avoir de problème avec la viande puisqu'elle était sélectionnée par les personnes qui s'occupaient du cadavre. Il me suffisait ensuite de la cuisiner et de la déguster. Certains Faës considèrent que c'est gâcher le goût de la viande mais bon, je suis loin de faire partie des puristes. Toujours est-il qu'il m'avait fallu attendre le début de l'après midi pour que ma livraison ne se fasse et en attendant j'avais faim. Pas une faim comme celle qu'on subit fréquemment, mais les faims faëriques, pour recharger les batteries magiques si j'ose appeler ça comme ça. C'était quelque chose de difficilement descriptible puisque inhumain.

Toujours est-il qu'après une matinée passée dans un état entre le sommeil et le réveil, ça m'avait fait du bien de manger chinois. J'étais plutôt rapide pour cuisiner, la faute à des années d'entrainement (juste quelques années!) J'avais bien mangé. Et la journée s'annonçait parfaite pour une balade avant le boulot! Je mis les restes au frigo et entamais une balade digestive. J'avais mis des kickers vizir et une tenue classique, jean, pull en laine et t-shirt. La base. Je venais de manger humain et j'avais de l'énergie à revendre. Parfait! A une autre époque on aurait eu des bals ou ce genre de choses. Mais de nos jours, les balades c'était bien! Le temps était encore doux pour la saison et les gens s'affairaient. J'avais mis un casque et j'écoutais de la musique flanant sans but, jetant de temps à autre un coup d'oeil à mon téléphone afin de surveiller mes actions bancaires (toujours bien surveiller ces petits trucs, ça a tendance à fluctuer rapidement.)

Enfin le soleil commença à baisser au loin et je compris qu'il était temps de me diriger vers mon job où m'attendait Précieuse et la tenue qu'elle m'avait confectionné, mon uniforme de travail si j'osais dire. Les rues commençaient à se vider rapidement et un frisson me parcourut l'échine alors que je marchais. Je ne sais pas pourquoi mais quelque chose me disait de courir et vite. Haussant les épaules je poursuivis ma route en tentant de me calmer ce qui fonctionna plutôt bien grâce à la sonate au clair de lune qui résonnait dans mes oreilles. Je continuais un moment ma route quand une main se posa tout en douceur sur mon épaule. Je retins un sursaut et me retournai vers la personne qui m'avait arrêté en faisant glisser le casque de mes oreilles à mon cou. Et en fait je sais pas pourquoi je la sentais mal.

Je veux bien ne pas vraiment être à la mode mais il devrait y avoir des limites, une jeune femme blonde se tenait devant moi, la vingtaine à tout casser et vêtue d'une robe blanche couverte de dentelle, certainement très à la mode une centaine d'année auparavant ou chez les amishs se tenait devant moi. Elle aurait pu être belle si elle n'avait pas semblé si... morte. Personne ne pouvait autant ressembler à un monstre. Nop personne. Mais qu'est-ce qu'elle me voulait ? J'aurais pu l'attaquer de suite, ne pas prendre un temps d'arrêt mais elle ne m'avait rien fait qui plus est sa main était plutôt douce quand elle l'avait mise sur mon épaule. Je glissais ma main dans ma poche de pantalon où il y avait mon couteau et ébouriffais mes cheveux de l'autre un air gêné sur le visage.

-Hum... Bonsoir à vous aussi! Je suis désolé je suis plutôt pressé, vous voulez quelque chose ?

J'avais dis cela d'un ton presque jovial comme si l'allure générale de cette personne ne me dérangeait guère. De mon casque retentissait la 5ème symphonie de Beethoven. J'aurais vraiment du disparaitre sans poser de questions quand j'en avais l'occasion...

Les apparences étaient parfois trompeuses et Jaana était bien placée pour savoir que des allures d’adolescent ne trahissaient pas toujours la jeunesse ou l’insouciance. Le garçon avait un visage d’ange, de ceux qui inspiraient les peintres, il endormait la méfiance naturelle de la jeune femme qui n’eut pas l’idée, ne serait-ce qu’un instant, qu’il pourrait refuser de la nourrir. Il avait l’air si gentil.

«Vous sentez si bon... Vous êtes un faë, n’est-ce pas ?»

La vampire étira ses lèvres, en un sourire sincère qui dissimulait malgré tout ses canines allongées. Hors de question de lui faire peur à celui là ! Elle pouvait en mettre sa main à couper, ce garçon avait quelque chose de surnaturel, quelque chose qui faisait de son sang la plus désirable des liqueurs. Elle fit un pas en avant, toujours souriante, et approcha son visage de celui du jeune homme afin de humer au plus près la fragrance attirante.

«Je rêve de vous rencontrer depuis que j’ai entendu parler de votre existence. Vous êtes magiques ! Vous êtes lumineux contrairement à ceux de mon espèce...»

Reculant prestement pour mettre à l’aise son invité, elle sautille joyeusement.

«Vous êtes une fée ? Ma fille a tellement envie d’en voir une, comme dans les contes pour enfant. Vous pourriez sortir vos ailes pour elle ? Et dîner avec moi ? »

Tant de politesse ne lui ressemblait pas, son désir de goûter à un membre de cette nouvelle espèce lui jouait des tours et la rendait plus docile probablement. Ou plus civilisée. Comme une enfant tentant d’amadouer ses parents pour avoir un peu plus de dessert.

Mais qu'est-ce que j'avais fait pour mériter ça ? L'on peut me le dire ? Non sérieusement je devais avoir une sorte d'aimant à cinglés et à vampires à moins que d'être vampire voulait automatiquement dire être cinglé ? A réfléchir. Mais là c'était sur, presque à 100% qu'elle était vampire. Et elle me faisait froid dans le dos. Sa manière de me humer délicatement presque comme un morceau de viande était répugnante. Pire. Elle me rappelait Ailin et le jeu que nous avions eu la veille. Si suffisante. Bien sur que oui j'étais Faë! Et j'en étais fier! (Même si j'aurais du m'interroger sur mes chances de m'en sortir indemne face à une vampire de toute évidence folle à lier, quoique ça aurait été superflu ce genre d'interrogation.)

Elle me posait des questions d'un air si innocent quand de toute évidence elle n'était pas plus innocente que moi. Pleine d'une naïveté presque enfantine. Elle s'avança vers moi brusquement comme pour être plus proche et je reculais d'une manière imperceptible pour prendre une position qui me laissait assez d'élan pour attaquer si besoin est, le couteau désormais ouvert dans ma poche. De mon autre main j'appuyais sur le bouton suivant de mon mp3 et le violoncelle d'Apocalyptica commença à résonner dans le casque, little drummer boy. Nul doute qu'elle pouvait entendre la musique puisque le son était au max et la voir sautiller de joie sur cette musique était... troublant ? Non décidément j'étais bel et bien dans la merde...

Je retins un reniflement dédaigneux quand elle évoqua les ailes. J'étais un lutin pas un vulgaire pixie! Je n'avais pas d'ailes bon sang, tout comme les fées! Mais jouer la carte de l'arrogance était peut-être un peu trop risqué. Je me contentais de sourire d'un air que je savais mignon, tout aussi enfantin. Et une fille... Et bien je la plaignais la pauvre, à moins d'être aussi folle que sa mère ça devait être sacrément épuisant de la supporter tous les jours. Par contre son invitation à aller diner n'était pas pour moi ! Non je devais passer mon tour, surtout avec une vampire. Même si je n'étais pas sur n'ayant pas vu ses crocs. Mais ça ne pouvait être que ça son "espèce" non ? Bon le tout était de trouver la formulation exacte pour me sortir du guêpier. Pour l'instant mis à part sourire je n'avais rien fait.

-Lumineux je ne suis guère et je n'ai pas d'ailes non plus... Et j'en suis contrarié mais je suis actuellement en retard pour mon travail donc je me vois obligé de repousser votre invitation à dîner. Il ne faudrait pas faire mauvaise impression dès le premier jour, n'est-ce pas ? Une prochaine fois peut-être au détour d'une ruelle ?

Toujours dans la suggestion, ne pas contrarier la dame malgré mon couteau prêt à servir dans ma poche. Pure malice de ma part, je n'avais pu retenir une semi courbette de ma main de libre avec mon plus beau sourire désolé tandis que l'espace d'un instant j'avais retiré l'illusion humaine autour de mes yeux, en signe de bonne volonté ? Comme si je ne pouvais qu'être charmé par sa présence et son intérêt et le lui montrais dans un geste de sympathie. Erreur ? Cela restait à voir.

Le plaisir de la rencontre ne semblait pas partagé par le jeune homme dont l'appareil étrange qu'il avait glissé de ses oreilles à son cou continuait à émettre du son. Ce bruit parasite ne le gênait-il pas ? Elle ne savait pas ce que valait l’acuité auditive des Faës mais estimait que s’il ne l’entendait pas, il saurait le lui faire comprendre. En ce qui la concernait, ces petits grésillements avaient de quoi l'agacer. Quoi qu’il en soit, le sourire de ce garçon était des plus charmant et Jaana ne doutait plus de sa réponse à ses propositions. Il allait accepter c’était certain mais dans ce cas, pourquoi se contentait-il de sourire ? Pourquoi ne lui répondait-il pas tout simplement ? Elle allait froncer les sourcils en une lamentable tentative d’intimidation quand il finit par ouvrir la bouche.

Les mots qui en sortirent déçurent un peu la vampire dont le visage prit une mine boudeuse. Le travail… toujours le travail. A croire que personne en cette ville n’était libre. Jaana n’acceptait pas de se faire éconduire de la sorte par le premier vrai faë qu’elle rencontrait enfin. Elle regardait le blondinet lui faire une petite courbette et remarqua alors que ses yeux avaient changés, ils étaient encore plus incroyables et encore plus faësque ! Elle ne pouvait pas le laisser filer comme cela, dans un élan trop rapide pour le regard humain, elle attrapa le bras du garçon alors qu’il reprenait sa route.

« Attendez ! Ne partez pas enfin… Vous êtes libre, vous aussi. Après tout… vous avez des ailes ! Venez avec moi, je vous en prie. »

Dans ces paroles et dans ce geste, elle avait employé son pouvoir de persuasion vampirique sans en avoir conscience. Sa main était douce et légère sur le bras du garçon et malgré cela, elle comptait bien le garder auprès d’elle.

« Vous savez, moi non plus je ne suis pas humaine. » dit-elle comme s’il avait encore été possible d’en douter en dévoilant ses canines. « Laissez moi vous accompagner sur le trajet, peut-être changerez-vous d’avis en cours de route ! »

Elle passa alors son bras autours de celui du blondinet comme s’ils étaient simplement des amants en promenade.

« Où deviez-vous aller déjà ? »*

Non non et encore non. Elle n'allait pas me suivre, j'étais tout à faire contre cette idée. Même si elle avait un côté séduisant il fallait l'avouer, monstrueusement séduisant. C'était répugnant. Elle me révulsait au plus haut point. Plus elle me semblait séduisante et plus elle me faisait l'effet d'une mante religieuse le côté vivant en moins. Beau, attrayant, mais dangereux et pour la plupart des gens dégoutant. Autant chez l'insecte j'appréciais les formes, la constitution, la beauté en elle-même. C'était ce que mère Nature avait confectionné en son sein et c'était magnifique. Autant ici rien n'était naturel, ce n'était qu'un monstre. Et même pas intéressant comme Ailin l'était, quoique sa folie pouvait se révéler intéressante mais je donnais déjà assez question folie rien qu'à voir certains membres de ma famille! Je n'avais pas besoin d'un truc mort en plus à mes basques.

Sa main se fit plume sur mon bras et je dus réprimer un mouvement de recul. Plus elle apparaissait comme séduisante et plus mon dégoût se faisait ressentir. Et elle m’agaçait qui plus est j'avais dis que je n'avais pas d'ailes, ce n'était pourtant pas difficile à comprendre. Je détestais me répéter surtout avec un truc pareil qui exhibait ses crocs, ma certitude sur son état de vampirique se traduisant par une moue plus dure s'imprimant sur mon visage tandis qu'elle passait son bras autour du mien. La manière douce menait à une impasse alors il était temps d'être un peu plus dur.

-Écoutez Miss, vous m'avez l'air d'être sympathique mais plusieurs choses, de 1 je n'ai pas d'ailes comme je vous l'ai dit, ensuite je ne compte pas changer d'avis, j'aimerais être seul pour aller travailler loin d'être libre j'ai mes obligations moi aussi comme tout autre citoyen.

Je m'étais stoppé pour lui dire cela en lui faisant face, la chose aidant qu'elle mesurait à peu près ma taille. J'en avais aussi profitais pour lui retirer mon bras en le faisant glisser tout doucement hors de son étreinte.

-Maintenant vous m'excusez mais je dois absolument y aller et n'ai guère de temps à vous consacrer.

Mon ton était plus rude, plus sec peut-être. Mais il fallait qu'elle comprenne. D'autant plus qu'avec cela j'allais vraiment être en retard! Et autant cette vampire de la ruelle me semblait dangereuse sur le coup autant j'étais sûr que Précieuse l'était plus sur le long terme. La main dans ma poche tenait toujours mon couteau même si je pensais à cet instant qu'il ne me serait absolument pas utile, un peu naïf sur mes chances de raisonner la vampire.

Sans trop en connaitre la raison, le faë ne semblait pas apprécier la vampire et ne se débarrassait pas de cette moue de dégoût. Il était sec dans sa manière de bouger et de lui parler, comme si la vampire lui était antipathique. Jaana ne comprenait pas trop la raison de ces réactions, après tout elle avait mis toutes les chances de son côté pour une fois. Elle était charmante et très gentille, elle essayait réellement d’agir comme l’humaine qu’elle était autrefois, une jeune femme séduisante qui n’était guidée ni par la vengeance ni par une faim morbide.

Le ton du garçon se fit plus impérieux, et Jaana dut se faire violence pour ne pas riposter avec sur le même ton. Pour qui se prenait-il pour oser lui parler sur ce ton ?! La vampire tiqua sur le mot « citoyen » et ne parvint pas à se retenir de rire.

« Citoyen ? Hahahaha… Mais vous n’êtes pas plus citoyen que moi voyons ! Nous sommes de monstres ! Surtout que vous venez d’apparaitre si on peut dire, vous pouvez être certain que les choses vont bouger. »

La demoiselle pouffa doucement en plaçant le bout de ses doigts devant ses lèvres, réellement étonnée devant tant de naïveté. Comment pouvait-il croire un seul instant que parce qu’il était « féérique » les humains allaient l’accepter simplement ? C’était très amusant… Pour Jaana, la Révélation lui avait simplement facilité la chasse, mais jamais on ne l’avait considérée comme une citoyenne.

« Ah… Vous êtes très amusant. J’aime bien votre compagnie, et ce n’est pas bien grave si vous n’avez pas d’ailes. »

Elle n’abandonnait pas encore son attitude faussement charmante et enjouée, tout n’était pas encore perdu. Il était toujours là, devant elle, et elle avait tout son temps. Enfin… toute la nuit plutôt. Jaana sentait le garçon gigoter contre son bras, ce petit vermisseau essayait de s’échapper ! Elle se mit à froncer les sourcils et ses yeux fixèrent froidement le garçon.

« Votre bras… je vous prie. Vous aurez au moins le temps du trajet à mon consacrer, c’est ainsi. »

Qu’il était agaçant à ne pas se laisser faire ! Etait-ce si compliqué de la laisser l’accompagner jusqu’à son lieu de travail ? Ce serait tellement plus simple pour elle de le retrouver après ça… Jaana s’empara une nouvelle fois du bras du faë qu’elle tint fermement.

« Ce n’est pas très gentil de ne pas répondre à ma question. » le sermonna-t-elle. « Je vous laisse une chance de vous racheter… Où travaillez-vous ? »

Son rire me fit froide dans le dos. Mais une question subsistait néanmoins, Pourquoi fallait-il que ça tombe sur moi! J'avais déjà un vampire à la maison même qu'il était propre et faisait ses besoins tout seul bien qu'un peu fou sur les bords! Alors pourquoi un second! Le premier était déjà assez prenant comme cela! Franchement des fois je me dis qu'une cabane dans les bois avec une harpe et un étranger à dîner de temps à autres ça serait excessivement bien, le summum de la béatitude faërique! Puis je me souviens de la joie de la ville et des contacts avec les humains/trucs en tout genre qui la composent! Alors dans un soupir je me dis que ça ne vaut pas la peine d'être un ermite quand il y a tant à vivre, voir, manipuler, détruire! Dans cet ordre de préférence. Et quelques mois ou années plus tard je me retrouve à nouveau dans une situation qui me fait me demander pourquoi je ne suis pas dans la forêt! Et puis tous les vampires étaient barges ! C'était décidé! Pas possible qu'ils soient vraiment sains d'esprit! Et aussi je devais arrêter de me laver, pour éviter de les attirer à des km à la ronde! Non vraiment, en 3 jours j'avais vu plus de vampires que durant des décennies! Nouvelle décision prise sur un coup de tête, trouver des métamorphes tant qu'à faire!

Mais pour le moment me sortir de cette situation un tantinet délicate. Rien qu'un tantinet, il ne fallait pas exagérer non plus, ce n'était pas dramatique au point de finir en casse-croûte, si ? Elle marquait tout de même un point, nous n'étions pas citoyens mais des monstres, du moins pour ce qui se considérait comme "la norme", de mon point vue elle était monstrueuse, mais la norme l'était aussi, une anomalie de la nature descendant d'une longue évolution. Quand à "venir d'apparaitre" c'était juste aussi... Un peu désolant mais juste. Le coming out de mon espèce aurait dû se faire plus tôt bien plus tôt, avant même que l'humanité ne soit mise en place, un contrôle sur l'espèce humaine aurait du se faire! Mais soit ça ne s'était pas fait et je suis sur que ça ne devait pas être aussi simple à réaliser! Et puis j'étais trop jeune pour remettre en question mon espèce et ses choix comme cela, j'avais d'ailleurs bien des choses à apprendre sur l'histoire de mon peuple... Un sujet pour mon parrain quand je le verrai ce qui était sur de se produire tôt ou tard.

Je secouais la tête en soupirant, ce n'était pas le moment de penser à tout cela! J'étais dans de sales draps et ce n'était pas en digressant que j'allais parvenir à m'en dépêtrer d'une manière ou d'une autre, surtout que cela restait relativement dangereux. Je fronçais les sourcils quand elle finit sa phrase. Son "c'est ainsi" laissait supposer qu'aucune réplique ne serait acceptée autant dire que je ne n'aimais pas ça le moins du monde. Jetant un coup d’œil autour de moi j'évaluais les distances entre ici et les Plaisirs coupables et m'autorisais un sourire, nous étions relativement éloigné du club, ce qui était bon signe elle ne me retrouverait pas si facilement à condition que j'arrive à m'échapper. Elle avait dû s'en rendre compte d'ailleurs, vu sa nouvelle question! Et la pression sur mon bras était loin d'être agréable.

-Premièrement je consacre mon temps à qui je veux et à ce que je veux. Malheureusement pour vous actuellement je n'en ai pas que je veuille vous consacrer.

J'étais ouvertement méprisant, de cette attitude que je prenais facilement, considérant la personne comme une chose plus que comme un être. Hautain au maximum mais toujours affable. Ça allait me mettre dans la merde mais je l'étais déjà de toute évidence. Un peu plus ou un peu moins.

-Ensuite il n'y a de raison à me racheter, mon manque de courtoisie était prémédité et je n'ai jamais eu ne serait que l'intention de vous répondre, dommage n'est-ce pas ?

Je souriais maintenant,si ce n'est que mes yeux ne souriaient pas eux.

-Maintenant si vous vouliez bien me lâcher ce serait fort sympathique!

Le casse-croûte ne semblait pas apprécier sa nouvelle maîtresse sans que cette dernière n’en comprenne la raison. Elle avait été gentille pourtant, alors pourquoi diable devenait-il si désagréable avec elle ? Comment cela il ne voulait pas lui consacrer de temps ? Quelle impolitesse ! Pour qui se prenait-il vraiment ?

Les fins sourcils de la blonde se froncèrent, elle n’était pas vraiment ravie de la tournure des événements et encore moins du comportement de son nouveau repas. S’il n’avait pas senti aussi bon et si elle ne prévoyait pas d’en faire un repas régulier, elle n’aurait pas hésité bien longtemps avant de lui faire comprendre qui était le chef.

«Comment ?! Comment osez-vous me parler sur ce ton ! Ce n’est pas ainsi que l’on s’adresse à sa maîtresse, calice.»

Il voulait jouer à qui est le plus hautain ? Soit ! Mais qu’il ne s’attende pas à remporter la victoire si facilement, Jaana faisait partie de la noblesse, les dîners mondains étaient souvent un étalage de richesses personnelles et bien que l’eau eut coulé sous les ponts depuis cette époque, la jeune femme savait encore comment réagir face à ce genre de comportement.

Elle avait conscience qu’il ne cherchait qu’à la provoquer en lui annonçant qu’il était volontairement désagréable avec elle, mais le savoir ne suffit pas pour l’empêcher de réagir.

« Vous n’êtes pas autorisé à me parler ainsi ! Et cessez de sourire bêtement je vous prie.»

Il avait des yeux étranges mais Jaana avait croisé beaucoup d’étrangetés depuis sa transformation, elle ne s’en inquiéta pas plus que cela et ricana.

« Qui a dit que je voulais me montrer sympathique ? Après tout, c’est vous qui avez commencé à m’être désagréable...»

Ce fut à son tour à présent d’étirer ses lèvres en un sourire angélique qui ne monta pas jusqu’à ses yeux. Elle en profita d’ailleurs pour resserrer son étreinte autour du bras du faë et pour le tirer dans la direction qu’il semblait prendre à l’origine.

« A présent, «si vous vouliez bien» nous guider jusqu’à votre travail «ce serait fort sympathique» .» fit-elle en se calquant sur son ton.

Je partis d'un rire bref, elle ne manquait vraiment pas d'air. Comme si je lui appartenais d'une quelconque façon que ce soit. Je pensais pourtant que ça se comprenait facilement, le fait que je n'appartenais à rien ni personne, à l'exception de ma propre race et de ses dirigeants. Mais c'était tout. Et elle ne voulait toujours pas me lâcher!

-Maitresse ? Calice ? Tu fais erreur sur la personne vampirella! Je ne suis le calice de personne et je n'ai pour Maitresse que ma Reine.

C'était donc ça être traité comme un animal ? Éberlué, oui j'étais totalement sur le cul Ma foi c'était assez divertissant même si de plus en plus dangereux à chaque seconde qui passait. En combat singulier je ne pourrais pas faire le poids pas la peine d'essayer, j'avais beau avoir beaucoup plus d'expérience en combat j'avais testé Ailin la veille et grand bien m'en prit. C'était ce souvenir qui m'empêchait de foncer tête baissé contre la chose qui se trouvait devant moi. Et puis il y avait encore moyen de la faire fuir selon moi! D'ailleurs j'avais une idée qui me trottait en tête, les vampires n'étaient pas vraiment appréciés, et moi je pouvais passer pour humain. Autant en profiter!

-Dans tes rêves blondasse, lui susurrai-je avec un sourire avant m’époumoner. A l'aide ! Au secours! Une vampire m'agresse, à l'aide!

Je savais que ma voix porterait loin et j'avais joint le geste à la parole, sortant la main de la poche où se trouvait mon couteau pour me débattre, il s'agissait là de la faire me lâcher le bras tandis qu'elle me trainait au sol. Quiconque passant par là comprendrait immédiatement qu'il y avait un problème. Le pauvre petit adolescent éploré qui se fait attaquer par un monstre dans une ruelle sombre! Presque le début d'un épisode de Buffy contre les vampires, (une vielle série que j'avais regardé par curiosité). Hum est-ce que les vampires qui agressaient les humains étaient exécutés ? Autant vérifier !

Blondasse ?! Elle avait beau ne pas maîtriser à fond la langue, elle savait tout de même reconnaitre une insulte... Depuis quand un homme était autorisé à parler ainsi d'une dame de son rang ? Pour qui se prenait-il celui là ? Jaana eut à peine le temps de réagir que le blondinet se mit à hurler à l'agression...Elle lâcha son bras et recula d'un pas.

Repérable entre mille, la Vampire savait qu'il ne servirait à rien de fuir. Elle était trop reconnaissable pour ne pas avoir d'ennui, en revanche son esprit comprit bien vite qu'elle pouvait essayer de retourner la situation.

"Ah oui ? C'est ainsi que vous réagissez ? Vous osez m'insulter alors que je vous demande juste un renseignement et vous vous étonnez ensuite que je sois choquée par l'affront ?!"

Elle aussi pouvait élever la voix, les passants avaient à présent les yeux figés sur eux et ne savaient probablement qui croire dans cette histoire. Son apparence frêle, son âge et son sexe pouvaient servir dans ce monde où les femmes avaient acquis des droits et Jaana comptait bien en profiter.

"Vous m'insultez et je devrais me laisser faire ? Votre mère ne vous a pas appris le respect des femmes ? "

La jeune femme ne connaissait pas grand chose à ces histoires de femmes, de droit et de respect. Le rang était plus important en son temps et elle n'avait pas vraiment pris la peine d'étudier les époques qu'elle avait traversé durant sa chasse séculaire. Mais elle savait que les choses avaient changé et que si elle avait voulu vivre, elle aurait très bien pu devenir ce qu'elle voulait. Elle pensait s'en sortir avec cette technique, usant de son charme et du fait que personne ne l'avait vue menacer le garçon qui pouvait très bien l'avoir agressée en premier.

"Et bien entendu, personne ne vient pour prendre ma défense sous prétexte que je suis une vampire..."

Pour une vampire elle n'était décidément pas très réactive mais au moins m'avait-elle lâché. Dommage pour elle j'avais certainement plus d'un tour dans mon sac et la pression qu'elle avait exercée sur mon bras avait certainement laissé une marque. Jetant un coup d’œil à la foule qui commençait à nous entourer je jugeais pertinent de démarrer le spectacle. C'était mon boulot, me donner en spectacle, alors autant le faire bien. Rends Précieuse fière de toi Peter. Mettant la main dans la poche j'en profitais pour me couper grâce à mon couteau. Il s'agissait de tout bien exécuter. Je laissais une grimace de douleur déformer mon visage tout en remontant ma manche ou s'étendait une marque rouge de main qui j'en aurais mis ma main au feu correspondait parfaitement à la main de la blondasse. Dommage pour elle. Une larme coula sur ma joue tandis que la foule s'approchait un peu plus.

-Tout ça à cause de mon sang! Elle m'a presque cassé le bras!

Presque, je ne l'aurais pas laissé le briser sans me débattre et elle l'aurait très cher payé. En attendant les trémolos dans ma voix, le sang qui s'écoulait de mon doigt et la marque sur mon bras jouaient en ma faveur, et les murmures outragés de la foule étaient là pour bien le montrer. Avisant un homme baraqué qui passait par là je me cachais derrière lui le visage toujours marqué par une expression que je voulais de peur. La pointant du doigt de derrière l'homme je m'exclamais.

-C'est un monstre!

Et bien sur les regards se tournèrent vers la blondasse au centre de notre petite foule. Dommage pour elle mais c'était là ce que j'attendais. Sans plus attendre je la regardais avec un sourire malsain de triomphe avant de disparaitre et de me téléporter plus loin hors de la foule. Sucant mon doigt blessé pour éviter de laisser des gouttes de sang partout je m’enfonçais dans les méandres de la vieille ville résistant à l'envie de me retourner pour voir ce qu'il advenait de blondie malgré les cris indignés de la foule que j'entendais, je travaillais moi et j'avais déjà perdu trop de temps avec cette affaire!

N'empêche fichue vampire. J'avais faim maintenant.

[Pour ma part ce rp est terminé. Une agression aura bien lieu via une vampirette random qui passera par là et une Bess qui me sauvera. Ensuite je pense qu'il est fort probable qu'une suite soit envisageable suite à ce que Peter via de lui jouer comme mauvais tour, elle aura peut-être voire surement envie de se venger. Et ça serait fun. P.S: Tu voulais pas qu'elle soit lynchée par la foule alors j'ai rien décrit. Je te laisse te dépatouiller avec la foule.]